Christophe Connille
Christophe Connille

Les jeunes financières et le monde de la Finance: le CJF mobilise sur le front du combat pour la mixité !

Le Club des Jeunes Financiers connaît un développement très important depuis maintenant quelques mois grâce à une hausse du nombre de ses activités mais aussi du fait de quelques nouvelles initiatives, en particulier celle de la dynamique des jeunes financières.

 

 

Christophe Connille
Christophe Connille, président du CJF

Le club est une émanation du Centre des Professions financières dont il porte la vocation de promouvoir et revaloriser les métiers de la Finance mais avec une approche particulièrement pragmatique : celle d’organiser pour les étudiants et jeunes professionnels des rencontres et des discussions pour faire découvrir la diversité des métiers, les orienter, et leur permettre très tôt de se constituer leur propre réseau.C’est une démarche bénévole, ouverte à toutes les formations et disciplines de la Finance et de ce fait transverse aux autres initiatives du monde financier. C’est aussi une démarche indépendante, ce qui apporte un confort indéniable dans les thèmes traités et la manière de les évoquer. Nous organisons beaucoup d’événements – une soixantaine par an – qui sont autant d’occasions de se faire connaître pour chaque membre.

 

La dynamique des jeunes financières

L’initiative de la dynamique des jeunes financières est née de nos discussions avec nos membres et du constat que les femmes étaient sous-représentées dans le club. Pire encore, représentant 20 % des membres, elles ne représentaient que plus ou moins 10 % des participants aux événements sauf pour une action spécifique : les atelier-
métiers (présentation de métiers). C’est un événement où elles sont assez souvent à parité mais c’est aussi l’un des événements où le « networking », le travail pour se constituer un réseau, est le moins propice. Ce fut le point de départ de nos réflexions. Nous avons donc décidé de leur dédier un espace au sein du club, pas coupé du reste des événements mais, « en plus », pour elles. Et nous avons répondu à une attente, non formulée jusque là, avec des événements financiers ayant une présence à 90 % féminine : quel changement dans un univers aussi masculin !Cette remobilisation a amené des idées et nous a permis d’ouvrir de nouvelles opportunités aux membres du club dès le mois d’août dernier par des interventions sur le thème de la parité en invitant des fondatrices de l’Association 50/50 au Féminin d’HSBC France, par l’ouverture vers des réseaux féminins professionnels réservés jusqu’à présent aux seniors (par opposition à junior, j’entends) tels que Femmes et Finance et en donnant la parole à des professionnels qui mettent en lumière les particularités culturelles des genres et ses bénéfices dans la conduite des affaires. Ce fut en particulier le cas en septembre lorsque nous avons reçu Agnès Fourcade, présidente de l’association Femmes Business Angels (« business angels », un des domaines où Finance et Entreprise sont les plus imbriquées).Aujourd’hui, l’initiative fait partie intégrante du quotidien du club avec un afterwork par mois le plus souvent inauguré par un invité. L’afterwork est l’occasion pour nous d’appuyer et d’inciter à constituer son réseau : ce n’est pas un réflexe pour toutes, il est utile que cela le devienne. Comme nous le répétons souvent, « il ne faut pas attendre d’en avoir le besoin pour constituer son propre réseau. C’est avant qu’il faut commencer ». Juste un mot pour ne pas être emprisonné dans les stéréotypes : cette initiative ne répond pas à tous les besoins, certaines jeunes financières ne sont pas intéressées par cette dynamique spécifiquement féminine. La réalité est toujours plus complexe, il est bon de se le rappeler de temps en temps.

 

Alors qu’avons-nous appris ? Qu’avons-nous découvert en ces quelques mois ?

D’abord qu’il y a une réelle mobilisation en 2011 sur le thème de la parité et des femmes dans la Finance dans le secteur de la Banque et de l’Assurance. Nous avons certes lancé cette dynamique féminine au sein du Club des Jeunes Financiers mais ce fut également le cas – de manière coordonnée – chez de nombreux grands acteurs de la Finance via l’initiative Financi’elles. Souvent un article n’est pas propice, de par son format, à se faire une idée exacte des organismes qui y sont citées. Prenons le contrepied et citons in extenso, les statuts de Financi’elles :
« L’Association a pour objet de fédérer des réseaux professionnels féminins et des professionnels personnes physiques exerçant dans le secteur de la banque, finance et assurance (ci-après communément désignés « secteur financier ») afin de constituer un réseau d’entraide et de partage de connaissances destiné à promouvoir la mixité à tous les niveaux de l’entreprise, dans le respect de la déontologie professionnelle ». Tout est dit et officialisé depuis le 24 mars 2011.Ensuite, nous avons mieux compris comment le monde a changé ; qu’il est, dans ces secteurs, devenu paritaire en terme de salaires et d’opportunités immédiates pour les jeunes mais que les difficultés persistent fortement sur quelques points : l’ouverture de certains métiers aux femmes et l’inégalité des chances à saisir des opportunités de carrière vers les 30/35 ans (le « mur de verre »).Prenons le premier point : l’ouverture de certains métiers. Il faut comprendre que les mentalités ont la vie dure mais qu’elles ont bien évolué chez certains financiers masculins qui pourtant ne parviennent pas à ouvrir largement leurs services à la population féminine. Pourquoi ? Parce que certaines professions sont mal comprises, sont perçues comme inadaptées aux femmes, ce qui influence le choix des étudiantes au sein des formations et dans les métiers auxquelles elles postulent. C’est le cas pour certains métiers de la Banque d’affaires et de la salle de marché (trader, notamment).Le deuxième point révèle une inadaptation générale des programmes de développement de carrière au cycle de vie des femmes qui décident souvent d’avoir des enfants vers 30/35 ans. Les hommes profitent alors d’une voie, qui leur est plus largement ouverte, dans des programmes tremplins destinés aux trentenaires voués à devenir les top-managers de demain. C’est le fameux « mur de verre » : vers 35 ans, l’évolution est considérablement freinée. C’était le cas hier, c’est toujours le cas aujourd’hui.Enfin, nous avons mieux appréhendé les particularités des genres et leurs effets pervers. Pour n’en citer qu’une : Mesdames, de manière générale, revendiquez ce que vous faites au quotidien ! Les hommes ne s’en privent pas et ça fait parfois toute la différence lorsqu’on doit les évaluer.

En tant que Président (sans « e » final donc) du club, représentant quelque part de la gente masculine, j’avais le même travers que je corrige désormais. Les bonnes recettes sont à prendre partout, quelques que soient les genres et le sujet : à bon entendeur… soyez curieux de tout, discutez et échangez entre vous, faites vous de bonnes relations et des amitiés. C’est la puissance d’un club, d’un réseau efficace, et d’une vie réussie. J’argumente cette dernière remarque en rappelant l’enquête menée en septembre par le magazine Challenges : les entreprises les plus ouvertes aux femmes sont objectivement parmi les plus performantes, très probablement parce que ces entreprises sont les plus ouvertes d’esprit et donc les plus à l’affût de ce qui peut constituer des idées fortes pour les aider à progresser. Pour cela, mieux vaut s’appuyer sur tout le monde et pas la moitié du monde. Et cela doit bien valoir aussi pour le monde financier. Le Club des Jeunes Financiers va donc agir de la manière suivante auprès de la population des financières : souligner l’importance à construire tôt son réseau et y inciter fortement, rappeler ces particularités culturelles qui freinent les femmes dans la vie professionnelle (on en tirera des enseignements pour les hommes aussi, il n’y a pas de raison), lutter contre les idées reçues sur l’inadéquation ou le manque d’attractivité de certaines professions très peu paritaires. Pour notre population de professionnelles (1 à 10 années d’expérience), envisager des démarches pour repousser les dates limites de participation à certains programmes de développement de carrière (notamment à l’international) en martelant ce problème auprès des directions des ressources humaines. Et il y a encore certainement bien des sujets à mieux comprendre… Venez en discuter avec nous au sein du Club !

 

Christophe Connille, président du Club des Jeunes Financiers

 

Contact : www.jeunesfinanciers.com