© Ihar Ulashchyk - Fotolia
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CRÉATRICES D’ENTREPRISE : LE GRAND VIRAGE ?…

Depuis des décennies, le pourcentage d’entreprises créées par des femmes stagne. Première responsable : notre culture et ses stéréotypes. Heureusement, depuis peu, les choses changent ; même les pouvoirs publics ont décidé de bouger !…

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En France, la création d’entreprise au féminin avoisine les 30 % depuis… 25 ans ! Et depuis 25 ans, on entend dire : « il faut faire quelque chose ». Avant ? On ne s’y intéressait tout simplement pas : pas d’études, très peu de chiffres. En 2002, un groupe d’experts a bien réalisé un Livre Blanc de l’Entreprenariat Féminin débouchant sur 24 propositions concrètes… En vain.

 

Ventre mou
Située derrière l’Angleterre et l’Allemagne, très loin derrière les Etats-Unis où une entreprise sur deux est dirigée par une femme, « l’accès au monde économique pour les femmes » françaises égale celui de la Thaïlande à la… 50e p lace mondiale ! Est-ce si grave ?… Disons simplement que les pays au meilleur potentiel de croissance sont ceux comptant le plus de femmes chefs d’entreprise et que les entreprises les plus performantes sont celles comptant le plus de femmes dans leurs conseils d’administration… Quant à savoir à quoi ressemble la (persévérante) créatrice d’entreprise française, Séverine Le Loarn, co-auteur d’un ouvrage clé sur le sujet (voir encadré) nous aide à en dresser le portrait-robot.

 

Tu seras entrepreneuse, ma fille !
La trentaine, mariée avec des enfants, plus diplômée que Monsieur, elle crée essentiellement une activité mono-employée dans un secteur où l’utilité l’emporte sur la rentabilité ; et si elle investit davantage en fonds propres, c’est simplement parce qu’on lui prête moins (le double de prêts refusés !). S’associant moins, sa conception du management (plus coopératif et participatif) se révèle payante puisque la croissance de son entreprise est jusqu’à 40 % supérieure à celle dirigé par Monsieur. Caractéristique purement française, enfin : « Jusqu’à il y a peu, la grande majorité des créatrices d’entreprise étaient des “filles de“ (parents entrepreneurs). Il leur fallait un exemple proche pour “s’autoriser“ la création. Désormais, on observe un effet générationnel très marqué : chez les moins de 30 ans issus d’écoles de commerce, la différence hommes-femmes tend à disparaitre ». Au point que 12 % des entreprises créées par des femmes le sont aujourd’hui par des… étudiantes. Riche idée donc d’avoir mis en place un statut légal d’“étudiant-entrepreneur “ permettant de mener de front études et projet entrepreneurial.

 

« Que fait le gouvernement ?!! »
Et puisqu’on en est aux bonnes nouvelles : le « Plan de Développement de l’Entreprenariat Féminin » annoncé l’an dernier prend corps. Acte 1 : « sensibiliser, orienter, informer » (dans les écoles)… c’est parti. Acte 2 : « Renforcer l’accompagnement des créatrices »… idem : les 14 principaux réseaux d’aide à la création d’entreprise ont signé un pacte dans ce sens. Concernant, enfin, le 3 : « Faciliter l’accès des créatrices au financement », le fonds d’investissement BPIfrance a reçu pour consigne de « considérer avec une attention particulière les projets portés par des femmes ». Qui créera, verra…

 

« Femme et entrepreneur, c’est possible ! »
C’est le titre, parlant, de l’ouvrage que viennent de publier 5 femmes, toutes enseignantes et/ou entrepreneuses…
Guide pratique dans lequel, sous forme de quizz ou de jeu de l’oie, les auteures balaient les clichés sur la création d’entreprise au féminin, font passer les informations essentielles, permettent à la lectrice d’auto-évaluer son profil et délivrent pistes, outils pratiques, liens, conseils et témoignages, sans négligez aucun aspect (familiaux) du sujet…
312p – 24€, éd. Pearson.
PS : C’est une femme, Danièle Desguées, qui a créé le réseau (associatif) leader de l’appui à la création d’entreprise : 465 Boutiques de Gestion d‘Entreprises (BGE) en France dont les 1 000 conseillers aident à la création de plus de 17 000 entreprises par an, dont 75 % pérennes à 3 ans. Dont acte.

 

JB