La volonté de Centrale Nantes : former des ingénieurs de haut niveau scientifique, leaders, entrepreneurs et innovateurs, capables d’accompagner les mutations de l’environnement mondial… Pour y parvenir, l’école dispense une formation qui repose sur un socle scientifique fort et trois axes de premier plan : le développement durable, l’international et les entreprises. Rencontre avec Arnaud Poitou, directeur de l’école.
Vous êtes, depuis septembre, le nouveau directeur de Centrale Nantes. Quel message avez-vous adressé aux étudiants et à l’équipe pédagogique ?
J’ai défini les missions de l’école en termes de formation, autour de quatre axes majeurs. L’international, tout d’abord. Je souhaite que d’ici cinq ans, 2/3 des étudiants préparent un double diplôme avec l’un de nos établissements étrangers partenaires (contre un tiers, actuellement). Le management, ensuite. C’est une thématique autour de laquelle nous allons développer nos enseignements. Le rapprochement avec l’école de management Audencia témoigne d’ailleurs de cette volonté. Enfin, la recherche et l’innovation. Centrale Nantes doit continuer de s’appuyer sur des partenariats industriels forts et sur des plateformes technologiques de premier plan mais nous devons aussi être capables de transformer nos projets de recherche en produits ou services innovants. Conforter notre position en recherche et développer les innovations est l’un des challenges des années à venir.
Face au phénomène de rapprochement et de concentration qui touche les grandes écoles, quelle est la stratégie de l’école ?
L’école a choisi très tôt de partager son nom et son expérience avec le réseau des Ecoles Centrales. Réunir un certain nombre de grands établissements autour d’une marque et surtout autour de valeurs et de principes de formations communs semblait naturel. Cela a permis à l’école de prendre un avantage stratégique notamment à l’international, pour bâtir des partenariats, faciliter l’installation d’antennes ou de plateformes à l’étranger, être leader sur des programmes européens, etc.
Cet automne, Centrale Nantes s’est rapprochée de l’école de management Audencia. Avec quels objectifs ?
Compléter notre offre de formation d’une part. Les prochaines années vont être consacrées au développement d’une pédagogie innovante et de nouveaux axes de recherche à l’interface de l’ingénierie et du management. Pour décloisonner les cursus, nous proposons d’ores et déjà des doubles diplômes, ingénieur-manager mais aussi manager-ingénieur, ce qui constitue une première en France !D’autre part, ce rapprochement nous permet, une nouvelle fois, d’accroître notre visibilité à l’international grâce à la mise en commun de nos effectifs. Avec plus de 5 000 étudiants, nos deux écoles réunies affichent aujourd’hui une taille comparable à celle d’autres grands établissements étrangers.
Comment l’école veille-t-elle à ce que les formations soient adaptées aux exigences de la vie scientifique et industrielle ?
La force de Centrale Nantes réside justement dans sa capacité et sa vitesse à s’adapter. Il y a six ans, nous faisions figure de pionnier en lançant une activité sur les composites (en partenariat avec EADS). Un pari d’avenir ! Aujourd’hui l’école est en pointe et reconnue à l’international pour son expertise sur ce sujet.Plus généralement, l’entreprise a toujours été au cœur du dispositif de la pédagogie et de la professionnalisation des formations de l’école. Entrepreneurs et recruteurs sont de véritables prescripteurs, nous sommes à leur écoute. Centrale Nantes peut en outre réaliser des études, des essais ou des recherches sur des thématiques ciblées, pour les entreprises. La politique partenariale de l’école permet justement de concrétiser l’interaction école/entreprise/réseau. Sans oublier que Centrale Nantes est membre fondateur de la zone d’Atlanpole – la Technopole de Nantes. Enfin, nos étudiants passent en moyenne plus de 10 mois en entreprise, répartis tout au long de leur cursus. Pour les élèves-ingénieurs en alternance, la formation comprend même 17 mois de présence en entreprise.
A la rentrée dernière, Centrale Nantes a lancé le premier MOOC (Massive Online Open Course) francophone. De quoi s’agit-il ?
Jusque-là, l’habitude était de mettre en ligne des cours classiques. Le MOOC va plus loin, en proposant un cours en ligne spécifique, pour lequel les contenus sont scénarisés et un accompagnement pédagogique est proposé. Accessible gratuitement aux internautes du monde entier, ils peuvent s’ils le souhaitent, rejoindre la plateforme et interagir avec les enseignants et les autres participants. Le public ne constitue pas ainsi une cohorte uniforme d’étudiants, ce qui enrichit les échanges. L’enjeu, en outre, pour l’école est celui de la visibilité internationale et de l’attractivité des meilleurs étudiants. Les expériences américaines montrent que participer à un MOOC peut inciter un étudiant à demander une bourse pour venir aux Etats-Unis l’année suivante. Inversement, une université peut repérer un jeune à haut potentiel grâce à son investissement lors d’un MOOC. C’est un moyen de développer un enseignement de qualité et de renforcer notre attractivité.
Le développement durable est un thème prioritaire pour l’école. Comment cela se traduit-il ?
Agir pour le développement durable est une ligne de conduite générale pour Centrale Nantes. Cette problématique fait l’objet de modules de sensibilisation dans de nombreux enseignements (génie civil et environnement, énergétique et environnement, ville et services durables) et elle est présente en filigrane dans le contenu d’autres cours. Centrale Nantes n’en reste pas là, la recherche est également mobilisée autour de cette thématique. Le développement durable est en effet une préoccupation transversale pour la recherche partenariale. Deux grands projets d’application s’y rapportent directement. L’un autour des énergies renouvelables, avec SEMREV – Site d’Expérimentation en Mer dédié aux Energies Marines Renouvelables. En se fondant sur 25 ans d’expérience et de recherches, le L.H.E.E.A. – Laboratoire d’Hydrodynamique, Energétique et Environnement Atmosphérique de l’école, a lancé le projet en 2003. L’objectif est de tester en mer des systèmes de récupération d’énergie, développés par l’Ecole avec des partenaires industriels. L’autre projet concerne la mobilité durable, avec comme volonté de faire avancer la connaissance sur les moteurs hybrides. La formation continue n’est pas oubliée. Développé et géré depuis 2008 par Audencia Nantes, Ecole des Mines de Nantes, l’ESA d’Angers et Centrale Nantes, le CHEDD (Cycle des hautes études en développement durable) aborde également les problématiques actuelles de développement durable. Enfin, Centrale Nantes devrait profiter cette année de l’élection de Nantes comme capitale verte de l’Union européenne pour 2013, pour donner un plus large écho encore à son action.
CD