L’ECOLE SPÉCIALE MILITAIRE (ESM) DE SAINT-CYR FORME DES OFFICIERS POUR ENCADRER LES UNITÉS OPÉRATIONNELLES DE L’ARMÉE DE TERRE, PUIS À ÉVOLUER AU SEIN DES ÉTATS-MAJORS. UNE PARTIE D’ENTRE EUX DÉCIDE DE REJOINDRE LE MONDE DE L’ENTREPRISE. DANS TOUS LES CAS, ILS INCARNENT ET DÉFENDENT UNE CERTAINE IDÉE DE LA FRANCE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE. ENTRETIEN AVEC LE GÉNÉRAL FRÉDÉRIC BLACHON, DIRECTEUR DES ÉCOLES DE SAINT-CYR COËTQUIDAN.
Quelles sont les ambitions pédagogiques de l’ESM ?
Nous avons deux impératifs. D’abord de former les futurs officiers au court terme à être opérationnels en tant que chefs de section, et pour le long terme, à devenir des chefs dotés d’une capacité de réflexion élaborée.
Plus qu’à un grade, nous formons des chefs dotés de qualités de leaders, d’engagement, de réflexion, de commandement.
Quel est le second impératif ?
Saint-Cyr est l’une des rares écoles militaires au monde à proposer une formation initiale intégrée depuis 1809. Nous préparons nos élèves dans trois composantes : militaire, académique et humaine. Les décisions militaires engagent des hommes et leur pays. Cette intelligence des situations se travaille de manière à ce que la bonne décision soit prise en une fraction de seconde grâce à une solide culture.
Nous exigeons de nos étudiants qu’ils comprennent comment fonctionne une section mais aussi qu’ils développent un vrai raisonnement politique.
Que recouvrent les trois dimensions de la formation ?
La formation militaire prépare au métier de chef de section. La partie académique est double. L’ESM est à la fois une école militaire et une école d’ingénieurs. Sur des promos de 125 étudiants français, la moitié suit le cursus ingénieurs, l’autre moitié un cursus qui s’apparente à celui d’un IEP. La formation humaine coiffe les deux autres dimensions. Un futur officier ne peut pas être limité à être un bon exécutant, ni être un pur esprit qui aurait du mal à s’imposer auprès de ses hommes. La formation humaine les initie au rôle de chef, les fait réfléchir au plan philosophique et éthique. Décider demande du courage et un fort sens des responsabilités.
Notre objectif est de former des chefs conscients de leurs devoirs et de leurs responsabilités, des chefs exemplaires.
Vous formez aussi de futurs cadres d’HEC, de l’ESSEC et de Sciences Po, que viennent-ils chercher à Saint-Cyr ?
Précisément la capacité à commander et à développer leur leadership. Nous formons ainsi en début de cursus un tiers des promos d’HEC et l’ensemble des élèves de l’ESSEC. Nous avons des accords de double diplôme avec l’ESSEC et Sciences Po.
Notre expertise d’école du commandement est de former de futurs responsables à décider dans l’adversité.
Le modèle de Saint-Cyr attire-t-il des étudiants étrangers ?
De plus en plus ! Nous accueillons 150 étudiants étrangers par an, en échange ou en formation diplômante. Nous recevons des délégations pour présenter notre modèle et nos officiers réalisent des missions de conseil ou d’audit à l’étranger.
Quels sont les atouts des Saint- Cyriens qui font le choix de rejoindre une entreprise ?
Nos diplômés possèdent chacun une expertise comme la logistique ou le génie électrique, et des savoir-faire en matière de gestion individuelle et collective des hommes. Ils possèdent également des qualités d’organisation, d’analyse, de réflexion.
Qu’apportent Saint-Cyr et ses diplômés au pays ?
Former des officiers, c’est contribuer à la défense des intérêts vitaux et stratégiques du pays et à la protection des Français où qu’ils se trouvent. L’armée française est l’une des rares au monde, avec l’américaine et la britannique, qui sait tout faire. Nous avons la capacité à nous projeter, renseigner, observer, frapper en profondeur ou de manière chirurgicale, reconstruire, etc. Notre armée est considérée comme fiable par ses alliés et les pays amis. L’officier français est un bon ambassadeur. Il est conscient qu’il est la voix de la France par son comportement et ses décisions.
L’officier français contribue à la francophilie et à la francophonie dans le monde.
Par Ariane Despierres-Féry