Franck Bournois, directeur de ESCP Europe, a présenté les résultats issus de son livre coécrit avec Yasmina Jaïdi et Ezra Suleiman : « La prouesse française : le management du CAC40 vu d’ailleurs ». Dans cette étude, 2 485 managers étrangers de 20 entreprises du CAC40, partagent leur regard sur le management à la française.
Un lieu de travail accueillant et humain
Lors de l’analyse de l’étude, les auteurs ont observé des résultats auxquels ils ne s’attendaient pas. « La plupart des ouvrages sur le sujet évoquent un management rigide. Or, la réalité est plus complexe ; les managers étrangers nous ont parlé de lieux de travail très accueillants, très humains. Nombre d’entre eux soulignent également un travail qualitatif et la possibilité de s’exprimer. Cette flexibilité n’était pas associée aux Français auparavant », déclare Ezra Suleiman.
« Les grands groupes français ont su s’adapter à la mondialisation et transformer leurs pratiques managériales »
Les points positifs du management à la française
Pour Yasmina Jaïdi, cette étude permet de faire émerger quatre points positifs :
* Une vraie culture de la performance. « 80 % des managers interrogés déclarent être distingués pour la performance qu’ils apportent à l’entreprise. »
* Une dimension humaine très présente. « Les sondés affirment être valorisés et ne pas se sentir un simple rouage de l’entreprise. »
* Un esprit d’innovation et entrepreneurial dans les grands groupes.
* Une alliance de rigueur et de flexibilité. « Même s’il perdure de nombreuses de règles, les managers constatent qu’ils ont un contact direct avec leurs supérieurs et peuvent les challenger. 36 % des participants à l’étude déclarent : + ma parole importe, je ne suis pas un simple exécutant +. »
Treize mois pour s’adapter
Le livre a mesuré le nombre de mois nécessaires à l’adaptation au contexte français. Franck Bournois explique : « en moyenne, il faut treize mois. Il y a quelques variations en fonction des cultures. Pour les Asiatiques et les Indiens, dont la culture intègre l’informel, il faut 6 mois. En revanche, pour les Allemands, il faut 18 à 19 mois. »
Un livre qui fait bouger les choses
Sylvie Dangelser travaille chez L’Oréal, une entreprise qu’elle décrit comme ayant une forte culture, parfois difficile à intégrer. Pour elle, il y a un grand intérêt à participer à cette étude. « Nous voulions savoir ce qu’il fallait conforter de notre culture, faire évoluer ou introduire de nouveau. Une démarche complexe d’un point de vue interne. Ce livre nous a aidés à mettre des sujets sur la table et notre plan de transformation prend en compte des résultats de l’étude, en particulier ceux sur l’intégration. Chez L’Oréal, il faut 9 mois pour s’intégrer. C’est plus court que la moyenne, mais c’est aussi décrit comme étant plus difficile. Cela nous a amenés à revoir nos plans d’intégration. »
Pourquoi sonder des managers étrangers ?
« Notre approche académique et objective visait à découvrir ce que pensent des internationaux qui travaillent dans des entreprises françaises du CAC40. Ils sont les plus à même à répondre à ces questions, car ils observent notre système avec plus de recul et comparent avec leur propre pays », précise Ezra Suleimann.
L’humain au centre du management ?
Pour Franck Bournois, l’étude fait ressortir une humanité : « la place de l’individu prévaut sur la structure et les process ». Il note cependant quelques points clés qui permettent de mieux s’intégrer en entreprise : « Les biculturels et les binationaux forment une population fabuleuse. Ils ont ce mélange culturel très tôt dans leur vie. L’apprentissage du français et de l’anglais est aussi déterminant. Il faut maîtriser ces deux langues pour gravir les échelons ».
Sylvie Dangelser complète : « les parcours à l’international fluidifient les rapports. Lorsque l’on veut être un groupe mondial et performant, il faut mettre en avant la mobilité et soutenir la transition. »