Le système financier actuel est déséquilibré et incontrôlable. Afin de le réformer dans le bon état d’esprit, il est essentiel de revenir à la définition même de la finance.
A cause de la crise de 2008, de la forte médiatisation de la Bourse et du trading, le terme finance a acquis une connotation profondément péjorative pour une grande partie de la population. Dans de nombreuses Grandes Ecoles, les élèves opposent la finance, qualifiée parfois de stérile, à l’ingénierie et la recherche. Lors d’une interview pour un journal télévisé national, à la question Pourquoi moins d’élèves choisissent la voie de la finance ces dernières années ? des élèves polytechniciens répondent : « la finance ne produit rien, on gagne de l’argent sur le dos des autres, ça ne participe pas au progrès. »
Halte aux clichés et aux confusions faciles !
Remettons les choses en ordre. Quel est le premier réflexe étudiant ? Wikipedia : « la finance recouvre un domaine d’activité – celui du financement
– qui consiste à fournir l’argent nécessaire à la réalisation d’une opération économique. » Le directeur financier est responsable de trouver les fonds nécessaires à la réalisation d’un projet. Autant dire que toutes les idées en ingénierie et en recherche ne verraient jamais le jour si la finance n’était pas derrière ! La Bourse est un moyen d’acquérir des fonds parmi d’autres. Lorsque quelqu’un achète une action, c’est généralement qu’il croit en l’entreprise et qu’il veut participer à son capital.
Revenir au sens premier de la finance
Malheureusement le développement du trading haute-fréquence et du shadow banking a parasité le système et tire de l’argent sans apporter de réelle valeur ajoutée. Dans cette perspective, la crise financière est aussi une crise étymologique puisque les jeux financiers n’ont alors plus rien à voir avec le financement. Afin de réformer le système économique actuel et de le rendre plus sain, il est essentiel de revenir à l’essence même du terme. Et ne nous laissons pas aveugler par des polémiques surmédiatisées et sensationnalistes sur des sujets secondaires comme la rémunération des traders. Notre monde est de plus en plus mouvementé, de plus en plus inégalitaire, et il est nécessaire de réformer le système en profondeur si on ne veut pas courir à une autre catastrophe.
Quelles formations pour une finance éthique ?
Actuellement les formations proposées pour la finance en écoles et universités sont avant tout techniques. Par prudence les professeurs ne se prononcent jamais sur les questions éthiques. De par la complexité du système actuel, il est très difficile de prendre position : la question du bien et du mal, du juste et de l’infâme, parait déplacée et il est en réalité impossible de trouver un coupable ou un innocent. Par vulgarisation médiatique, on s’attaque beaucoup aux banquiers, notamment en France où la population a tendance à considérer les banques comme un service public et inaliénable… à tort ! Les banques sont des entreprises avant tout.
Un des meilleurs moyens pour les étudiants de se forger leurs opinions dans le monde de la finance reste donc de participer à des projets, à la fois en grande entreprise (conseil, assurance) et en PME ou en association. X-MicroFinance est un exemple d’association étudiante humanitaire qui finance des projets au Guatemala et au Maroc grâce au microcrédit. Et en ce sens, la microfinance semble plus rappeler le financement que la finance elle-même !
L’origine du mot finance d’après le site web ALORTHOGRAPHE
Le mot finance vient de l’ancien français finer qui signifie payer, mettre à bonne fin, qui est une forme altérée de finir, amener à fin. Le mot fin en ancien français désigne l’argent. En latin médiéval, on retrouve le mot financia qui signifie redevance.
Par Cédric Vallée, Président
de X-MicroFinance
www.xmicrofinance.org
cedric.vallee@polytechnique.edu
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