C’est une injonction faite très tôt aux étudiants. Pour trouver un stage ? Un emploi ? Réseautez ! Mais lorsqu’on a 20 ans, on n’en perçoit pas nécessairement l’intérêt ni les codes. Echanges avec ses camarades de classe, avec les professeurs, engagement associatif ou sportif, stages, apprentissage, séjours académiques à l’étranger, réseau d’anciens… l’université et l’école sont pourtant l’endroit idéal pour réseauter.
Car réseauter ne se compte pas en followers ni en retweet. Soyez présents sur les réseaux sociaux, notamment professionnels (LinkedIn, Viadeo, Twitter…), mais préférez le réel au virtuel. N’hésitez pas à participer aux évènements organisés par votre établissement qui sont autant d’occasions de faire de nouvelles connaissances, donnez des nouvelles à vos anciens profs, adhérez à l’association des anciens… Les écoles font appel aux diplômés pour participer à des jurys ou témoigner devant les étudiants. N’hésitez pas à vous porter volontaire, dans une optique d’échanges et pas simplement utilitaire. Certains conseils reçus ou donnés peuvent changer radicalement le cours de votre carrière !
Les femmes ont encore plus intérêt à réseauter. Une fois dans le monde professionnel, malgré de récentes mesures prises par le gouvernement qui contribuent à améliorer les choses, elles risquent de se heurter au fameux plafond de verre, qui les empêche d’avoir la même progression de carrière que les hommes. La dernière enquête d’insertion des jeunes diplômés réalisée par 173 écoles membres de la conférence des Grandes Ecoles note ainsi que « du taux net d’emploi au contrat de travail, en passant par le salaire et le statut de cadre, tous les indicateurs sont moins favorables aux femmes ». Elles ont donc tout intérêt à se serrer les coudes.Dans le cadre d’un travail de recherche*, nous avons interrogé 40 dirigeantes dont les entreprises ont une croissance remarquable (sachant qu’il y a encore relativement peu de femmes à la tête de ce type d’entreprise) : 2/3 d’entre elles sont engagées dans des réseaux professionnels, dont la moitié très fortement. De là à dire qu’il y a un lien entre réseautage et succès…
Ces femmes font confiance à 3 types de réseaux. En premier lieu, elles privilégient les groupes de dirigeants issus de leur secteur (60 %). Qu’elles bénéficient de conseils ou qu’elles en donnent, quand elles se donnent un peu de temps, elles témoignent du fait que ces interactions sectorielles leur ont permis d’opérer d’importants tournants stratégiques. Elles font ensuite confiance aux groupes plus généralistes de dirigeants et d’entrepreneurs (40 %). Dans ce type de réseau, l’énergie d’entreprendre, la question des transferts de bonnes pratiques boostent leur leadership. Les groupes institutionnels dotés d’une mission économique locale arrivent en 3ème position sur leur échelle de confiance (25 %). C’est là que les entrepreneures identifient des leviers socio-économiques décisifs qui leur permettront de renouveler progressivement leur modèle d’affaires. Le réseau incite à maintenir une discussion avec les autres mais surtout avec le devenir de son entreprise. Enfin, 1/3 d’entre elles appartiennent par ailleurs à un réseau associatif qui, selon elles, maintient leur lien avec la société civile pour donner plus de sens à leur activité.
* Enquête réalisée par Noreen O’Shea et Renaud Redien-Collot de juin à septembre 2013 comportant 2 volets. 40 dirigeantes d’entreprises de croissance interrogées. Ces dirigeantes sont issues du palmarès « Women Equity for Growth » de ces 4 dernières années qui distingue les entreprises françaises de croissance remarquable dirigées par des femmes.
Par Renaud Redien-Collot,
enseignant-chercheur à Novancia Business School Paris et Président du conseil scientifique de Women Equity for Growth