En quelques décennies, l’Afrique est passée du continent meurtri par les conflits, les guerres et la famine au continent avec un avenir très prometteur si l’on en croit les nombreux rapports d’institutions internationales et de grandes banques. Cette nouvelle donne est favorisée par la combinaison de trois facteurs : une démocratisation progressive, une démographie galopante et une croissance économique soutenue. Et cela a pour conséquence une forte demande en formation. – Par Doudou Sidibé, Enseignant chercheur à Novancia Business School Paris
Une démocratisation progressive
Dans les années 90, avec la chute du mur de Berlin, le vent de la démocratisation a soufflé sur le continent africain. Ce changement brutal a d’abord provoqué des conflits intra-étatiques très violents mais a permis d’asseoir progressivement des régimes plus stables et plus respectueux des droits. Même s’il y a encore des progrès à faire, cette relative stabilité ne pouvait que rassurer les investisseurs privés et ses partenaires traditionnels partenaires américains et européens. De même, cela a permis d’attirer certains pays comme la Chine, l’Inde, le Japon etc.
Une croissance soutenue depuis plusieurs années
L’Afrique est le seul continent où la majorité des Etats ont une croissance soutenue de 6 % en moyenne depuis plusieurs décennies. Cinq pays africains ont même dépassé le taux de croissance de 7 % et figurent parmi les dix pays qui ont eu la croissance la plus rapide au monde après les années 2000 (Michailof, 2015). Il s’agit notamment de l’Angola, l’Ethiopie, le Tchad, le Mozambique et le Rwanda. Ainsi, ces pays, comme beaucoup de pays africains, ont pu faire reculer la pauvreté et favoriser l’émergence d’une classe moyenne avec un pouvoir d’achat croissant.
Une démographie galopante et un marché potentiel pour les entreprises
En 2050, la population africaine avoisinera les 2,5 mds (ONU, 2015). Ce qui fait de ce continent un marché potentiel avec deux milliards et demi de consommateurs. Quand ce moment arrivera, les flux commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde augmenteront considérablement. Les entreprises africaines connaîtront, certes, un développement exponentiel pour satisfaire cette demande mais les entreprises du monde entier chercheront à vendre en Afrique ou à s’y installer. C’est déjà le cas avec les investissements indiens dans la filière textile à Madagascar avec la création de 120 000 emplois. En Ethiopie, une zone économique spéciale (ZES) coûtant 400 millions d’euros et pouvant potentiellement créer 50 000 emplois sera construite d’ici 2020 par une entreprise chinoise de fabrication de chaussures, Huajian (Le Monde, 2015). Ces deux exemples illustrent à souhait l’attractivité de l’Afrique pour les entreprises étrangères. L’Afrique pourrait devenir une zone de prédilection pour les délocalisations si elle améliore la formation des jeunes (60 % ont moins de 30 ans).
Une forte demande en formation
Avec l’augmentation de la population et les enjeux de développement économique qui se profilent à l’horizon, l’Afrique gagnerait à anticiper pour disposer de ressources humaines bien formées pour ses propres entreprises mais aussi pour celles qui s’implanteront sur son sol. Aujourd’hui, des pays comme l’Afrique du Sud, le Maroc, le Sénégal, pour ne citer que ceux-là, s’inscrivent dans cette dynamique. La construction de nouvelles infrastructures universitaires et la prolifération des écoles de commerce privées africaines ou des filiales américaines, françaises et canadiennes témoignent de la vitalité du secteur de l’enseignement supérieur. A cela, s’ajoute l’évolution du portefeuille de formation grâce au développement fulgurant des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui sont à l’origine de nouvelles filières.
Au Sénégal, par exemple, un pays qui reçoit beaucoup d’étudiants africains, l’Etat a envisagé de construire au moins d’ici 2018 plusieurs ISEP (Institut Supérieur d’Enseignement Professionnel) et deux nouvelles universités d’une capacité de 30 000 étudiants chacune. Même si l’Afrique anticipe bien la formation de ses élites, il y aura toujours des opportunités pour des diplômés étrangers qui viendront y travailler.