NEWSLETTER SÉNÉGAL : AU PAYS DE LA TERANGA

LE SÉNÉGAL, AUX PREMIÈRES LOGES DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Depuis le début des années 1970, le Sénégal connait de multiples épisodes de sécheresses dont l’une des plus marquantes reste celle de 1973. Première victime des conséquences du réchauffement climatique, le pays doit faire face depuis une quarantaine d’année à  des bouleversements amenant à des adaptations dans le domaine agricole. Disette fourragère pour le bétail, manque d’eau pour les cultures du fait d’une période d’hivernage (saison des pluies) plus restreinte, l’ingéniosité s’avère dès lors plus que necessaire.

Irrigasc, une société fondée par un ingénieur agronome francais dans les années 1980, a créée une gaine en plastique qui, enterrée, permet aux racines pivotantes des jeunes manguiers ou anacardiers (arbre de la noix de cajou) de se developper et atteindre avec succès les nappes phréatiques. Divisant substantiellement les apports en eau mais aussi en engrais cette solution efficiente et abordable (moins d’un 1€ par gaine) permet d’atteindre un taux de réussite d’implantation de 90% dans des zones saheliennes! Une autre initiative, portée par la ferme agro-écologique de Kaydara, a choisi d’associer des cocotiers (restaurant la structure et la richesse des sols) avec des plantes aromatiques ou maraichères qui profitent de l’ombrage des arbres mais aussi de l’eau apportée pour les arroser.

QUE MANGE-T-ON AUJOURD’HUI AU SÉNÉGAL?

Que mange-t-on aujourd’hui au Sénégal? Comme dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, le plat le plus consommé en agglomération est le poulet Yassa, une préparation à base d’oignons confis, servi avec du riz, ou bien le Tieboudienne (recette ici). Mais d’où viennent ces produits? En regardant de plus près les chiffres, on se sent rend compte qu’ils sont souvent importés.

Deux choix s’offrent au gouvernement pour produire de façon locale et atteindre sa souveraineté alimentaire:
1°/ Encourager de nouvelles pratiques agricoles qui permettent de produire efficacement riz, oignon et légumes. Nous avons ainsi pu voir l’émergence de maraichage dans les environs de Dakar, encouragée par la floraison d’initiatives de vente direct. D’une part, on assiste à  l’organisation de marché urbain comme le marché de Lou Bess  ou le marché ASD (Agriculture Saine et Durable)  d’ENDA PRONAT, d’autre part à  la mise en place d’achat en ligne comme NDougiTongTong  ou Sooretul.

2°/ Encourager les populations à manger des produits plus locaux (mil, sorgho, arachides pour ne citer qu’eux). Prenons l’exemple de la baguette de pain dégustée avec des oeufs durs au petit déjeuner ou en en-cas. Ce produit couramment consommé et disponible dans tous les villages du Sénégal est préparé avec de la farine de blé… Mais vous allez dire qu’on ne produit pas de blé en Afrique de l’Ouest ? Et bien oui, ce plat aussi est entièrement issu de l’importation… Alors quand l’Institut Technologique d’Agroalimentaire (ITA) cherche à incorporer 15% de mil ou de sorgho dans ces farines de blé sans en changer les qualités organoléptiques, n’est ce pas une très bonne nouvelle pour l’encouragement des filières locales?

UNE CULTURE RICHE ET UN ART DE VIVRE SÉNÉGALAIS

Cette culture sénégalaise, elle se traduit aussi par les arts. Si le premier président sénégalais était membre de l’académie française, cela n’est que la face émergée de l’iceberg. Entre la musique traditionnelle et ses percussions – jouées par des communautés d’artistes itinérantes héritières des griots -, les perles d’artisanat à dénicher entre les goodies pour touristes, les tissus de toutes les couleurs dans les  marchés, on sent une culture fière et forte, qui célèbre les arts sous toutes ses formes.

Il suffit de traverser quelques petits filous à la sortie de l’aéroport Léopold Sédar Senghor pour découvrir la téranga sénégalaise, ou une tradition de l’accueil portée en art de vivre.

Parmi tant de belles histoires que nous avons vécu, en voici une particulièrement touchante: La veille de la Korité, la fin du Ramadan dans la tradition sénégalaire, Fatou, rencontrée à la coopération italienne où elle travaille, avait remarqué que nous n’avions rien prévu.  C’est tout naturellement, avec une simplicité touchante,  qu’elle nous invite à nous joindre à sa famille pour partager ce repas de fête à l’ombre d’un manguier. Accueillis dans cette petite famille de 107 personnes de 1 à 77 ans, ce fût un moment délicieux où nous avons mangé comme des rois assis en rond autour du plat commun, tout en échangeant toute l’après midi sur nos cultures.

Anecdote amusante lorsque que c’est la première fois que l’on est invité: c’est un honneur fait à l’invité de le servir à part de la famille, dans un lieu différent, en compagnie de celui qui l’a invité.

Le Sénégal c’est aussi un art de vivre, une décontraction bien dosée, qui, sous le soleil et les belles ruelles de Dakar, nous rappelle à tous les instants que la vie est belle. Il faut avouer que la présence de vrai pain a pour nous beaucoup joué, mais aussi les spécialités culinaires comme le Thiboudiène, le Yassa, le Mafé mais aussi le Cébon ! Nous repartons maintenant au pays de Gandhi, cette fois dans la “Silicon Valley” indienne, Bengaluru mais aussi à Chennai afin de retrouver nos amis rencontrés en janvier.

Par l’équipe de Jugaaddict