Apprentissage : innovation permanente pour une filière d’excellence à IMT Mines Albi

2008 : IMT Mines Albi ouvre sa première formation d’ingénieur en alternance. Mettre en place une filière nouvelle est toujours complexe, mais c’est aussi passionnant et porteur d’une grande liberté puisque l’on part d’une feuille presque blanche.

Blanche ou presque… Parce qu’il y a bien sûr des impératifs liés au contenu de l’enseignement. Et également les contraintes quasi mathématiques liées à l’équilibre des heures passées par l’alternant en entreprise et à l’école : en l’occurrence, il nous fallait respecter le quota de 1000 heures/an de mission professionnelle en entreprise et 600 heures en cours dispensées par l’école.

 

apprentis d’IMT Mines Albi-Carmaux

 

Considérant que nos élèves sont dispersés dans toute la France, voire même à l’étranger, et que les déplacements sont une source de déperdition d’énergie –et de moyens- nous avons écarté le cycle classique « une semaine entreprise/une semaine école » pour privilégier des périodes à l’école moins fréquentes, mais plus longues. Il n’y a ainsi que six périodes écoles en L3, quatre en M1 et deux en M2. Pour renforcer la présence en entreprise, le choix a été fait de proposer 150 heures de cours, sur les 600 obligatoires, à distance.
Une organisation matériellement pertinente, mais qui induisait d’inventer la méthodologie pour maintenir du lien école/élève, et créer une dynamique de groupe entre des élèves de la même promotion qui se rencontrent physiquement relativement peu.
Dès le départ, l’équipe de pilotage savait que le format traditionnel « cours + TD » serait insuffisant pour susciter, à distance, l’attention et l’engagement que l’on attend d’un élève-ingénieur. Les enseignants, appuyés par l’équipe pédagogique, se sont donc mis à développer des parcours hybrides, alternant formation à distance et en présentiel. Des approches qui aujourd’hui, parce qu’elles se sont avérées efficaces sur ce premier terrain d’expérimentation, diffusent dans la formation académique.

 

Interactivité et jeu de rôle

Cours interactifs, auto-évaluation, QCM en ligne, évaluation par les pairs ont été rapidement généralisés. Plus innovante est la mise en place de jeux de rôle, dans lequel l’élève est placé dans le rôle d’un bureau d’étude devant répondre à une problématique concrète. Les autres rôles sont ceux du client et des experts extérieurs, tenus par les professeurs. L’élève dispose d’une monnaie virtuelle avec laquelle il peut « acheter » des expertises. Il lui faut donc trouver l’équilibre entre ses propres recherches et l’appel à une expertise extérieure, en respectant son budget : une démarche très proche de celle vécue dans la réalité des bureaux d’études.

 

Des séquences vidéos scénarisées

L’usage de la vidéo est également en progression, avec des séquences de quelques minutes qui viennent introduire le cours ou insister sur une notion. Devant la caméra peuvent intervenir, outre le professeur, des acteurs du monde industriel ou des anciens élèves. Ces séquences sont scénarisées, filmées et montées dans un échange étroit entre le professeur et l’équipe pédagogique. Elles se révèlent particulièrement utiles pour franchir les « points durs » des sujets les plus ardus : quelques minutes de vidéo pour expliquer un point précis de la mécanique des fluides sont plus efficaces qu’un long discours écrit !

 

L’évaluation des enseignements, clé de l’évolution

La dynamique d’innovation pédagogique nécessite l’évaluation : au terme de ses huit séances, chaque cours fait l’objet d’une notation par les élèves, qui délivrent leur appréciation en six niveaux de réponse. L’intérêt est de disposer ainsi d’un système d’alerte : si le seuil de qualité n’est pas atteint, un questionnaire plus développé permet d’identifier les aspects à améliorer.

 

Une filière d’excellence

Presque dix ans après sa mise en place, la formation par apprentissage à IMT Mines Albi continue à se construire dans l’évolution permanente. En recherche d’excellence, elle diplôme des ingénieurs extrêmement performants qui n’ont rien à envier aux filières académiques. Il faut souligner qu’elle demande aussi aux équipes pédagogiques un effort particulier pour l’encadrement des élèves : à l’inverse des étudiants issus des classes préparatoire, les alternants ont des parcours très différenciés et constituent, pour chaque promotion, un collectif qui n’est ni formaté ni homogène. La dynamique de groupe passe donc nécessairement par des chemins différents.
Mais dans leur diversité, les apprentis ont un trait commun qui fait leur richesse : ils ont souvent une idée très claire de leur objectif, et disposent d’une expérience de la réalité professionnelle que leurs homologues de la filière académique auront encore à construire.