LE CAFÉ « SUSPENDU », NOUVELLE FORME DE GÉNÉROSITÉ
Institution à Naples, le café « suspendu » ou « en attente » incite les clients à payer deux consommations, l’une pour eux, l’autre pour un client qui n’en aurait pas les moyens. Apparu en France de manière anonyme et dispersée, le concept se répand et fait même des émules dans les boulangeries !
C’est à Naples, que le « caffè sospeso », comme on l’appelle làbas, serait vraisemblablement né après la seconde Guerre Mondiale. Beaucoup de Napolitains n’avaient alors plus les moyens de se payer un café. N’imaginant pas que d’autres puissent en être privés, des clients ont spontanément proposé d’en offrir à ceux qui ne pouvaient pas se le payer. Aujourd’hui, l’idée fait le tour de l’Europe mais aussi du monde. Le site CoffeeFunders, dédié au concept des cafés en attente, recense plus de 900 bars et restaurants participants, tout pays confondu. Ce qui représente 5 à 20 cafés offerts chaque jour. En France, une centaine de cafés a rejoint le mouvement à Bordeaux, Lyon, Saint Nazaire, Rouen, Mulhouse, Orléans, Brest, Bayonne, Carcassonne… Et le nombre devrait encore grandir, avec le lancement d’autres sites et même d’applications mobiles. Les établissements encouragent ainsi leurs clients à payer d’avance un café qui sera ensuite proposé gratuitement à un autre client qui n’aurait pas les moyens de se l’offrir. Des retraités ou des jeunes aux faibles revenus, des travailleurs pauvres, des chômeurs ou encore des SDF n’ont qu’à se présenter au comptoir pour en bénéficier. Un principe simple, qui a donné des idées à d’autres. Rapidement, le café suspendu a en effet fait des émules, le concept se déclinant facilement à d’autres boissons, chaudes ou froides, mais aussi aux sandwichs, pizzas, voire à des repas complets. Considérant la baguette, comme un symbole aussi important en France que le café à Naples, les boulangers ont ainsi adopté le concept : des centaines d’entre eux proposent désormais des baguettes en attente.
LES « REPAIR CAFÉ » : RÉPARER ENSEMBLE PLUTÔT QUE JETER
Solidarité toujours, mais sous le signe cette foisci, de l’échange de savoirs et de services, avec les Repairs Cafés. Des rencontres d’un nouveau genre qui essaiment ici et là pour donner une seconde vie aux objets en panne ou abîmés.
Que faire d’une chaise au pied branlant ? D’un grille-pain qui ne marche plus ? Les jeter ? C’est souvent le plus simple à faire … Parce qu’on ne sait pas réparer ou que l’on croit qu’il est plus facile de passer dans un magasin acheter un nouveau modèle. Mais pour les participants des Repair Cafés, « rien ne se jette, tout se répare » ! Venus tout droit des Pays-Bas, ces « cafés des réparations » essaiment actuellement un peu partout en France, en Belgique et en Allemagne, portés par l’engouement autour du développement durable. L’idée a germé en 2009 dans l’esprit d’une ancienne journaliste néerlandaise, Martine Postma, qui regrettait que les gens soient bercés par la culture de « ça ne marche plus, je jette ». La logique de ces cafés ? Réparer ensemble, lors d’ateliers et de rencontres ouverts à tous (entrée libre). Une fois par mois, une centaine de personnes se retrouve ainsi pour remettre en état toutes sortes d’objets, dans un esprit très « consommation collaborative » et proche de l’économie solidaire. Pour ceux qui n’ont jamais tenu un tournevis, aucune inquiétude, des bricoleurs avertis bénévoles offrent gratuitement leurs services. Ils aident et surtout transmettent une partie de leur savoir-faire aux particuliers venus les solliciter. A la sortie, l’avantage est double : les participants repartent avec leur objet réparé et en plus, ils ont appris à bidouiller ! Derrière ce partage de savoirs et de services, il y a aussi une démarche militante pour lutter contre le gaspillage et l’obsolescence programmée des objets. Bien plus que de simples rencontres, ces cafés sont un lieu de partage, d’apprentissage et de sensibilisation contre le « tout-jetable » et la surconsommation.
CD