Spécial président(e)s
« Comment faire pour créer de la valeur perçue auprès de nos clients ? » Tel est le leitmotiv de Marc Lelandais, le prisme à travers lequel il regarde le management. Cet homme, capable de penser différemment, chez qui le rationnel et l’émotionnel s’équilibrent parfaitement, a toujours eu une propension à diriger. Il pilote depuis l’été dernier le groupe Vivarte, leader français de l’équipement de la personne, en qualité de PDG.
Après un DEA de Sciences Politiques, un DESS de marketing à la Sorbonne, un MBA en « Luxury Brands Marketing & International Management » de l’Institut Supérieur du Marketing du Luxe et un master en Management International de l’ESSEC, Marc Lelandais opte pour le secteur privé et fait ses premières armes chez Cardin. Il exerce ensuite ses talents dans divers métiers, le retail, les parfums, les cosmétiques, le business des licences, le marketing, la supply chain, ce qui lui permet d’observer et de comprendre les flux, le client, l’importance extrême du produit et de la façon de le mettre en scène. Après 6 ans chez Lancel, qu’il restructure, dont il opère la montée en gamme et le retour à la profitabilité, il prend, à l’été 2012, les rênes du groupe Vivarte, groupe sous LBO, une nouvelle aventure qui constitue une bonne synthèse de ce qu’il a fait auparavant.
Un groupe au modèle de développement unique
Leader français de l’équipement de la personne, Vivarte emploie 23 000 personnes et réalise 3,1 milliards d’euros. Ce groupe de 24 marques de mode, chaussures et accessoires, positionnées sur le segment premium ou le segment grand public, tire ses forces de sa puissance de distribution, de son exceptionnel maillage du territoire – avec 4 000 points de vente -, de la diversité et de la multiplicité de ses offres qui lui permettent d’adresser de nombreux segments de clientèle différents. Les hommes et les femmes constituent une autre des forces du groupe, une véritable pépinière de talents animés par une culture d’entrepreneuriat fondée sur l’initiative et la responsabilité individuelle, où « les idées, le sens de l’innovation et le sens du risque sont des valeurs plus prépondérantes que les systèmes ou les process. Le 3ème point de force est le portefeuille de marques et d’enseignes qui incarne bien le talent et la spécificité française et doit permettre au groupe de se déployer mieux à l’international. Tous les français ont une histoire, un rapport patrimonial, un lien affectif très fort avec nos marques, avec Kookaï, Naf Naf, Caroll ou André. »
Des idées, de l’audace, de l’innovation
Dès son arrivée, Marc Lelandais se concentre sur la modernisation de l’organisation, sur les métiers – de la création, du web, du marketing, du client -, pour remettre le produit et le client au centre de l’organisation à tous les niveaux, proposer l’offre la plus claire possible, rendre les enseignes suffisamment puissantes pour être référentes. Pour séduire plus et mieux les clientes, en période de crise, il mise sur l’excellence en matière de création, de qualité, de rythmes d’offre. Il compose progressivement sa garde rapprochée, s’entourant d’hommes et de femmes capables de relever la nouvelle vision et les nouveaux challenges du groupe.
« Je crois à la force des idées, de l’engagement, à la responsabilité du manager »
Définir une vision et une stratégie, être le gardien de son exécution, constitue le premier rôle d’un président, rôle qui se double d’un rôle d’entraînement, d’accompagnement, « je crois à la force des idées, de l’engagement, à la responsabilité du manager, pour moi un dirigeant est responsable par nature, un vrai manager est automoteur, il se construit dans le temps avec ses échecs et ses succès, par l’observation, l’analyse, la synthèse, la capacité de décision, toutes ces valeurs étant incompatibles avec une notion d’irresponsabilité. On est dirigeant, manager 24 h sur 24, c’est ce que je demande à mes patrons d’enseigne, de marque. J’ai fait du développement et des restructurations. Mon leitmotiv est toujours le même « comment faire pour créer de la valeur perçue auprès de nos clients ? C’est le prisme à travers lequel je regarde le management. »
De sa double expérience de conduite
dans des tempêtes et des situations complexes et de croissances fortes à 2 chiffres, qui mènent parfois jusqu’à une forme d’exubérance, Marc Lelandais a acquis une rationalité, une maturité par rapport aux illusions que peuvent procurer ces métiers difficiles, de l’instant, du détail, des métiers où il faut, pour réussir, penser différemment des autres, être capable d’atypisme, de particularismes dans le raisonnement. Face à un client par nature très exigeant, il faut être bon partout, se renouveler, bouger, exécuter vite. « Les bons managers sont souvent des gens très équilibrés entre le cerveau droit et le cerveau gauche. J’essaie de communiquer le plus possible, sans être non plus omniprésent. La valeur numéro 1 pour moi est la loyauté, qui permet la transparence du dialogue. Etre loyal c’est nécessairement passer par des phases d’arbitrage de son ego, c’est important dans un monde de mouvement, d’adaptation permanente. La capacité quasi culturelle de chacun de bouger et de proposer des idées nouvelles, donc d’oser, constitue la base de l’entrepreneuriat, il faut valoriser la culture de l’idée et de l’initiative. » « Concilier vie personnelle et responsabilités opérationnelles n’est pas un exercice difficile, c’est une question de choix, si on choisit, on réussit, « je ne pratique pas le mélange des genres », déclare Marc Lelandais. Président 24 h sur 24, il se préserve un espace d’un jour et demi pendant le week-end où il n’est plus joignable, et part avec sa femme et ses enfants en province.
Le métier d’entrepreneur, un métier de modestie
« N’est pas président qui veut, je crois que c’est un alliage entre des capacités personnelles, une volonté, cela se mûrit. Les grandes écoles sont des pépinières de présidents dans le sens où elles forment des jeunes à une culture d’élites, à l’observation, l’analyse, l’esprit de synthèse, de décision, je ne sais pas si elles les forment à faire jaillir de leur cerveau des idées et une réelle capacité à penser différemment. Les success stories, en matière de business sont très souvent liées à des innovations apportées par quelqu’un qui pense en dehors du cadre. Une structure est par nature un laminoir sémantique, dont il faut à un moment s’affranchir. Une grande école est pour moi un tremplin, après il va falloir se lancer dans la vie active, et puis oser. J’avais une propension à diriger, une faculté à penser autrement, je n’entrais pas nécessairement dans des cadres, des schémas de pensée préétablis. » La construction d’un dirigeant se fait sur l’alternance entre des succès et des échecs, il faut les deux pour arriver à un niveau de maturité. Une vie professionnelle n’est pas linéaire, il faut savoir réfléchir et franchir les étape sans les bruler, se remettre en question, c’est un subtil dosage entre l’ambition, la volonté, et l’ego. Au final le métier d’entrepreneur est un métier de modestie.
A la conquête de nouveaux territoires
En phase de transformation, Vivarte poursuit son développement à l’international et recrute sous diverses formes, stages, VIE, etc. Le groupe offre de nombreuses opportunités de carrière dans différents métiers, nouveaux métiers du numérique, marketing, création, merchandising, supply chain, finance, RH, etc., en Europe, en Asie, au Brésil. « J’attache plus d’importance aux personnalités qu’aux pedigree, à candidat égal, la différence vient de la personnalité, de la capacité d’empathie, d’ouverture, de l’énergie et la motivation. »
A.M.O.
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