Impératrice incontestée des rings où elle a connu toutes les victoires, Sandra Jacob-Geiger a transporté sa science du combat et son insatiable quête de perfectionnement sur le terrain des rapports humains et du management. Portrait d’une coach pas tout à fait comm e les autres…
« Longtemps, la boxe a été une manière de prendre confiance en moi et également, sans doute, de prouver quelque chose. Et puis, il y a la pratique, les qualités qu’elle exige : sens de l’effort et du mouvement, lucidité extrême, justesse et contrôle – il s’agit de gagner, non de blesser – intelligence pour la stratégie et àpropos pour la prise de risque. Tout de suite, j’ai adoré ça ! ». « Prouver quelque chose » ?… C’est fait et de quelle manière : championne du monde de boxe française à 20 ans, Sandra a ensuite décliné le noble art à l’infini pour remporter TOUS les titres mondiaux : boxe thaï, kick-boxing, boxe anglaise… Puis il y eut la rencontre de Jacky, son futur mari, et la naissance de leurs deux enfants, un début de sérénité et, plus fort que tout, l’envie de donner « du sens » à son action. Réalisant qu’elle enseignait la boxe aux plus jeunes depuis l’âge de 16 ans et possédait quelques qualités de pédagogue, Sandra oublie son diplôme d’ingénieur des ventes et reprend ses études pour obtenir un Master en analyse et gestion de l’environnement.
Vers le juste combat
Elle monte alors à Strasbourg Eden Conseil, son cabinet ; mais s’apercevant vite lors des audits en entreprise que le développement durable est souvent l’arbre qui cache la forêt, elle « s’arme » mieux, passe un diplôme de médiatrice, se fait championne de la prévention et de la résolution des conflits. « Je mène un combat pour éviter les combats » résume-t-elle. En entreprise, son attention affûtée par la boxe perçoit immédiatement flux d’énergie et blocages et elle oriente subtilement son discours vers la nécessité d’obtenir l’adhésion et l’implication de chacun, « relation interpersonnelle et reconnaissance sont indispensables pour faire émerger cette identité collective qui seule conduit à la réussite ». Tout se déploie ensuite naturellement : « les tensions résorbées, le champ des possibles s’ouvre, la co-construction se met en place, les résultats s’invitent et, cerise sur le gâteau : les gens sont plus heureux ». Sandra aussi, qui sait qu’elle mène désormais de justes combats au fait qu’elle en ressort « non pas épuisée, mais, au contraire, rechargée ».
Maître ET élève
Ayant bénéficié des enseignements d’un entraîneur qui était également un chercheur, Sandra ne cesse de remettre en question ses méthodes, de s’adapter, inventer. Elle a ainsi mis au point un process de médiation des conflits par la boxe. « En situation de combat, on ne triche pas ; ce qui ne pouvait s’exprimer par les mots jaillit du corps : blocages, peurs, agressivité, tout on tient là un formidable outil de progrès. Le coach, c’est celui qui prend du recul pour vous et vous permet d’envisager les choses sous un angle différent. Ajoutez à cela une dimension ludique, la notion de plaisir, et vous obtenez des résultats surprenants. » Sandra a aujourd’hui soif de transmettre ce qu’elle a compris. A tous. Animatrice de conseils de quartier, investie dans la démocratie participative, enseignant la boxe aux plus jeunes, elle ne cesse elle-même d’apprendre « Quoi donc ? Les mécanismes qui régissent individus, groupes ou systèmes, et comment en jouer pour parvenir à une relation équilibrée épanouissante pour chacun ». Après bien des combats, plus difficiles : celui du bonheur… partagé.
J.B.