Chaque année au printemps, c’est la même histoire : les températures augmentent, les journées s’allongent, les fleurs bourgeonnent et les étudiants de PACES cherchent une réorientation… Car, comme les saisons, le calendrier universitaire est immuable : les notes du premier concours de médecine sont arrivées avec les premiers froids et ont gelé les espoirs de milliers d’étudiants.
A mon sens, il y a trois grandes catégories d’étudiants qui intègrent la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) après l’obtention, la plupart du temps, d’un Bac S. C’est en effet une étape obligatoire avant de porter le titre de carabin, nom donné aux étudiants de médecine car, il y a bien longtemps, leur uniforme ressemblait à celui des carabiniers.
La première catégorie donc est celle des passionnés. Ils mûrissent leur projet depuis plusieurs années, n’ont fait aucune autre démarche d’orientation post Bac car seule compte leur passion pour les études de santé qui, rappelons-le, figurent parmi les plus longues et les plus difficiles en France. La plupart possède un excellent dossier scolaire assorti d’une mention au Bac et pourtant ils savent déjà qu’ils ont de grandes chances de redoubler.
Dans la deuxième catégorie, on est médecin de génération en génération et, plus qu’un droit de naissance, c’est un devoir de poursuivre l’histoire familiale. Programmés dès leur plus jeune âge pour perpétuer la tradition, ces étudiants n’ont pas le droit à l’erreur même si, parfois (souvent ?), leurs envies de carrière divergent de celles imaginées par leurs parents.
Les étudiants de la dernière catégorie tentent la PACES pour voir, au cas où… C’est souvent un non-choix motivé par un manque d’informations ou un manque d’anticipation. Ce ne sont pas forcément les meilleurs élèves et ils arrivent souvent mal préparés. Lorsqu’ils découvrent les cours en amphi et la totale liberté qu’on leur offre, ils deviennent les premières victimes de ce fameux esprit de compétition que l’on trouve dans les facultés de médecine et sont vite découragés par les « doublants » qui ont de l’avance avec les acquis de leur première année de PACES. Il est rare de trouver cette catégorie après le premier concours car ils n’ont pas trouvé leur place dans ce contexte universitaire.
Existe-t-il un avenir après la PACES ? Bien sûr ! Sup’Biotech accueille chaque année un nombre significatif de ces étudiants pour leur proposer une opportunité de poursuite d’études en lien direct avec leurs aspirations initiales, les sciences du vivant. Ils ne seront pas les futurs médecins ou pharmaciens qu’ils espéraient devenir mais à part ces deux professions réglementées, ils pourront travailler dans le même secteur d’activité, voire en découvrir d’autres à travers le spectre très large que proposent les biotechnologies : l’agro-alimentaire, la cosmétique ou encore l’environnement. Que faire alors de ces rescapés qui, pour les plus sérieux, ont appris à travailler, à mieux gérer leur stress pendant les examens, à connaître la valeur du mot compétition ? Des profils ingénieurs bien sûr ! Une chose est certaine : certains de ces étudiants ont un potentiel énorme qui ne demande qu’à être cultivé. Ils arrivent parfois complétement vidés émotionnellement par cette expérience et le rôle d’une école comme Sup’Biotech est de leur permettre de reprendre confiance et de surmonter leur échec en leur offrant de nouvelles perspectives d’avenir. Il n’est d’ailleurs par rare de constater, quelques années après, que ces étudiants ont totalement changé d’orientation pour se diriger vers des métiers transverses comme le marketing de l’innovation ou la bio-production que leur appétence pour les sciences du vivant leur a permis d’appréhender de la meilleure des façons. On parle aujourd’hui d’une réforme de la PACES et de la mise en place d’un niveau de sélection à l’entrée afin de limiter les déconvenues. Cela va dans le bon sens. Mais n’oublions pas que les meilleurs médecins, chercheurs ou ingénieurs ont tous un point commun : ils aiment ce qu’ils font.
Par Emmanuel Hivert,
Directeur du Développement Stratégique, Sup’Biotech