C’est une expérience unique et inoubliable que vient de vivre Chanèze Aroua, étudiante à Grenoble Ecole de Management. Elle a passé un mois cet été aux côtés d’Alain Dehaze, président du Groupe Adecco en France en tant que son assistante exécutive. Elle a été sélectionnée parmi 500 candidats dans le cadre de l’opération #1Job2Boss. Chanèze nous raconte ses découvertes sur la réalité du travail d’un dirigeant, comment il décide et interagit avec ses collaborateurs, son rythme de vie. C’est surtout une personnalité aux capacités hors du commun qu’elle nous décrit.
Comment avez-vous fait la différence parmi 500 candidats à votre avis ?
Les 5 derniers candidats en lice avaient tous le même niveau, j’ai donc pensé que c’était ma personnalité qui avait fait la différence. Il s’agissait de travailler un mois avec Alain Dehaze, au-delà de mes compétences, il devait pouvoir me faire confiance et s’assurer que nous travaillerions en bonne entente. J’avais envoyé mon dossier la veille de la date limite de dépôt, j’ai donc été spontanée et je pense que cela m’a permis de me démarquer des autres candidatures. Enfin, le fait de beaucoup s’entraîner à l’oral à GEM m’a énormément aidée durant les entretiens.
Qu’avez-vous découvert sur le métier de dirigeant ?
La première chose que j’ai découverte, c’est qu’on ne sait pas grand-chose du dirigeant ! Ce poste est inconnu, mystérieux et laisse part à beaucoup d’imagination.
Comment Alain Dehaze décide-t-il ?
Il a pour principe de ne jamais prendre une décision « à chaud ». Il se laisse toujours le temps de la réflexion, de consulter ses collaborateurs. Pour lui, l’échange est primordial. J’ai été étonnée de son degré d’écoute et de communication. J’ai découvert à quel point ces qualités sont cruciales pour un dirigeant. Il organise des conference calls une fois par trimestre avec tous ses responsables en France. Il communique sur les chiffres et la stratégie et répond à leurs questions. Car s’il délègue, il veut s’assurer que les informations sont bien comprises, qu’elles n’arrivent pas modifiées dans les agences en « descendant » les échelons.
A-t-il une journée type ?
Jamais ! Les codir sont certes prévus à l’avance, et c’est là qu’il échange et décide, mais le reste du temps il est en déplacement en France et à l’étranger, ou en réunion de visu, par téléphone, en visioconférence.
Quel est son style de leadership ?
Il est très exigeant envers lui-même et avec ses équipes. Il ne s’emporte jamais, il reste toujours calme. Ses collaborateurs le connaissent très bien, ils savent s’il est content ou pas, il n’a pas besoin de parler. De la même manière, en lisant ses mails, ils savent d’emblée si quelque chose ne va pas. Avec ses collaborateurs les plus proches, j’ai eu le sentiment qu’ils étaient dans la sincérité. Ce sont des fidèles, il les connait depuis 10 voire 20 ans. Il s’investit beaucoup dans le choix de ses collaborateurs, car il doit absolument pouvoir leur faire confiance. Et de fait, Alain ne veut pas de coupure entre lui le président et les autres, il est très accessible. J’ai découvert que son collaborateur le plus important c’est sa secrétaire personnelle. Elle s’occupe de tout afin qu’il puisse se concentrer sur la prise de décision et le management. Elle est aidée d’une alternante, là encore dans l’idée de donner leur chance à des jeunes.
Une initiative originale pour ouvrir les portes du travail aux jeunes
Le Groupe Adecco a lancé au printemps dernier une opération unique et mondiale appelée « Way to work ». Le 30 avril, plus de 10 000 salariés d’Adecco dans 50 pays sont allés à la rencontre d’étudiants pour leur offrir leurs conseils pour bien démarrer leur carrière, et des ateliers de préparation à la recherche d’emploi. Le Groupe estime avoir touché près de 500 000 jeunes et mené 20 000 sessions de coaching. C’est dans ce cadre que s’inscrivait l’opération #1Job2Boss, qui a permis a Chanèze de vivre une aventure hors du commun en tant que bras droit d’Alain Dehaze durant un mois.
https://www.adeccowaytowork.com/ fr_FR/about-the-program http://waytowork.fr/
Quelle leçon de management avez-vous retiré en l’observant ?
Que la communication est au coeur de tout ! Qu’il faut savoir valoriser et mettre en avant la réussite et à l’inverse, faire preuve de courage managérial pour dire les choses quand ça ne va pas. Alain remet notamment des prix lors du comité stratégique. Il pose beaucoup de questions, il veut savoir ce qui est en place, ce qui fonctionne ou pas et pourquoi. Il est pragmatique et trouve des solutions. Il est toujours dans le constructif. C’est pour cela que ses équipes le respectent.
Comment avez-vous travaillé avec lui ?
Ca été une parenthèse exceptionnelle dans ma vie. J’ai été surprise de la confiance qu’il m’a accordée. Il m’a ouvert ses dossiers y compris les plus stratégiques ; il m’a emmenée à des réunions d’affaires, à investisseurs… Jamais à 22 ans je n’aurais imaginé travailler sur des problématiques de ce niveau. J’ai énormément apprécié que lors des tours de table en codir, en comité stratégique, il me demande mon point de vue, de proposer des mesures. Au-delà du bilan et des recommandations initialement prévus à l’issue de ce mois, il m’a aussi demandé de présenter une soutenance de toutes mes idées pour l’entreprise. Mon stage est terminé, mais Adecco me suit. J’y réalise d’ailleurs mon année de césure actuellement.
Vous avez aussi assisté à une réunion majeure pour le Groupe, racontez-nous…
J’ai en effet eu la chance d’assister à la rencontre entre les présidents et directeurs financiers de pays du Groupe Adecco et du CEO monde à Rome. J’ai pu échanger avec chacun, et assister aux répétitions pour la présentation du Groupe aux investisseurs et banques qui se tient tous les deux ans. Ils préparent tous les instants, ils connaissent leurs dossiers sur le bout des doigts, ils anticipent toutes les questions car on ne peut pas improviser sur quelque chose que l’on ne maîtrise pas.
Quelles qualités personnelles avez-vous identifiées comme essentielles pour un dirigeant ?
Alain est capable de travailler sur un rythme très cadencé, il peut faire plusieurs choses à la fois, il travaille avec une rapidité extrême, il dort très peu et est très organisé. Il raisonne de manière fulgurante. Il jette un regard sur un tableau financier et sait en deux secondes où est le point important. J’ai aussi compris qu’on ne peut pas réussir professionnellement sans se préserver des moments pour se ressourcer. J’ai été très bien accueillie, et touchée de voir une équipe de direction si passionnée. J’ai compris que pour arriver à ce niveau de responsabilité, il faut forcément aimer ce que l’on fait.
Cette expérience a-t-elle changé vos projets professionnels ?
Avoir vu Alain à l’oeuvre m’a permis de relativiser et de comprendre que pour pouvoir prendre des responsabilités, il faut d’abord voir ce qu’il se passe sur le terrain. J’estime que j’ai encore tout à apprendre. Il m’a rapporté un jour une phrase d’un de ses mentors : « Plus on prend des responsabilités, plus on apprend à gérer les frustrations ». Car plus on monte plus on est au courant de tout mais aussi de rien ! On ne peut pas entrer dans le détail de chaque dossier, on sait ce qu’il se passe dans les grandes lignes, et cela est frustrant.
http://www.lachaineduoui.fr/news/ 500-candidats-1job2boss/
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« Cette expérience m’a donné beaucoup d’inspiration, une nouvelle vision qui me sera sans aucun doute utile dans ma vie professionnelle. »
A. D-F