Clément Maynadier, diplômé en 2012 de Mines Albi a mené ses études en tant que sportif de haut niveau. Le talonneur de Bordeaux Bègles n’imagine pas une vie épanouie sans équilibre entre son engagement sportif, en tant qu’ingénieur et sa vie de famille. – Par Ariane Despierres-Féry
Lorsqu’il commence à jouer au rugby « avec des copains » à 14 ans, Clément Maynadier n’a pas l’intention de devenir professionnel. Il intègrera néanmoins un centre de formation, « où on nous impose de concilier sport et études ». A 19 ans il est recruté en équipe première.
« J’ai toujours voulu être ingénieur »
« J’ai toujours voulu être ingénieur », raconte Clément qui débute par une licence de physique-chimie/ingénierie à l’Institut National Universitaire Champollion d’Albi. Puis, « pour gagner du temps dans mon double cursus, je décide de rester à Albi où mon club joue. » Il intègre le cursus ingénieurs de Mines Albi en AST, « poussé par des profs de ma licence également enseignants à l’école. » Il réalise son cursus en 4 ans au lieu de 3. « Les horaires de cours ne correspondaient pas à mes entraînements en 1eA. Je les calais donc où je pouvais ! En 2eA, j’ai beaucoup fonctionné via des photocopies que je travaillais seul. Sans l’aide de 3 camarades et de mes professeurs, cela n’aurait pas été possible. Je leurs en suis très reconnaissant. » A 21 ans, Clément se voit proposer un contrat professionnel à Albi alors qu’il est encore élève-ingénieur. Il doit répondre présent dès que son équipe joue et optimise chaque minute de son temps. « J’étais totalement dédié à l’activité que je pratiquais au moment où je la pratiquais sans me laisser distraire ou prendre de pause. Lorsque l’on mène une vie si intense, il faut être extrêmement organisé, concentré et efficace si l‘on souhaite réussir. »
Un engagement de tous les instants depuis l’adolescence
Depuis son adolescence le joueur mène une double vie et n’imagine pas fonctionner autrement. « Lorsque vous entrez en centre de formation, des gens vous demandent comment vous faites pour réussir dans les deux domaines. En réalité nous sommes formatés depuis l’enfance, c’est naturel pour nous. » A ses capacités hors normes se couple un fort esprit de compétition « uniquement dans le sport, jamais à l’école ! ». En revanche, l’ambition est indispensable pour réussir dans ses deux vies.
2013, une belle année
En juin 2013 Bordeaux Bègles le recrute en tant que talonneur, « un poste à responsabilité très exigeant. » En septembre, il décroche son diplôme d’ingénieur. « En arrivant à Bordeaux, j’ai eu un an de stand-by côté travail. J’intégrais un nouveau club, je commençais une nouvelle vie et je suis aussi devenu papa ! »
Besoin d’un équilibre cérébral et physique
Au bout de 7 mois, Clément tourne en rond. Ses journées au club sont condensées sur la matinée. « Je n‘ai pas l’habitude de ne rien faire. Et je sentais que mon ennui impactait mon niveau de jeu. J’ai besoin d’une échappatoire au rugby. » Il intègre donc Safran Aircraft Engines (ex Snecma) au support technique du moteur du Rafale M88. « C’est une mission qui demande de la réactivité, cela me plait. Je ne travaille qu’à 20 %. La nécessité d’être à fond correspond à ma manière de fonctionner. »
Le travail permet à Clément de se libérer l’esprit. Mais il dit aussi avoir besoin « d’une activité réfléchie. Même si en rugby aussi derrière l’aspect brutal, il y a un plan de jeu, un système d’annonces qui permet de savoir où l‘on va et d’être au bon endroit. » L’ingénieur a aussi besoin de travailler, car il ne « s’agit pas de laisser mon diplôme dans un cartable pour le ressortir après ma carrière sportive. Je dois me fonder une expérience qui me sera utile pour engager ma deuxième partie de carrière. »
Un équilibre global nécessaire à l’épanouissement
A 27 ans, ce papa de deux enfants se dit épanoui dans sa triple vie : sportive, professionnelle et familiale. « Mon épouse est mon pilier, elle est très sensée et me canalise. Si j’en suis là c’est grâce à elle ! Il est essentiel pour moi d’être serein à la maison pour être performant au plan sportif. »