C’est à l’heure du thé qu’Isaure de Saint Pierre me reçoit dans son appartement parisien. Lorsque la porte s’ouvre, je découvre une petite femme souriante et simple qui m’invite à m’assoir dans une pièce décorée de tentures et tableaux exotiques. Au détour de notre conversation, cette journaliste et écrivaine chevronnée et fille de l’illustre écrivain Michel de Saint Pierre, me fait part de ses inspirations et de sa passion pour les lettres.
« J’aime la figure d’Aliénor »
Lorsque je la questionne sur son roman Aliénor l’insoumise, paru en novembre 2013, ses premiers mots sont « mon père la détestait. » A mon air perplexe, elle poursuit : « elle avait vendu certains territoires français et son audace choquait bon nombre de ses contemporains. J’ai voulu me faire ma propre idée » confie-t-elle avec son sourire malicieux. Au cours de ses recherches, Isaure découvre une femme formidable, cultivée et avec une grande force de caractère. « J’aime la figure d’Aliénor, c’est une femme très moderne pour son époque et qui a su gagner le respect des hommes de son entourage. » Et toutes ces découvertes lui ont donné l’envie d’écrire un nouveau roman historique, en proposant un regard neuf sur ce personnage si controversé. « Je voulais dresser le portrait de cette femme et retracer son histoire. » Isaure se lance alors dans une phase de recherches. Entre les bibliothèques qu’elle aime fréquenter, internet et ses propres ouvrages historiques, elle ne tarde pas à se faire une certaine image de cette insoumise. « J’ai essayé de me glisser dans la peau d’Aliénor, mais je ne sais pas si elle se reconnaitrait dans mes mots ! » Isaure semble avoir réussi cette mission, même si c’est pleine d’humilité qu’elle ajoute « je n’oserais pas dire que je lui ressemble. Pour commencer, je n’ai aucune vision politique, contrairement à elle. »
« L’inspiration vient des mes expériences personnelles »
Pour chacun de ses personnages, Isaure avoue avoir un coup de cœur. Ce fut le cas pour Aliénor, la Kahina ou encore la Magnifique. Ce désir de relater les destins de ces femmes d’exception nait de simples expériences : « cela peut venir d’un tableau, une discussion ou tout simplement d’un voyage. » Et une fois qu’elle tient son personnage, Isaure lit et relit ses encyclopédies pour se faire une idée précise du contexte historique et des décors. « Je passais des heures en bibliothèques. Désormais avec internet, tout est plus simple et je peux travailler chez moi. » En ce moment, Isaure écrit un roman historique sur le personnage de Marguerite d’Anjou et travaille en parallèle sur le mythe de la jeunesse. Pour cela, elle investit le milieu scientifique et s’inspire d’œuvres telles que Faust. « Je n’aime pas trop m’éparpiller, mais Marguerite m’agace. Je regrette certaines de ces décisions, elle est très différente d’Aliénor. Je vais devoir me remettre à écrire tantôt; je ne veux pas perdre le fil ! » Lorsqu’elle est en panne d’inspiration, Isaure n’hésite pas à prendre une pause. « C’est fatigant d’écrire ! Lorsque je manque de concentration, je regarde un bon film, lis un bon livre ou vais voir une exposition intéressante. Généralement, je me rends compte du travail prodigieux qu’ont accompli ces artistes et cela me met en rogne contre moi-même. Je retourne directement me mettre au travail ! » Et une fois que l’inspiration refait surface, Isaure laisse aller sa plume : « il ne faut jamais refreiner son envie d’écrire. »
Olympe Muller