Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d'Etat aux Solidarités et à la Cohésion Sociale
Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d'Etat aux Solidarités et à la Cohésion Sociale

Semaine pour l’Emploi : Pourquoi Pôle Emploi n’est pas là ?

Spécial Handicap

 

« 15 ans d’effort, 15 ans d’espoir, 15 ans d’avancées mais aussi de déception, de recul » Emmanuel Constans, président de l’ADAPT

 

Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d'Etat aux Solidarités et à la Cohésion Sociale
Marie-Anne Montchamp, Secrétaire d'Etat aux Solidarités et à la Cohésion Sociale (Crédit photo : L'ADAPT - Jean-Jacques Bernard)

 

« Un défi collectif qui nous concerne tous »
Marie-Anne Montchamp

C’est à la Cité des Sciences et de l’Industrie, à Paris que, le 14 novembre 2011, un colloque inaugurait la 15e Semaine pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEPH). Cette année, c’est la notion d’engagement qui était mise à l’honneur, un engagement qui concerne la société entière parce que « la politique pour le handicap n’est pas une politique catégorielle, elle bénéficie à tous. Faire progresser les droits des personnes handicapées, c’est faire progresser le droit de tous », comme déclarait Anne-Sophie Grouchka-Souhaité, directrice de cabinet de Nadine Morano. L’idée de considérer la politique du handicap à sa juste valeur, et non comme une « sous-politique », est d’ailleurs souvent revenue ce matin-là, tantôt évoquée par Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’Etat aux Solidarités et à la Cohésion Sociale (« La politique des personnes handicapées n’est pas une politique de subsidiarité, c’est une politique première »), tantôt par Jean-Marie Barbier, président de l’Association des Paralysés de France (« Le handicap doit être une politique comme les autres qui appelle seulement des solutions particulières »).

 

« En dépit de tous les préjugés, le handicap n’empêche pas le plein
exercice du droit au travail »
Anne-Sophie Grouchka-Souhaité

Tout autant que l’engagement, la notion d’emploi s’est trouvée vivement débattue. Majoritairement peu qualifiées, les personnes handicapées rencontrent en effet de vraies difficultés pour accéder à l’emploi. Or, la profession occupe justement une place centrale dans notre société, principalement en raison de son caractère identitaire. La première question posée à un inconnu est toujours celle de savoir ce qu’il fait dans sa vie, soulignait ainsi à juste titre Jean-Marie Barbier. Aider les personnes handicapées à travailler, c’est donc leur permettre de conserver leur dignité et leur sentiment d’appartenir pleinement à notre société. « Le travail est un espace essentiel de vie, c’est un vecteur d’épanouissement par la participation à la vie sociale et la reconnaissance d’autrui » rappelait Anne-Sophie Grouchka-Souhaité. Impossible toutefois d’y arriver sans lutter avec acharnement contre le préjugé selon lequel les personnes handicapées ne seraient pas efficaces. Il faut « expliquer et convaincre de l’intérêt qu’il y a pour tous à embaucher des personnes handicapées pour leurs compétences » soulignait Emmanuel Constans, appuyé sur ce point par Anne-Sophie Grouchka-Souhaité : « Les entreprises qui ont employé des personnes en situation de handicap peuvent en témoigner : ce n’est pas un acte de charité. »

 

« Il y a 15 ans, pour beaucoup de personnes, les notions d’emploi
et de handicap ne cohabitaient pas »

Eric Blanchet

Le bilan de ces 15 ans est globalement positif. Eric Blanchet, directeur général de l’ADAPT, rappelle ainsi avec plaisir que « Brisons la glace » était le premier slogan de la SEPH, symbole d’une première étape qui consistait alors, pour commencer, tout simplement à parler de handicap, sans tabou. Puis il s’est agi d’inciter à travailler ensemble, d’« enlever l’idée à l’employeur qu’en embauchant des personnes handicapées il n’atteindrait pas ses objectifs ». Aujourd’hui, les chiffres sont là. La contribution des entreprises à l’AGEFIPH baisse tous les ans de 7 à 8 % ce qui signifie qu’elles embauchent plus. Le chômage des personnes handicapées n’a pas augmenté avec la crise et le nombre d’entreprises qui n’emploient aucune personne en situation de handicap a baissé de 93 % entre 2008 et 2010. Cependant, comme le rappelle Marie-Anne Montchamp, « nous devons toujours et encore mesurer à quel point la route est longue et difficile ». Si certes, les choses ont changé, le cheminement ne doit pas s’arrêter là. A l’heure actuelle, il y a 4.2 % de personnes handicapées dans la fonction publique et 2.9 % dans le secteur privé, ce qui reste bien en deçà du quota fixé à 6 %. Un quota, qui, d’ailleurs, ne doit pas être vu comme le Nirvana rappelle Jean-Marie Barbier parce qu’il ne faut pas s’en contenter et voir ce chiffre magique comme un plafond, la dernière marche de l’escalier : aujourd’hui, seules 19% des entreprises embauchent plus de 6% de personnes handicapées. Enfin se pose la question de l’élargissement de la loi des 6 %. Allard de Hees, représentant du MEDEF de l’Est parisien, suggérait ainsi que 6% des moyens de tous les acteurs de l’emploi soient ciblés sur le handicap, et non seulement celui des employeurs. « Pourquoi Pôle Emploi n’est pas à cette table ? » lançait-il, provocateur, à l’assistance.

 

Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau