Adaptation et renouvellement,  les deux cartes maitresses de l’ingénieur

Les ingénieurs français sont reconnus à travers le monde pour leur excellence technologique et leurs compétences managériales dans la gestion de projets. Motivés, mobiles, entreprenants et aptes à se renouveler sans cesse, les jeunes diplômés se lancent aujourd’hui des défis d’envergure et sont prêts à assurer la relève de la profession. Panorama sur les grandes tendances 2012.

Des secteurs revisités
Forts de leur pluridisciplinarité et de leur adaptabilité, les ingénieurs n’hésitent pas à se réinventer. Les sociétés de service (contrôles et analyses techniques, informatique, information,…) représentent depuis quelques années le 1er bassin d’emploi pour les jeunes ingénieurs (33 % des recrutements effectués en 2010). Parallèlement à la stabilité de ces activités traditionnelles, on observe leur attrait croissant pour les bureaux d’études et sociétés de conseil, ce qui révèle un réel mouvement de l’entreprise vers l’externalisation. Si la construction, le BTP, l’industrie automobile, les transports, l’énergie, l’industrie chimique et pharmaceutique ou encore l’agroalimentaire restent des valeurs sûres, leurs enjeux changent. Par exemple, les conducteurs de travaux font désormais de l’éco-efficience une de leurs priorités et les professionnels de l’énergie conjuguent à présent pétrole et nucléaire avec énergies renouvelables. Quels que soient leurs secteurs de prédilection, les ingénieurs se dirigent principalement vers la R&D et les travaux de recherche et de conception, les activités de production et les systèmes d’information. Cela leur permet d’exercer des métiers extrêmement variés : ingénieurs d’études, de production, de R&D, en business intelligence, en génie civil, architectes systèmes et réseaux, ingénieurs électroniciens ou télécoms, chargés d’affaires, d’efficience énergétique, de sûreté nucléaire,…

Du nouveau face à la crise
Outre la mondialisation et l’esprit pionnier caractéristique des ingénieurs, cette extrême mouvance de la profession peut être imputée à une cause conjoncturelle : la crise économique. Si le sentiment d’inquiétude semble diminuer du fait de la reprise des embauches (plus 25 % en 2010) et de l’insertion plus rapide et plus stable des diplômés dans le monde du travail, force est de constater que la crise a poussé une fois encore les ingénieurs, les entreprises et les écoles à se renouveler. Selon l’enquête 2011 d’Ingénieurs et Scientifiques de France, les recruteurs privilégient aujourd’hui les moins de 30 ans et entreprennent lentement mais sûrement un processus de féminisation. Conscientes qu’un bagage 100 % académique ne suffit plus, les écoles privilégient des formations professionalisantes comme l’alternance : sur les 26 nouvelles formations alternantes ouvertes par les écoles de la Conférences des Grandes Ecoles à la rentrée 2014-2015, 20 le sont par des écoles d’ingénieurs. L’apprentissage est aussi une voie à privilégier : les ex-apprentis, 2 fois plus nombreux parmi les jeunes ingénieurs, sont mieux acceptés par le monde professionnel pour lequel ils sont mieux préparés et où ils exercent plus rapidement des responsabilités. Grande nouveauté de ces dernières années : l’engouement pour l’entrepreneuriat. En 2010, on estimait que 3 % des ingénieurs étaient non salariés et s’illustraient comme travailleurs indépendants ou dirigeants / gérants d’entreprise.

Des techniciens au cœur des enjeux de société
Si les ingénieurs sont reconnus pour leurs compétences et leur technicité, ils restent encore méconnus comme acteurs de la vie sociale. Ils s’illustrent pourtant comme des interlocuteurs de choix lorsqu’ils y sont associés. Ce sont en effet des professionnels ouverts qui ont pleine conscience des enjeux internationaux auxquels ils sont confrontés dès leurs formations : 13.1 % d’entre eux travaillent hors de France (Europe, USA, Asie) et les écoles encouragent des parcours diversifiés à l’image de l’ECE qui a mis en place des cursus en anglais en 2e année, de l’INSA Lyon qui propose de suivre les cours du 1er cycle dans une université européenne ou de Télécom ParisTech qui a diplômé plus de 41 % de jeunes étudiants étrangers en 2011. Les ingénieurs participent également à un renouvellement de  la conception de l’entreprise en France. Parmi les salariés du privé, 4/10 travaillent dans une entreprise employant des designers et 2/10 sont en lien direct avec des designers. Participant de plus en plus à l’élaboration d’identités techniques et visuelles et de marques employeur, ils sont au cœur des enjeux de la création d’une nouvelle société du travail. Ils ont en enfin de réelles préoccupations éthiques. Avec la volonté de s’exprimer dans l’espace public et de s’investir en tant que citoyens ils sont 83 % à penser que la transformation de la société passe par l’engagement. 73 % approuvent ainsi l’idée d’une plus forte représentation politique de la profession et d’une prise de position plus nette dans les négociations sociales.

Techniciens reconnus à travers le monde, les ingénieurs français s’illustrent ainsi également comme des managers plaçant l’homme au cœur de leurs valeurs. Considérant que les progrès sociaux sont étroitement liés aux progrès techniques, ils croient en leur rôle social.

 

Pour répondre à la mondialisation et à la complexification des enjeux stratégiques et technologiques, l’entreprise et les grandes écoles d’ingénieurs innovent. Quelques exemples…
Une information de pointe
Proximité extrême avec les utilisateurs, fiabilité et sécurité sont aujourd’hui les priorités des SSII. Cette mutation des besoins requiert un renouvellement des métiers et la création de nouvelles expertises comme celles des architectes de logiciels ou de systèmes et des experts en systèmes embarqués et en technologie de pointe.
L’éco-efficience
La crise environnementale révolutionne les secteurs du BTP et de l’énergie. L’éco-efficience est désormais au cœur des enjeux et fait appel à des experts du diagnostic, du suivi de la qualité et de l’évaluation de la performance énergétique. Les fonctions d’études et de R&D sont également porteuses d’emplois dans la recherche de gisements et la conception de systèmes énergétiques.
Crise financière et gestion du risque
Alors qu’ils étaient plus naturellement dévolus aux jeunes issus des ESC, les secteurs de la banque et de l’assurance font appel à la haute technicité des ingénieurs, notamment pour de nouvelles spécialités comme le trading haute fréquence ou la gestion du risque qui demandent des compétences scientifiques extrêmement pointues.
L’informatique au service de la santé
Les spécialistes des biotechnologies sont au cœur des activités de R&D des grands groupes internationaux et des start-up innovantes. On constate également une tendance à allier les compétences informatiques aux connaissances médicales, comme l’illustre la formation « TIC santé » initiée par les Mines d’Alès, l’Institut télécom et les Universités Montpellier I & II.

 

CW.