« Le rebond » en Côte-d’Or, « Reconquérir la fierté ! » en Alsace et « Une France qui gagne dans un monde qui bouge » en région parisienne ; à l’été 2014, les patrons ont fait montre d’un dynamisme et d’une envie de gagner renouvelés. Fini le temps des pessimistes et haro sur le « french bashing ». Les Universités d’été des MEDEF nationaux et locaux ont témoigné de la capacité de résilience et de l’optimisme qui caractérise celui qui entreprend et dirige.
Des centaines de participants, des conférences, des débats, des plénières, des rencontres avec des auteurs ; les UE du MEDEF sont un moment d’échange, de partage et d’apprentissage. Les dirigeants viennent y trouver l’inspiration et échanger avec leurs pairs. A HEC Paris pour le MEDEF national, à l’ESC Dijon-Bourgogne pour le MEDEF Côte-d’Or, à l’EM Strasbourg pour le MEDEF Alsace, à KEDGE pour le MEDEF Gironde, les UE se tiennent depuis quelques années au sein d’ESC. David Butet, directeur de la société Strategic Event a transformé il y a 8 ans sous l’ère Parisot, l’UE du MEDEF national en un évènement ouvert aux parties prenantes des entreprises. « Les relations écoles/entreprises sont une des priorités du MEDEF. Etre dans un établissement d’enseignement supérieur signe la volonté d’apporter du fond, du contenu, de la réflexion. »
L’ouverture est une réussite : plus de 8 000 personnes assistent à l’UE du MEDEF à HEC. Pour la première édition en région à Dijon en 2011, l’UE du MEDEF Côte-d’Or a réuni 600 patrons et ils étaient 800 pour la 2e édition en 2014 à Strasbourg. Pour la directrice d’EM Strasbourg Isabelle Barth, accueillir l’évènement est une opportunité. « Aider la sphère économique de notre région avec qui nos liens sont historiques, est naturel. Je vais chaque année à l’UE du MEDEF national à HEC, organiser une UE pour notre MEDEF régional est une opportunité et une action utile pour ceux qui ne peuvent se déplacer. Les parons sont très pris par leurs entreprises, se sentent parfois isolés. Lors de l’UE ils peuvent se rencontrer, échanger et se ressourcer. »
Les UE pragmatiques et perspectives
Le thème du Rebond à Dijon visait notamment à sortir des stéréotypes. « Le MEDEF n’est pas l’organisme des grands patrons, résume David Butet. La majorité des entreprises sont des PME et TPE. » Les UE s’adressent de manière double aux patrons : pragmatique et perspective. « Venir aux UE permet de prendre du recul, de considérer sa place dans la société, d’anticiper. Mais le patron est aussi très concerné par les solutions et bonnes pratiques qui peuvent l’aider dans son quotidien. »
Des liens écoles/entreprises renouvelés via les UE
La manifestation permet aux écoles de se faire connaître des milieux économiques. « Certaines entreprises ne nous connaissent pas ou ne savent pas qu’elles peuvent proposer des stages, des alternances, des emplois à nos étudiants » confirme Isabelle Barth. Tenir les UE dans des ESC renforce les liens avec des entreprises, des recruteurs, des soutiens, et fait revenir des anciens dans leurs établissements. « Il ne faut pas négliger l’aspect convivial, souligne David Butet. On est dans l’ambiance summer camp à l’américaine. A HEC les patrons déjeunent dans l’herbe, à l’EM Strasbourg il y a un buffet. »
L’analyse de Valérie Gauthier, professeur à HEC
« Un esprit enthousiaste et combatif » Présente à l’UE du MEDEF national à HEC Paris, elle a « ressenti que les dirigeants veulent passer à autre chose. L’état des lieux des conséquences et difficultés liées à la crise est fait. Tout le monde est d’accord sur le diagnostic. Ce que les patrons attendent, ce sont des méthodes, des idées, des pistes de résolution de leurs problématiques. Ce qu’ils souhaitent, c’est agir et qu’on leur laisse la latitude pour agir. J’assiste tous les ans aux UE du MEDEF à HEC. Cette année, il soufflait un vent nouveau dans l’assistance. Les patrons ont le désir d’agir. L’ambiance était très motivante, dynamique, combattive. Les débats ont aussi mis en lumière qu’il y a de belles perspectives en France. »
L’intérêt pédagogique est plus complexe à définir. Peu d’étudiants et de professeurs assistent aux UE. « Ce n’est pas la nature du projet, précise Isabelle Barth. Cela dit, les thèmes abordés sont liés aux travaux de nos enseignantschercheurs. Ils y trouvent un intérêt pour rencontrer des patrons, écouter leurs messages et préoccupations. Des éléments qu’ils peuvent ensuite relayer dans leurs classes.»
Parler vrai et émulation
L’édition 2014 du MEDEF Alsace avait pour angle la fierté. « Ce thème est très intéressant car il permet des témoignages rares chez les dirigeants comme ceux sur l’échec. Il introduit aussi une dimension émotionnelle, de partage du ressenti, de parler vrai. » Les patrons n’étaient ni dans la revendication ni le déballage. Ils ont vécu une forme de catharsis, « cela leur a fait du bien d’entendre des choses rarement formulées » confirme Isabelle Barth.
Retrouver la confiance
Les thèmes des UE ont une forte résonnance dans le contexte actuel. Contre la morosité, le dépit, le désengagement parfois, les patrons ont réaffirmé leur fierté de leur métier, de leurs équipes, de leurs entreprises et de leur pays. « Le dire est important, souligne Isabelle Barth. La confiance est une forme de thérapie. N’oublions pas qu’un des de raisons de ne pas faire. C’est cette caractéristique fondamentale des entrepreneurs que les patrons ont montré cet été à travers toute la France. » Ce regain s’est accompagné de l’idée de créativité, d’oser, de ne pas se brider dans la recherche de solutions.
http://www.uealsace.fr/programme/
Leçons de vie et de management
« Les échanges entre patrons sont sources d’enseignements pour nos étudiants, conclut Isabelle Barth. Ils leur montrent qu’il faut apprendre de ses échecs pour rebondir et avancer, qu’il y a une différence majeure entre la faute et l’erreur. Mais aussi qu’il faut être fier de soi, d’être différent. Que l’on peut être fier sans être dans le toujours plus, sans être orgueilleux. »
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3 questions à Christophe Nguyen, étudiant à l’EM Strasbourg
« Ecouter les dirigeants m’a donné envie de tenter quelque chose ! »
Quel est votre sentiment général sur la manifestation ?
J’avais un double intérêt à y assister. Pour sa couverture en tant que community manager de mon école ; et un intérêt personnel sur ce que ressentent les dirigeants, leur regard sur la situation économique, des entreprises, leur métier. La problématique de la fierté est un thème très actuel. Car on sait que des entreprises sont en difficulté. Réfléchir aux solutions à mettre en place, partager les bonnes pratiques est essentiel. J’ai senti que les dirigeants ont été remotivés par ces échanges.
Quels messages vous ont marqué ?
J’ai apprécié qu’au lieu de parler de crise, les patrons parlent de solutions ; qu’ils l’évoquent comme une étape pour progresser. Ils parlaient aussi beaucoup des atouts et talents de la France. De comment les mettre en valeur. Ils oubliaient cet état de crise pour se projeter et réagir. J’ai aussi été intéressé de les entendre parler du fait qu’ils sont très concernés par la dimension sociale, le chômage. Ils ont évoqué l’enjeu managérial de souder les équipes dans un contexte tendu. Ils se sentent très impliqués et responsables de la dimension humaine. Ils ont parlé de management agile où l’homme est au centre et l’humain un vecteur de résultats et de réussites.
Qu’en avez-vous retiré en tant qu’étudiant ?
L’envie de tenter quelque chose ! La conviction que c’est possible. L’idée qu’un échec n’est pas une barrière, mais un levier de motivation pour rebondir et réussir. Je vais donc tenter, au pire des cas ça fonctionnera !
A. D-F