Son Excellence Charles H. Rivkin, Ambassadeur des Etats-Unis en France, nous apporte des précisions concernant les relations entre nos deux pays tout en nous présentant les politiques menées par le président Obama.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’état des relations entre nos deux pays ?
Cette relation privilégiée entre alliés est plus que jamais capitale dans un monde où la France et les Etats-Unis peuvent compter sur leur amitié indéfectible pour faire face, ensemble, à tous les défis qui les attendent. Il n’y a aucun problème qui puisse nous résister, j’en suis convaincu. Car, l’alliance fondamentale entre la France et les Etats-Unis, c’est l’histoire d’institutions aussi importantes que l’OTAN ou les Nations unies. Mais c’est aussi et surtout l’histoire des liens d’amitié tissés entre nos peuples ; des peuples unis dans l’adversité qui, loin de les diviser, les a sans cesse regroupés autour des mêmes valeurs.
Le président Obama a réaffirmé à maintes reprises la nécessité d’entreprendre ce qui est juste, « pas seulement pour la prochaine élection, mais pour la prochaine génération ».
Quelles sont les réformes prévues par le Président Barack Obama pour soutenir l’activité économique des Etat-Unis ?
Pour faire face à la crise économique, les Etats-Unis ont mis en place toute une série de réformes qui ont transformé en profondeur la société américaine, et ce en plein milieu de la pire crise économique et financière que le pays ait connue depuis les années Trente. Pourtant de telles réformes ne sont jamais faciles à mettre en oeuvre, encore moins à l’approche d’une échéance électorale aussi cruciale que les scrutins de mi-mandat fixés au 2 novembre prochain. Mais le président Obama a réaffirmé à maintes reprises la nécessité d’entreprendre ce qui est juste, je cite, « pas seulement pour la prochaine élection, mais pour la prochaine génération ». C’est pour cette génération (et les suivantes) que le gouvernement américain a fait de la refonte de l’assurance maladie l’une de ses priorités. Pour le Président, c’est bien plus qu’une question économique ; c’est une question morale de la plus grande importance. De la même façon, le vote récent de la réforme de Wall Street, la réforme bancaire et financière la plus importante depuis la Grande Dépression des années Trente, n’a d’autre objectif que d’empêcher qu’une autre génération d’Américains ne vive la crise que nous traversons. Et que dire du plan de redressement adopté en février 2009 pour relancer l’économie américaine ? Derrière ce plan se cachent cinq lois d’importance majeure ; cinq mesures qui chacune, séparément, aurait suffit à marquer n’importe quel mandat présidentiel. En effet, ce plan de relance a d’ores et déjà permis au gouvernement américain d’adopter la réductiond’impôts en direction des classes moyennes la plus importante depuis Reagan ; la plus importante loi sur l’infrastructure depuis les années cinquante ; la loi concernant l’éducation la plus importante depuis le premier programme d’aide fédérale à l’enseignement instauré par Lyndon Johnson ; le plus important investissement dans la recherche médicale et scientifique des quarante dernières années ; et enfin, la plus importante loi sur l’énergie propre de tous les temps.
L’histoire d’amitié entre la France et les Etats-Unis est une redécouverte perpétuelle de l’autre et de sa culture.
En matière de politique militaire, la réintégration de la France dans l’OTAN apporte-t-elle de grands changements ?
C’est avec une grande satisfaction que les Etats-Unis ont accueilli la décision de la France de réintégrer pleinement le commandement militaire de l’OTAN après 43 ans d’absence. La France a clairement sa place au sein des centres de décision de l’alliance militaire qui a remporté les plus grands succès de l’histoire. Je fais totalement mienne la récente déclaration du Secrétaire général de l’OTAN, M. Rasmussen, qui faisait écho au président Sarkozy, indiquant que le retour de la France dans le commandement intégré « améliorera les relations transatlantiques, renforcera le rôle de l’OTAN sur la scène internationale et stimulera la politique européenne de sécurité et de défense ». En ce qui concerne l’Afghanistan, l’OTAN devra continuer à adapter sa stratégie pour soutenir les forces de sécurité afghanes, combattre le trafic de drogue qui finance les groupes terroristes et fournir l’environnement nécessaire aux projets civils de reconstruction et de développement. Nous reconnaissons et apprécions à sa juste valeur le sacrifice de vies humaines déjà consenti par la France au sein de l’OTAN. Sa contribution et la présence de la coalition continuent d’être vitales.
Les échanges d’élèves dans l’enseignement supérieur vous paraissent-ils suffisants ?
L’histoire d’amitié entre la France et les Etats-Unis est une redécouverte perpétuelle de l’autre et de sa culture. C’est la fascination que nous éprouvons l’un pour l’autre. Les gouvernements français et américains partagent la certitude que les programmes d’échanges, plus que jamais, permettent d’établir de solides liens entre nos peuples. Le phénomène de mondialisation de l’Education favorise l’interaction entre différents milieux économiques et sociaux, et nous devons nous tenir prêts à profiter de ces opportunités, afin de faire face aux défis à venir, qui exigeront de nos sociétés une grande ouverture à l’innovation et à l’entreprenariat. C’est dans cette optique que nos gouvernements ainsi que la Commission Fulbright ont uni leurs institutions et mis en place des échanges intellectuels de haut niveau : la Chaire Tocqueville, le réseau doctoral franco-américain, le New Century Scholars program, mais aussi les accords bilatéraux mis en place entre académies françaises et Etats américains sont des exemples révélateurs de cette volonté d’avancer à grands pas vers ce que sera l’éducation de demain.
Patrick Simon