UNE ÉLÈVE HORS DU COMMUN : Manon Garcia, 24 ans, 33e joueuse de tennis française (ESC Montpellier)

Elle a été 20e joueuse française en 2010, et est désormais classée 33e, alors qu’elle mène de front une scolarité à l’ESC Montpellier.
Rien que ça.

Et pourtant, Manon est tout sauf prétentieuse. Humble, directe, elle répond avec spontanéité à mes questions, sans tourner autour du pot, du tac au tac. Elle le dit elle-même, sa philosophie de vie c’est « ne pas se poser cinquante milliards de questions, vivre à fond, quoi. » Sans complexe, sans se torturer l’esprit, elle me dit ce qui lui passe par la tête. Un livre favori ? « Je ne lis pas des masses. » Dans dix ans, où te vois-tu ? « Au soleil. » Une anecdote émouvante ou amusante de ton parcours sportif ? « Emouvante, non. Je ne vais pas te raconter que mon père est mort et que le lendemain j’ai remporté un super titre. (rires) J’ai une anecdote joyeuse : en 2010 j’ai gagné les championnats d’Europe et de France, c’était vraiment l’apogée. Avec ma partenaire, on s’est sauté dans les bras, nous étions folles ! » Une personnalité que tu admires ? « Admirer c’est un mot bien fort. J’ai du respect pour un certain nombre de personnes comme des Federer, des Nadal, des Djokovic qui gagnent tout. J’ai du respect pour eux, mais admirer, non, c’est trop fort. » Elle a de l’humour, la petite, et d’ailleurs, que disent ses amis d’elles ? « Que je suis drôle ! » Sans blague ! Des amis auxquels, d’ailleurs, elle consacre une bonne partie de son rare temps libre. « Comme je n’ai pas beaucoup de temps, si j’en ai un peu, j’essaie de le passer avec eux. »
Comme la plupart des sportifs de haut niveau qui étudient dans une grande école et que j’ai eu le plaisir de rencontrer, l’une de ses plus grandes fiertés, c’est d’avoir su concilier sport et études, un challenge loin d’être gagné d’avance. Comme eux également, elle sait qu’elle ne pourra pas éternellement allier vie scolaire et professionnelle, et tennis. Elle a déjà un projet professionnel bien précis en tête, d’ailleurs : « Pour l’instant, j’ai bien envie d’intégrer une SSII pour commencer comme consultante junior puis faire de la gestion de projet. » Et pour le mener à bien, elle songe sérieusement à arrêter le tennis. « Je crois que je suis en train de me faire petit à petit à cette idée parce qu’après l’ESC Montpellier, je vais devoir travailler. Mais je ne sais pas comment je vais le vivre. Pour l’instant je me dis que je m’arrêterai complètement, ça me déprimerait trop de m’entraîner uniquement le week-end et de perdre mon niveau. »

 

Mais revenons un peu à son parcours. C’est à 5 ans qu’elle commence le tennis. Après avoir fait une partie de son collège et lycée en sport études, l’autre partie par correspondance, Manon décroche son Bac, enchaîne avec quatre ans dans l’école de management de Léonard de Vinci. Puis elle passe le concours Passerelle, et, en 2010, au sommet de sa réussite sportive, elle intègre l’ESC Montpellier directement en deuxième année. Actuellement en dernière année, elle a du mal à trouver le temps de s’entraîner. Difficile quand on ne bénéficie pas d’aménagements de scolarité… Pas de quoi décourager la dame aux raquettes. « Peut-être que plus tard je regretterai de ne pas m’être lancée dans le circuit professionnel, mais ce n’est pas le cas pour l’instant. Le choix des études, je l’ai fait après le Bac, j’aurais pu arrêter. » Elle ne l’a pas fait, et, pour la suite, comme le dit son proverbe favori, « qui vivra, verra… »

 

1 Objet dont elle ne peut pas se séparer : « Ma chaîne en or et son ange en pendentif. Je me dis qu’il me protège. Je ne suis pas croyante, c’est juste pour la symbolique. »
2 Traits de caractère : « Généreuse : j’aime bien faire plaisir, offrir des cadeaux. Organisée : J’aime bien que les choses soient planifiées à l’avance, donc si les gens ne sont pas organisés comme moi, ça m’énerve. »
3 Valeurs qui lui sont chères : « Honnêteté, franchise et respect. L’essentiel des relations, quoi. »
4 De ses plus beaux exploits : « Le plus significatif à mon goût, c’est quand j’ai été championne de France en deuxième série en 2010. Et j’ai aussi remporté pas mal de titres universitaires : championne de France universitaire en 2009, championne d’Europe universitaire par équipe en 2010, championne de France universitaire par équipe pendant 4 ans consécutifs, de 2007 à 2010, avec Léonard de Vinci. »

 

Claire Bouleau
Twitter @ClaireBouleau