Sciences Po : promoteur historique de la liberté intellectuelle

Sciences Po forme des personnalités, des citoyens, des membres actifs de la communauté sociale, économique et politique depuis 1872. Hervé Crès, directeur adjoint de l’institution, directeur des Études et de la Scolarité et de l’École doctorale de Sciences Po, est notre guide dans les grandes étapes de son histoire qui l’ont menée au rang d’université sélective internationale et innovante en 2010.

Hervé Crès, directeur adjoint de l'institution, directeur des Études et de la Scolarité et de l’École doctorale de Sciences Po « L’ambition de Sciences Po a toujours été de dépasser la seule préoccupation de la formation pour proposer une éducation répondant aux enjeux du monde contemporain. »
Hervé Crès, directeur adjoint de l'institution, directeur des Études et de la Scolarité et de l’École doctorale de Sciences Po « L’ambition de Sciences Po a toujours été de dépasser la seule préoccupation de la formation pour proposer une éducation répondant aux enjeux du monde contemporain. »

Sciences Po créé pour refonder la formation des responsables de demain
Sciences Po fut fondé en 1872 par Émile Boutmy au lendemain de la guerre de 1870. « La défaite contre la Prusse n’était pas analysée comme une débâcle uniquement militaire, mais aussi une faillite de l’Éducation. Il s’agissait de refonder la formation des responsables de demain. L’ancrage intellectuel était pluridisciplinaire, couvrant tous les champs des « sciences politiques ». Des formations spécialisées étaient irriguées par et pour le monde professionnel. Elle devint durablement un passage privilégié pour réussir les concours des grands corps de l’État comme des carrières de haut niveau dans le privé. »

 

 

Émile Boutmy a fait de la liberté intellectuelle le coeur du projet éducatif
Quelles sont les qualités des diplômés qui font écho à ce projet ?
Travail en équipe, courage intellectuel, capacité à affronter les difficultés, à assumer la complexité, à défendre le respect et la considération comme valeurs fondatrices de la civilité. Mais aussi qualités d’imagination, d’invention, d’innovation et d’aptitude à la conduite du changement et capacité d’expression publique à l’écrit et à l’oral.

Un rayonnement portés par de grands noms
Des hommes politiques au niveau international – Boutros Boutros-Ghali, DSK, Pascal Lamy – comme de très nombreuses personnalités politiques nationales ; Sciences Po a aussi formé des artistes, écrivains, journalistes et hommes d’entreprise renommés.

Émile Boutmy, fondateur de Sciences Po a fait de la liberté intellectuelle le coeur du projet éducatif
Émile Boutmy, fondateur de Sciences Po a fait de la liberté intellectuelle le coeur du projet éducatif

Quels développements structurants ont porté les directeurs de Sciences Po ?
Émile Boutmy (1835-1906), intellectuel libéral, homme de réseaux, entrepreneur, fut le premier directeur. Ses principes intellectuels et pédagogiques constituent les piliers de l’institution. Il crée les « conférences de méthode » en petits groupes favorisant les échanges et le débat.
André Siegfried (1875-1959) sociologue, historien et géographe a été professeur et le premier président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) en 1945. François Goguel (1909-1999), l’un des fondateurs de la géographie électorale, contribua au développement de l’enseignement et de la recherche en science politique, en tant que professeur et président de la FNSP. En sauvegardant les intérêts éducatifs et institutionnels et en façonnant la scolarité, Jacques Chapsal (1909-1990) fait entrer l’institution dans la modernité après la Seconde Guerre mondiale.
Alain Lancelot (1937-) ancre la formation dans les enseignements en enjeux politiques, économiques et sociaux des sociétés contemporaines, et grandes lignes de partage de l’espace mondial. Richard Descoings (1958-), directeur depuis 1996 a fait de Sciences Po une université sélective internationale et innovante.

Sous le signe de l’ouverture
Au début du XXe siècle, Sciences Po signe ses premiers accords d’échange et est mixte dès 1919. Depuis 2000, tous les étudiants effectuent leur 3e année à l’étranger. Sciences Po a conclu 350 accords avec des universités, dont 32 de doubles diplômes. Les étudiants étrangers venus de 130 pays représentent 40 % des effectifs. L’éducation multiculturelle connaît son expression la plus aboutie sur les six campus régionaux dédiés aux relations internationales par grandes régions du monde.

Dès 1998, Sciences Po articule ses niveaux de formation selon le schéma européen de Bologne ?
L’organisation en Collège, écoles professionnelles et école doctorale rend Sciences Po compatible avec les universités mondiales. Les 1ers cycles sont rassemblés en un Collège universitaire unique sur sept campus multiculturels. Des écoles spécialisées de niveau master sont créées en journalisme, communication, droit et affaires internationales.

Comment se traduit la politique de mixité sociale ?
Le nombre de boursiers est passé de 6 % en 2000 à 21 % en 2010 (jusqu’à 54 % pour ceux recevant les bourses les plus élevées). La création il y a 10 ans des conventions « Éducation prioritaire » a été une étape clé du processus. Elles associent Sciences Po et 85 lycées situés en zones isolées ou défavorisées, et les 730 élèves qui en ont bénéficié se placent avec le même succès que leurs condisciples.

A. D-F