Site du Panthéon
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Une université tournée vers l’avenir

 

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Stratégie…………………….

 

Guillaume Leyte, Président de l’Université Panthéon-Assas
Guillaume Leyte, Président de l’Université Panthéon-Assas

Quelle est votre vision de l’université du 21e siècle ?
Depuis plusieurs années, l’université en France évolue de manière chaotique. Si la dernière loi (la loi Pécresse) allait dans le sens de l’autonomie financière, la nouvelle loi Fioraso me parait rétrograde car elle prévoit un sur-encadrement administratif et institutionnel dans des structures de grande taille où nous n’aurons plus la possibilité de nous développer de façon satisfaisante. Tout ceci est à contre-courant de ce qui produit de bons résultats à l’étranger.
Aujourd’hui, les universités bénéficient d’énormes potentialités et le fait de créer des pôles régionaux, une polysynodie très complexe, et de réduire drastiquement les mentions de master me semble démotivant pour celles qui font des efforts pédagogiques et budgétaires constants. En définitive, ces nouvelles dispositions tendent à nier la diversité des universités au profit de la recherche de l’effet de masse. L’université doit certes, et c’est normal, rendre compte à l’Etat de l’emploi des moyens qui lui sont alloués. Mais dans le cadre de la mondialisation, les initiatives ne peuvent naître que dans un climat de liberté et d’émulation. La tâche n’en sera que plus lourde.

 

L’université a besoin d’autonomie pour être créatrice et de liberté pour être responsable.

Que souhaitez-vous apporter en matière de développement stratégique ?
Assas dispose d’une gestion saine, parce que nous innovons avec des structures légères, flexibles et peu coûteuses. Mon prédécesseur, Louis Vogel, est à l’origine d’initiatives très importantes (et copiées) dans, par exemple, le domaine de la réussite des étudiants.
Ainsi en première année, nous avons supprimé un certain nombre de matières pour les étudiants les plus faibles afin de les renforcer en culture générale ainsi qu’en expression écrite et orale. Grâce cette mise à niveau, ils pourront entamer un cursus compatible avec les exigences de nos formations. D’un autre côté, pour éviter un nivellement par le bas, les meilleurs étudiants se voient proposer des cours supplémentaires afin d’utiliser immédiatement tout le potentiel dont ils disposent. Si nos moyens financiers sont limités, les résultats de ces innovations apparaissent très positifs à l’usage. Nos liens avec les professions, très développés, seront renforcés. Il me semble indispensable de faire tomber les cloisonnements entre les universités et les professions : l’état de l’économie plaide évidemment en ce sens. Nous souhaitons, en tant que première université juridique de France, innover dans le domaine de la pédagogie (ainsi la première licence entièrement numérique qui vient d’ouvrir) ; dans celui des formations, par un renouvellement constant de l’offre suivant au plus près les besoins de plus en plus complexes de la société contemporaine ; dans celui des partenariats, avec pour principal souci l’insertion professionnelle de nos étudiants.

 

Il est courant que les étudiants de nombreux Master 2, y compris labellisés « recherche », soient sollicités pendant leur scolarité par les cabinets d’avocats ou les entreprises car ils savent que les étudiants sont excellemment formés et seront rapidement opérationnels

Evolutions……………………

Quelles risquent d’être les conséquences de cette loi à  moyen terme ?
Je pense que cette loi est préjudiciable à nos relations avec les entreprises qui vont s’éloigner de l’université pour se tourner vers des partenaires moins engoncés dans les contraintes. C’est une loi favorisant l’enseignement privé ! Si la réduction drastique des mentions de master, qui est en cours, se réalise, nous perdrons visibilité et attractivité pour les entreprises, ainsi bien sûr que le bénéfice de l’apprentissage et de la taxe professionnelle… Quant à nos étudiants, qu’est-ce qui permettra d’identifier leur formation ?

 

Dimension professionnelle………..

Quels sont les rapports que vous entretenez avec les entreprises (chaires, forums , stages , tutorat , intervenants professionnels…) ?
Nous disposons de très nombreux intervenants extérieurs dans toutes les préparations à nos diplômes de droit, d’économie et d’infocom. De fait, ces formations sont étroitement connectées à la réalité ; nombre de maquettes de formations sont élaborées en tenant compte des besoins des professionnels. L’insertion de nos étudiants est pour nous un souci constant et un motif de satisfaction. Les stages sont obligatoires dans tous les M2 professionnels mais interviennent bien en amont dans la scolarité de nombreux étudiants. Notre orientation et nos forums sont parmi les plus performants. Sur les chaires d’entreprise, dont j’ai lancé le projet à l’automne dernier, les choses commencent à bouger en dépit de la conjoncture.

Privilégiez-vous le développement des formations professionnalisées ?
Oui, particulièrement au niveau du Master 2 nous proposons aussi bien des formations professionnalisantes que des formations de recherche plus orientées vers les disciplines académiques. Il est courant que les étudiants de nombreux Master 2, y compris labellisés ‘‘recherche’’, soient sollicités pendant leur scolarité par les cabinets d’avocats ou les entreprises car ils savent que les étudiants sont excellemment formés et seront rapidement opérationnels.
Nous avons également créé des ateliers de professionnalisation en 1ère et 3è année qui permettent aux étudiants de travailler avec un avocat, de donner des consultations juridiques et de préparer des réponses adaptées, tout en étant supervisés par l’avocat. Les étudiants bénéficient d’un bureau d’aide à la recherche de stage et d’un bureau d’aide à l’insertion professionnelle, ce qui leur permet de disposer d’un réseau d’entreprises susceptibles de les intégrer plus facilement.

 

Pédagogie et recherche……………………..

Quelles innovations pédagogiques envisagez-vous comme par exemple la mutualisation des enseignements, l’offre de formation élargie ou les doubles cu rsus avec d’autres établissements ?
Nous pensons poursuivre dans cette voie car les bilicences que nous avons mises en place depuis quelques années déjà (droit-histoire, droit-histoire de l’art, droit et sciences, économie et sciences…), fonctionnent très bien. Les synergies, lorsqu’elles répondent à un réel besoin, sont fructueuses ; mais elles ne se décrètent pas.

La recherche demeure-t-elle prioritaire pour votre université ?
La recherche tient une place prépondérante à l’université Panthéon Assas. Elle consiste à élargir les champs du droit, mais aussi de l’économie, de la gestion et de l’information-communication, à rechercher des solutions juridiques à des problèmes nationaux ou internationaux et à mettre en forme les réponses apportées, tout en aidant les praticiens du droit à mieux utiliser ces outils.
Si nous organisons de multiples colloques sur quantité de thèmes, la diffusion de cette recherche s’effectue au travers de nombreuses publications de nos enseignantschercheurs qui peuvent être associés à des chercheurs issus d’autres établissements. Notre université comprend des sociétés savantes internationales qui rayonnent dans le monde. Nous mettons en oeuvre tous les moyens possibles pour leur permettre de continuer à diffuser la culture juridique française (et le droit dit continental) qui est un vecteur majeur de la francophonie et permet d’établir des ponts entre les pays.

 

L’international…………..

Quelles sont vos actions en matière de développement à l’international ?
Nous disposons de très nombreux programmes d’échange d’étudiants et d’enseignants avec des établissements situés dans de nombreux pays. Nous renouvelons régulièrement nos partenariats, tout en signant de nouvelles conventions comme actuellement avec les universités de Yale et de Hastings en Californie, ou avec des universités chinoises.
Nous proposons également un cursus de juriste européen, des doubles diplômes…
A partir du Master 1, notre Ecole de droit impose une obligation de mobilité internationale qui se traduit par des stages à l’étranger d’une durée moyenne de 6 mois. Nous avons encore, par exemple, conclu un partenariat avec l’INSEAD pour former des étudiants en droit international des affaires à Singapour.

 

Patrick Simon