Terroir ou mondialisation, sur quel terreau la créativité vinicole et gastronomique repose-t-elle aujourd’hui ? C’est la question qui a poussé Charlotte Martinez à entreprendre un tour du monde des vins dans le cadre de son projet de fin d’étude à l’ESSEC Business School. Portrait d’une globe-trotteuse gastronome.
Pianiste émérite et heureuse étudiante d’une des plus grandes business schools françaises, Charlotte a toujours eu envie de faire rimer sa carrière avec art et business. Pas facile dans un système où l’on est vite enfermé dans des cases. « Je ne trouvais pas de réceptacle à mes envies. En France, soit on est artiste et on peut travailler dans les industries créatives, soit on sort d’une école de commerce et on occupe des fonctions support assez éloignées des œuvres et des savoir-faire. » La rencontre avec la Chaire Management des savoir-faire d’exception de l’ESSEC a donc été une révélation : une formation mêlait enfin sensibilité créative et management. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’elle a rejoint les équipes de Dom Pérignon (entreprise partenaire de la chaire) avec lesquelles elle a pu explorer le process artistique d’une marque de luxe.
A la recherche des fondamentaux du vin
Forte de cette expérience, Charlotte a eu envie de partir à la recherche des fondamentaux du vin. « Alors que le vin fait partie du patrimoine français, j’ai peu à peu ressenti cet héritage comme un poids pouvant brider notre créativité. Entre notre règlementation et notre histoire, nous avons parfois tendance à rester bloqués sur des traditions dont on a oublié le sens. J’avais besoin d’une expérience qui allait m’aider à comprendre comment réinventer le luxe à la française sans dénaturer nos savoir-faire exceptionnels. »
En route pour l’aventure !
Charlotte a ainsi décidé de se lancer dans un tour du monde du vin et de la gastronomie. Son but ? « Explorer les visions qu’ont les chefs, les vignerons et les sommeliers de leurs créations pour comprendre si le terroir les influence encore ou si la mondialisation a ouvert la voie à l’uniformisation. » Au programme : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Hong Kong et l’Argentine, « des pays de terroir et de typicité forte. » en attendant de poursuivre avec le Chili et la Californie.
Des rencontres décisives
L’occasion pour Charlotte de faire des rencontres capitales. « J’ai entre autres visité le vignoble de Francis Hutt, un wine maker qui travaille en biodynamie dans le domaine de Carrick, au sud de la Nouvelle-Zélande. Son vignoble est planté dans un désert alpin que rien ne protège des influences polaires, au plus près du 45e parallèle. Un territoire quasi lunaire qui donne naissance à des vins naturels extraordinaires grâce à un travail d’écoute de la nature, de maîtrise et de patience rare. » Grâce également à un background culturel différent. « En France on a tendance à penser que la main de l’homme peut tout corriger. Là-bas, les producteurs ne veulent pas contrarier la nature mais plutôt s’y adapter car elle fait partie de l’histoire du vin. »
Et maintenant, l’aventure de l’entrepreneuriat
Un voyage et des découvertes qui ont donné envie à Charlotte d’aller plus loin. « Je travaille à une plateforme qui romprait un peu avec les codes classiques de l’achat et la consommation de vin et essayerait de briser quelques a priori. Mon but : rapprocher le vin d’autres formes d’arts et d’artisanats et casser les barrières pour remettre l’émotion au cœur de l’expérience. » Une idée qui a de l’avenir : le projet de Charlotte a été sélectionné pour rejoindre la promotion 2018 du programme entrepreneurial Le Bridge : Berkeley x Schoolab, et sera incubé dès 2019 à Paris après 5 mois de travail dans la Silicon Valley.
Pendant mon tour du monde j’ai développé… Ma soif d’apprentissage, l’humilité, une nécessaire prise de conscience : il faut se rendre vulnérable pour renouveler notre créativité
Ma personnalité en 3 mots : curieuse, tenace, émerveillée