La Conférence des Présidents d’Université (CPU), la Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI) et la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) ont signé en janvier dernier une Charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans le supérieur. Elles réaffirment ainsi leur volonté d’accélérer la concrétisation de l’égalité.
En impulsant la Charte auprès des instances représentantes des dirigeants des établissements, le gouvernement a rappelé que « c’est bien l’université et la recherche qui doivent montrer, de nouveau, le chemin du progrès pour notre société ». Un constat d’immobilisme que fait aussi la CDEFI selon Florence Dufour, « la Charte doit impulser un mouvement dans nos écoles et dans la société, car nous formons de futurs cadre. » A la CPU, le signal envoyé par les pouvoirs publics « d’inclure l’objectif d’égalité dans les contrats des établissements avec l’Etat doit permettre de faire concrètement évoluer les choses » anticipe Christine Gangloff- Ziegler.
Rendre les choses visibles et agir
Du côté de la CGE, l’égalité est un cheval de bataille depuis des années. « Notre première convention ministérielle a été signée dès 2005, explique Pascale Ribon. Nous travaillons sur la nouvelle charte depuis 2010, en interne et avec la CPU, la CDEFI, les ministères. L’unanimité était la condition de son efficacité. » La CGE prépare une boite à outils de sensibilisation des étudiants pour ses écoles. Comme la CPU et la CDEFI, elle demande aux établissements de réaliser un rapport social avec des indicateurs genrés. « Rendre les choses visibles est propice à l’action et à un suivi objectif » insiste Pascale Ribon.
Un mouvement général
En plus de ses enquêtes, la CDEFI va monter un Observatoire de l’égalité pour suivre l’évolution de la situation. Dans le même mouvement, la Commission du titre d’ingénieur (CTI) demande depuis mars des données genrées dans les dossiers de candidatures des écoles. « L’égalité est sujet de société, il doit donc être traité collectivement ; c’est ce que promeut cette Charte, explique Christine Gangloff-Ziegler. En donnant des objectifs d’actions et de progrès auprès des personnels et étudiants, dans l’enseignement et la recherche, en nommant dans chaque établissement un référent égalité, en partageant des outils et bonnes pratiques. » A ce, jour, près de 60 écoles et de 40 universités ont signé la Charte.
Un taux de féminisation du corps professoral inversement proportionnel au prestige de l’école
Le classement 2013 du FT indique le taux de féminisation des corps professoraux des écoles de management : 51 % RMS, 49 % Télécom EM, 48 % RBS, 45 % Skema, 40 % GEM et IAE Provence, 38 % TBS, 35 % ESCP Europe Mais aussi : 15 % INSEAD, 22 % BEM, 27 % HEC PARIS, 29 % ESSEC, 27 % Euromed, 32 % EMLYON, 34 % Edhec . Une disparité liée pour le professeur Ferrary de Skema au fait que « plus on monte dans la hiérarchie des écoles, plus publier est déterminant pour les enseignants-chercheurs. Or, cela se fait surtout après la thèse entre 28 et 36 ans, au moment où les femmes ont leurs enfants. Elles ont donc tendance à opter pour des écoles moins exigeantes pour les publications…»
Supérieur, où sont les femmes en 2013 ?
12 % de femmes directrices de grandes écoles
24 femmes directrices d’écoles sur les 218 dont 8 d’écoles d’ingénieurs
3 femmes dans le bureau de la CGE
1 femme au bureau CDEFI (soit 25 %)
2 femmes présidentes de commission CDEFI (soit 50 %)
Les présidentes d’universités en voie de disparition
9 présidentes sur 78 (soit 8 %) contre 14 en 2008 (16 %)
24 % de femmes dans le corps professoral
41,9 % parmi les maîtres de conférence
8 % des membres de direction
A. D-F