EQUILIBRE VIE PRIVEE / VIE PROFESSIONNELLE
L’équilibre vie privée vie / professionnelle est intimement lié à l’organisation du temps de travail. Les attentes des nouvelles générations, avec en filigrane l’enjeu de leur fidélisation, ont incité les entreprises à revoir leurs organisations. Aujourd’hui, ces attentes concernent toutes les générations et mettent en relief la question de la conciliation mais aussi du bien-être et de la performance au travail.
Le sujet est d’autant plus sensible dans notre pays où la culture des longues heures de travail chez les cadres prédomine, entravant l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. L’abandon de la référence horaire et du lieu de travail est une petite révolution qui devrait apporter la flexibilité nécessaire. Dans sa note sur « Les nouvelles organisations du travail conciliant égalité hommes-femmes et performances des entreprises » publiée en novembre 2011, le Centre d’analyse stratégique cite deux groupes proposant des temps flexibles. « Deloitte offre, sous certaines conditions, la possibilité de réaliser son travail à temps plein sous forme de semaine compressée. Cela concerne 10 % des employés. Chez Accenture en France, les employés peuvent travailler 1 à 3 jours chez eux avec l’accord de leurs managers. »
Les pratiques de flexibilité spatiotemporelles du travail et d’individualisation des horaires restent peu développées. En octobre 2009, les pouvoirs publics ont adopté un plan d’urgence pour la prévention du stress au travail afin d’obliger les entreprises de plus de 1 000 salariés « à engager des discussions sur la prévention du stress au vie professionnelle et vie privée en favorisant une plus grande flexibilité au travail. » Des mesures ont ainsi été prises chez Alstom, France Telecom ou Areva qui ont signé des accords interdisant les réunions au-delà de 18 h, ou ouvrant la possibilité pour certains salariés d’aménager leurs horaires de travail. En signant la Charte de la parentalité, en ouvrant des crèches inter-entreprises ou en proposant des services de conciergerie, de plus en plus d’entreprises mettent en avant leur politique « family friendly ». Car l’équilibre du salarié est bien lié à sa satisfaction au travail et donc à sa performance.
L’enjeu de la conciliation renvoie également à l’égalité hommes-femmes dans l’entreprise comme à la maison, comme l’a souligné le Centre d’analyse stratégique : « On ne peut traiter de l’égalité réelle au travail sans intégrer la répartition sexuée des rôles dans la vie privée. Cette répartition influence directement les temps que les hommes et les femmes peuvent allouer à chacune des sphères professionnelles et privées. » Faut-il rappeler que le temps partiel est majoritairement pratiqué par les femmes, sur lesquelles le temps parental repose aux deux-tiers ? Or, « les outils proposés – pour permettre la conciliation des temps de vie – se résument souvent au temps partiel, qui pèse ,sur les trajectoires professionnelles de leurs bénéficiaires et perpétue l’inégale répartition des tâches entre hommes et femmes. Il convient au contraire d’élargir aux hommes les pratiques de conciliation. » L’Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises insiste également sur le fait que « ce sont les hommes qui subissent le plus cette discrimination sur la conciliation entre travail et vie familiale. Toutes les propositions convergent pour une parentalité partagée. »
www.orse.org
www.strategie.gouv.fr
A. D-F
Deux enseignants-chercheurs de l’IAE de Lyon, Thierry Rochefort et Caroline Coulombe, viennent de réaliser une enquête RH sur le thème « Qualité et équilibres de vie travail / sphère privée ». Elle a été menée en octobre et novembre 2011 par questionnaire auprès de plus de 300 salariés, managers, cadres experts et dirigeants.
Elle a permis de mettre en évidence plusieurs éléments :
• un écart paradoxal entre la perception de la charge de travail et le temps pour réaliser ce même travail,
• un sentiment majoritaire de non-contrôle de sa vie,
• une insatisfaction vis-à-vis des moyens mis à disposition dans les politiques RH mais en parallèle des relations managériales facilitatrices,
• la santé au travail comme facteur favorisant l’équilibre travail – vie personnelle,
• la demande de règles régulant les frontières au travail et des attentes affirmées en matière d’un renforcement du travail à distance.
Les auteurs concluent en ouvrant le débat par cette question : Qualité et équilibres de vie travail / sphère privée : Un décalage entre les politiques d’entreprises et les attentes des salariés ?
http://iae.univ-lyon3