L’Université de Paris accueillera près de 60 000 étudiants dans ses locaux parisiens © Sergio Grazia
L’Université de Paris accueillera près de 60 000 étudiants dans ses locaux parisiens © Sergio Grazia

Regroupements d’universités : unies dans l’adversité

Déjà six ans que la loi Fioraso sur les regroupements universitaires a été votée par le Gouvernement. Le paysage du supérieur français est aujourd’hui redessiné, moins éclaté. Mais l’objectif n•1 a toujours été de renforcer les synergies pour faire front, ensemble, sur le champ de bataille international. Pari réussi ?

 

Historiquement indépendantes, les universités se sont rapprochées, alliées, unies. Avec la promulgation de la loi relative à l’Enseignement supérieur et à la Recherche du 22 juillet 2013, a.k.a « loi Fioraso » en référence à la ministre initiatrice, chaque acteur du sup’ doit se grouper avec un autre. Plusieurs options :

En mode fusion pour ne former qu’une seule université de droit commun. Comme l’Université de Paris qui rassemble désormais les universités Paris Descartes, Paris Diderot et l’institut de physique du globe de Paris (IPGP). Un nouvel établissement pluridisciplinaire, avec quatre grands domaines de formation : la branche juridique, économie et gestion, les lettres et les sciences humaines et sociales, les sciences et technologies et enfin, la santé. Ainsi fusionnées, les deux universités seront dissoutes au 1er janvier 2020, renaissant sous le nom « Université de Paris ». L’IPGP, établissement-composante, conserve son nom et sa personnalité morale. Mais tous les trois formeront bien une seule et même entité publique à caractère scientifique, culturel et professionnel. Pour le moment, pas de déménagement prévu.

Sous forme de communauté d’universités et d’établissements (ComUE), chapeautée par un conseil d’administration, un conseil académique, un conseil des membres et un président élu. C’est le cas de l’Université Paris-Saclay. Nouvelle institution, levier de notoriété et de visibilité et cadre privilégié de programmes doctoraux, Masters et Licences. Parmi les organismes membres : AgroParisTech, CentraleSupélec, l’Université Paris-Sud, l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay, l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines… Tous installés, ou bientôt, sur le campus du plateau de Saclay. LE nouveau lieu de vie scientifique, la Silicon Valley à la française ?.

Par association à un établissement ou à un organisme public / privé à caractère scientifique, culturel ou professionnel. L’Université de Reims Champagne-Ardenne a par exemple lancé un réseau d’établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche de Champagne-Ardenne depuis le 1er janvier 2018. NEOMA Business School, CentraleSupélec, Y Schools, le CHU de Reims, l’ESAD… L’ambition de cette association ? Monter des projets communs dans les domaines de la recherche et de l’innovation.

Aujourd’hui : 19 ComUE / 7 associations / 2 fusions / Source : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Allô le monde

Ensemble, les universités, les grandes écoles et autres établissements de formation vont plus vite, plus haut, plus fort ! L’objectif ? Asseoir la reconnaissance et l’attractivité de l’enseignement supérieur français à l’international. L’ouverture institutionnelle a notamment permis de lancer des pôles de recherche communs : financements mutualisés, projets partagés, innovations boostées…

Car l’excellence scientifique peut en effet permettre aux établissements de se rendre plus visibles et d’être valorisés dans le monde entier. Le cheval de bataille pour remonter dans les classements internationaux des meilleures universités.

Classement de Shanghai 2019

Les chercheurs renommés et les travaux novateurs sont en effet un critère privilégié par la plupart des classements des universités mondiales, comme le classement de Shanghai. Le plus reconnu, le plus attendu. Le milieu universitaire scrute de près ce palmarès réalisé chaque année. Une référence pour connaître le top de l’enseignement supérieur !

Cette année, le podium est remporté par le trio anglo-saxon Harvard (USA), Stanford (USA) et Cambridge (Angleterre). Comme en 2018 : indétrônables. Par rapport à 2018, la France reste la 6è nation qui domine le classement mais sa meilleure université n’est plus la même. L’université Paris-Sorbonne, à la 44è place, est dépassée par l’Université Paris-Sud qui se hisse à la 37è place. Troisième établissement français à atteindre le top 100 : l’Ecole normale supérieure à la 79è place.

Si on note une légère progression, les universités françaises se font malgré tout encore discrètes. Aucune nouvelle arrivée dans le classement. Même les regroupements universitaires ne semblent pas avoir changé la donne. Car si Sorbonne Université, résultat de la fusion entre Paris-Sorbonne et l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) en 2018, côtoie le rang mondial c’est que l’UPMC y figurait déjà depuis des années. La loi relative à l’enseignement supérieur et à la recherche n’a pas eu d’impact significatif sur la place des établissements dans ce palmarès. Elle n’a en effet pas provoqué la visibilité internationale espérée. Certains, comme Gilles Roussel, président de la Conférence des présidents d’université (CPU), clament un manque de moyens financiers alloués à la recherche, bien plus élevés aux Etats-Unis par exemple. L’enseignement supérieur français doit-il s’adapter davantage aux standards internationaux ? Affaire à suivre.

Et pour les étudiants, ça change quoi ? Évidemment, les regroupements universitaires sont aussi une piste d’amélioration de la réussite des étudiants. Rassembler les acteurs du supérieur français a permis de développer davantage de filières croisées. Des cursus pluridisciplinaires qui répondent de plus en plus aux enjeux transversaux du monde. Plus de diversité, plus de flexibilité, pour des parcours plus personnalisés et décloisonnés. Autre avantage : les étudiants auront aussi plus de faciliter à passer d’un établissement à un autre. Des passerelles ont en effet été développées. Plus envie de devenir médecin, passez historien !