Ingénieures au féminin
Des développements subsea profonds aux infrastructures offshore et onshore vastes et complexes, Technip s’illustre dans le secteur du pétrole et du gaz, et désormais dans d’autres secteurs de l’énergie. Tour d’horizon avec Marie- Christine Charrier (UTC 80, IFP 81), Directeur Technologies chez Technip.
Technip est un leader mondial du management de projets, de l’ingénierie et de la construction pour l’industrie Oil & Gas, très actif dans trois segments que sont les infrastructures sousmarines, les plate-formes en mer et les installations terrestres. A tout moment des étapes d’un projet, maitriser le flux d’informationset les interfaces entre métiers, c’est vraiment notre particularité. Sous la mer, Technip maitrise la technologie des flexibles et des tuyaux qui vont aller chercher le pétrole et le gaz, avec cette particularité de maitriser toute la chaine de valeurs en développant les produits, en ayant les usines qui les construisent, les bateaux qui les transportent et qui les posent. Sur la mer, Technip est à la fois architecte et entrepreneur en réalisant l’ingénierie des plateformes et bateaux de production de gaz et pétrole, puis en supervisant leur construction. Shell a choisi le groupe pour réaliser le premier bateau flottant de liquéfaction de gaz en mer qui devrait être opérationnel fin 2015. Le groupe d’ingénierie est très bien placé pour aller vers les énergies nouvelles. En offshore wind, il vient de gagner en consortium un projet pour implanter un parc éolien en mer au large de Saint-Brieux. Enfin Technip est l’un des premiers groupes mondiaux dans la réalisation d’unités de raffinage, de pétrochimie et de traitement de gaz avec son segment onshore qui englobe l’ensemble des installations terrestres pour le pétrole et gaz, la pétrochimie mais aussi d’autres industries de l’énergie (nucléaire, extraction de minerai, renouvelables dont biocarburants.)
30 000 collaborateurs dans 48 pays
Auparavant patron d’une structure de 300 personnes qui développe les Procédés et Technologies onshore et offshore, Marie-Christine Charrier est depuis 4 mois Directeur Technologies de la région A (Europe de l’Ouest, Afrique, Inde et Pakistan), l’une des sept unités opérationnelles régionales du Groupe. Elle intervient plus particulièrement dans les domaines onshore et offshore. « Ma mission consiste, en fonction de notre stratégie business, à développer et orienter nos technologies et nos savoir-faire mais aussi les protéger face à la concurrence. J’ai la responsabilité de promouvoir aussi les initiatives de partenariats avec des détenteurs de procédés afin de valoriser notre image technologique, avec des clients pour le développement de produits nouveaux, avec des fournisseurs pour la conception d’équipements plus performants, etc. Enfin je suis aussi chargée de valoriser l’expertise technologique auprès de nos clients, de la proposer en interne au service des projets qui se font dans les autres régions du monde. Du fait de mon expertise dans le raffinage, j’ai également une autre fonction Corporate en tant Responsable de la ligne de produit Raffinage pour l’ensemble du Groupe. »
Quelle sont les possibilités d’évolution pour les jeunes ingénieurs chez Technip ?
L’ingénierie est vraiment une manière de travailler ensemble, surtout dans un Groupe multidisciplinaire comme Technip. Seul, on ne sait rien faire et tout cela ne s’apprend pas en un jour. Après environ 5 ans d’apprentissage des bases de l’ingénierie, puis 3 à 5 ans d’expériences diverses avec les premières responsa- bilités de leader dans des disciplines ou des projets différents, plusieurs voies d’évolution et de métiers s’offrent aux jeunes ingénieurs. Celle d’Ingénieur de Projet, puis d’Engineering Manager et enfin de Directeur de Projet. On peut rester dans un domaine technique, comme Manager d’un des métiers de l’engineering de gros projets à la tête de 20 à 30 ingénieurs procédés, par exemple, et ensuite passer Chef de Département ou de Division technique, c’est-à-dire intervenir sur plusieurs projets comme garant sur un domaine d’activité bien spécifique. Pour qui n’a pas trop la fibre mana- gériale, il existe la voie de l’expertise (Expert, Main Expert, General Expert) ou la voie commerciale, réservée chez Technip à des ingénieurs de formation. Une de mes missions est d’ailleurs de favoriser la carrière technique et technologique, d’inciter nos ingénieurs à rester dans la technique pour faire évoluer nos savoir-faire. Je dois trouver les moyens pour que nos « experts » ne soient pas toujours pris dans le feu des projets et arrivent à prendre du recul pour regarder l’avenir.
Comment êtes-vous devenue pionnière dans une profession qui se conjugue plutôt au masculin ?
J’ai vécu mon enfance en Afrique et l’année de mon bac je lis que l’Université Technologique de Compiègne se crée avec une formation en biotechnologie alimentaire. A l’époque, j’y vois l’opportunité de retourner en Afrique à l’issue de mes études et je m’y inscris. Finalement le génie chimique et la chimie m’intéressent… J’ai aussi la chance d’avoir ma candidature acceptée pour une spécialisation à l’ENSPM de l’IFP. Nous sommes deux femmes sur une promotion de 36 élèves. A l’époque, les compagnies pétrolières ne recrutent pour ainsi dire pas de femmes. Heureusement, l’ingénierie parapétrolière oui ! C’est ainsi que j’ai rejoint Technip où nous sommes aujourd’hui à parité hommes/ femmes au sein de la Division « Procédés et Technologies » dans laquelle j’ai évolué. Cette mixité apporte beaucoup dans la manière de travailler en équipe car les femmes et les hommes n’abordent pas les problématiques de la même façon.
B.B.