Salam à tous,
Casablanca, la ville blanche, est la 1ere étape de notre périple africain. Ville cosmopolite, à la croisée des mondes arabes, européens et africains, Casa est également la capitale économique du Maroc. Son dynamisme nous a séduit et convaincus d’y mener nos investigations circulaires.
A l’automne prochain, les projecteurs seront tournés sur Marrakech où se tiendra la COP22. Après une COP21 qui s’est achevée en décembre dernier sur de nombreuses déclarations des chefs d’États, les regards sont tournés vers la prochaine COP, où un véritable passage à l’action est attendu. Les initiatives du gouvernement marocain et du roi Mohamed VI sont nombreuses : plan vert pour l’agriculture, construction dans le Sahara de Noor1 (plus grande centrale solaire au monde). Les grands projets se multiplient et en termes de développement durable, le Maroc fait preuve d’un volontarisme politique que nous n’avons pas observé en Amérique du Sud.
Paradoxalement, après une première recherche, les projets circulaires ne se bousculent pas au portillon. Si le gouvernement soutient des projets d’envergure, aucune subvention ou soutien n’est accordé aux initiatives d’entrepreneurs, ce statut étant d’ailleurs très peu répandu au Maroc. Mais heureusement, les choses sont en train d’évoluer, et dans le bon sens. Pour le comprendre, il faut remonter quelques années en arrière.
2011, le printemps arabe bouscule la région. Le Maroc ne fait pas exception et un vent de fraicheur souffle sur cette monarchie très conservatrice. Les velléités de changement sont vite éteintes par le roi qui annonce une réforme constitutionnelle et se distingue par son habileté à satisfaire les protestataires, tout en conservant le pouvoir. Mais des revendications ont été entendues. Depuis 3 ans, la toute puissante OCP, compagnie qui exploite les immenses réserves de phosphate marocaines, a commencé à soutenir l’entrepreneuriat. Sous l’impulsion de cette manne financière inédite, des incubateurs ont vu le jour à Casablanca et Rabat notamment, où de nombreux projets naissent et sont accompagnés chaque mois. Nous avons étés les témoins privilégiés de l’éclosion d’un écosystème d’entreprises sociales : une génération d’entrepreneurs voit le jour au Maroc, et se lance avec conviction .
Si cet écosystème est plein de promesses pour la suite, les entreprises sont souvent très jeunes et dans leurs premiers stades de développement. Deux très belles rencontres et découvertes cependant, AVEO Energie et Kilimanjaro Environnement, des PME qui jouent la carte de l’énergie locale dans un pays en froid avec son voisin algérien, qui importe aujourd’hui 90% de son énergie du Moyen-Orient. Deux figures de proue pour l’entrepreneuriat circulaire au Maroc… On vous laisse découvrir!
Travail avec les entrepreneurs
La plupart des restaurants marocains jettent leurs huiles de cuisson directement dans l’évier. A la clef :
Dégradation des égouts, hausse des coûts de traitement des eaux usées et pollution des milieux naturels. Depuis 2010 Kilimanjaro Environnement fait face à ce problème en organisant une collecte auprès de restaurateurs et industriels pour les transformer en biocarburants !
Cerise sur le gâteau chaque tonne de biocarburant utilisée à la place d’un carburant classique permet d’éviter l’émission de 2,6 tonnes de CO2 !
L’entreprise est en pleine croissance, compte aujourd’hui 70 employés et travaille avec des grandes enseignes comme Mc Donald ou Pomme de Pain. Kilimanjaro souhaite se développer sur tout le continent africain, le marché potentiel est estimé à un milliard de dollars ~ à suivre de très près !
Découvrez en plus en lisant notre étude de cas : https://lc.cx/4mfh et retrouvez toute l’actualité de Kilimanjaro Environnement sur son site internet ou sa page facebook !
Impacts de Kilimanjaro Environnement
Nous avons échangé avec Youssef sur les différents impacts environnementaux de Kilimanjaro Environnement.
La collecte d’huile existe au Maroc de façon informelle. En structurant cette activité, Kilimanjaro Environnement a de nombreux impacts positifs, notamment environnementaux :
Sans Kilimanjaro Environnement, la plupart des huiles alimentaires finiraient avec les eaux usées. A partir de là, deux possibilités :
•Les eaux ne sont pas traitées et détériorent un milieu naturel. L’huile est un élément particulièrement nocif : 1 litre d’huile peut contaminer 1 000 000 litres d’eau.
•Les eaux sont traitées avant d’être rejetées dans l’environnement. Séparer l’huile de l’eau nécessite l’installation de bassins de décantation, couteux à installer. Des eaux usées sans huiles sont plus faciles et moins chères à retraiter
D’autre part, en fabriquant localement un biocarburant, KE évite une importation de pétrole du Moyen-Orient et donc une chaine logistique fortement émettrice de CO2. Afin de communiquer sur son impact, Youssef se base sur un équivalent carbone unique établi par la commission européenne qui établit que l’emploi de biocarburant réduit d’au moins 60% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au diesel classique.
Il est possible de regrouper ces impacts positifs sous la forme d’un équivalemment carbone à l’aide des outils de la base carbone de l’ADEME (http://www.bilans-ges.ademe.fr/)
Aveo Environnement – Le leader de l’énergie biomasse au Maroc
Au Maroc, on a pas de pétrole mais on a des olives !
C’est le constat d’AVEO Energie, leader des solutions énergétiques biomasses au Maroc. AVEO Energie, c’est l’histoire de 3 investisseurs qui après avoir racheté une usine de production d’huile d’olive au Maroc recherchent un débouché aux 70 000 tonnes de restes d’olives non valorisées en sortie.
Leur idée : valoriser ces « grignons » d’olive comme combustible alternatif pour chauffer les spas de grands hôtels de Marrakech ou alimenter des chaudières industrielles au Maroc. AVEO Energie installe la chaudière, gère la maintenance, les approvisionnements et vend le kilowattheure à un prix inférieur à celui du marché. Baisse de la facture énergétique de 10%, alternative aux énergies fossiles, création d’emplois locaux… Une solution simple aux multiples retombées positives.
Découvrez en plus en lisant notre étude de cas et retrouvez toute l’actualité de Aveo Environnement sur leur site internet.
Impacts de Aveo Environnement :
Selon Jean-Baptiste Trémouille, DG d’AVEO Energie, la solution de production d’énergie à partir de biomasse se révèle être très performante du point de vue économique, mais aussi du point de vue environnemental, et ce pour plusieurs raisons :
La biomasse venant en substitution de gaz ou fioul classiquement utilisés dans les chaudières industrielles ou celles des hôtels, chaque tonne de grignons valorisée permet d’éviter l’extraction, le transport et la combustion de ressources fossiles. Il est possible d’estimer les émissions de carbones évitées à chacune de ces étapes à l’aide d’outils simples : •Extraction et raffinage : L’ADEME a publié une étude qui quantifie les émissions de C02 lors de l’extraction et du raffinage de divers hydrocarbures (voir https://lc.cx/4n9r )
•Transport : On peut utiliser des outils disponibles sur internet pour évaluer le CO2 émis lors d’une chaine logistique (www.sourcemap.com )
•Combustion : On peut considérer comme nulles les émissions de gaz à effet de serre liées à la combustion de la biomasse, le dioxyde de carbone libéré lors de la combustion des biocarburants ayant été prélevé dans l’atmosphère par photosynthèse durant la phase de croissance de la biomasse. On évite ainsi d’émettre près d’une tonne de CO2 par tonne de biomasse brûlée (chaque tonne de biomasse brûlée évitant la combustion d’environ 410kg d’hydrocarbures).
Mais les impacts environnementaux de l’activité d’AVEO Energie sont loin de s’arrêter là. Simplement abandonnés, les 70 000 tonnes de déchets d’olive en sortie d’usine constituent un problème environnemental majeur (émission de méthane, acidification des sols, pollution des nappes phréatiques…) Ces impacts étant locaux, ils sont eux bien plus difficiles à quantifier de façon systématique.
ReCube à Casablanca, c’était aussi :
28 février 2016 : Mamoun Ghallab et la Zero Zbel Xperience
Ce dimanche, nous avons rencontré Mamoun qui nous présente la Zero Zbel Xperience. Son défi : chercher (et trouver) des solutions simples, dans son mode de vie et ses modes de consommation, pour réduire au maximum la quantité de déchets qu’il génère… et tenter idéalement d’atteindre l’objectif Zéro Déchets! En quelques mois, Mamoun a réduit de 94% sa production de déchets et un constat s’impose : le meilleur moyen de faire de l’économie circulaire, c’est encore de ne pas produire de déchets!
Découvrez en plus sur Mamoun et le Zero Zbel dans notre court article [bientôt disponible].
6 mars 2016 : Nomades des mers ~ le catamaran Low Tech
Peut-on cultiver ses propres légumes sans eau ? Sans terre ? Comment fabriquer un four solaire ? Une éolienne ? Faire fonctionner une perceuse avec un pédalier de vélo ? Autant de questions auxquelles essayent de répondre nos amis de Nomade des Mers sur leur embarcation, véritable laboratoire des technologies low tech !
Le week-end dernier, nous avons eu la chance de rencontrer l’équipage lors de son escale à Casablanca, deux semaines après le début de la folle aventure ! Leur défi ? Faire un tour du monde dans un catamaran de 45 pieds équipé de low-tech pour atteindre une autonomie totale. A chacune de leurs escales ils développeront de nouvelles technologies « low-tech » à tester et les embarqueront à bord ! Un véritable laboratoire ambulant dans lequel on trouve déjà de la culture hors sol sous serre, un lombricomposteur, des réchauds à bois, et même un poulailler…
Quelles surprises nous réservent-ils pour la suite ? On en saura plus dans quelques semaines car nos routes se croiseront de nouveau à Dakar ! En attendant, aidez-les à construire le projet ici : https://web.facebook.com/ndmproject/?fref=ts !
~ 7 mars : inauguration de l’espace Bidaya ~
8 mars 2016 : Soukaina Aziz El Idrissi – Le plastique dans tous ses états
L’artiste Soukaina Aziz El Idrissi nous a ouvert les portes de son exposition pour nous faire découvrir ses créations. Sa relation spéciale et artistique avec le plastique nous rappelle les fabuleuses propriétés de ce matériau et l’usage abusif que l’on en fait aujourd’hui.
Une façon esthétique et surprenante de rendre à la fois hommage au plastique et dénoncer sa surconsommation. L’artiste tisse, souffle et traite à chaud le plastique qu’elle récupère pour lui faire prendre des formes variées qui mobilisent l’imagination du spectateur. Une sensibilisation efficace et poétique, on adore!
10 mars 2016 : Les incubateurs marocains : Bidaya et Cise
En un à peine un an, deux nouveaux incubateurs ont vu le jour dans les villes de Rabat et Casablanca : Moroccan CISE et Espace Bidaya. Leur mission : accompagner des porteurs de projets sociaux et/ou environnementaux dans leur développement en leur apportant expertise, savoirs faire et un espace de travail. Aujourd’hui, ce sont plus de 20 projets soutenus qui font évoluer la société marocaine et mobilisent les citoyens!
Et bonne nouvelle, quelques-uns sont circulaires ! Nous avons entre autres eu la chance de découvrir Evaptainers, un projet de réfrigération low-tech, d’échanger avec Ahmed qui s’investit dans le projet de permaculture de L’Orange Bleue Maghreb ou encore de rencontrer l’ancien trublion de la finance Issam et son projet de compostage urbain Biopost.
Merci à Cise et Bidaya pour leur accueil chaleureux et les belles rencontres organisées !
15 Mars conférence à l’Ecole Centrale Casablanca!
Super conférence et temps de partage en fin de journée avec les élèves de l’Ecole Centrale Casablanca. Une excellente occasion de présenter quelques-unes de nos découvertes Sud-Américaines : Kitcel – Sistema Biobolsa – Ecoworks et de réfléchir aux impacts de Kilimanjaro Environnement, notre coup de cœur marocain. Un grand merci à tous les élèves pour leur accueil et leur présence!
~ 20 mars – rencontre avec Jean-Marc Borello, DG du groupe SOS, plus grande entreprise sociale de France ~
~ 24 mars – Conférence ReCube à l’espace Bidaya ~
27 mars – Noor I, la plus grande centrale thermo solaire du monde!
Le 4 février dernier, la plus grande centrale thermo – solaire du monde ouvrait ses portes à proximité de Ouarzazate.
Nous n’avons pas résisté à l’envie d’aller voir cela de nos propres yeux, quand bien même la sécurité irréprochable du site nous a empêchés d’y pénétrer! Située à la lisière du Sahara, l’installation bénéficie d’un ensoleillement hors normes. Hors normes, c’est aussi le bon mot pour caractériser les dimensions de la centrale : 500 000 panneaux, 480 hectares et suffisamment d’électricité pour un million de foyers.
Une seconde tranche verra le jour d’ici 2018, au total 2500 hectares seront couverts de panneaux solaires pour un montant investit de 9 milliards de dollars. Un projet sur lequel les avis divergent mais qui permet au Maroc de franchir un pas de plus vers l’autonomie énergétique. Aujourd’hui, 90% de l’énergie consommée est importée, une situation de dépendance dont le Maroc veut s’affranchir !
ReCubistics :
•386 verres de whisky marocain (également appelé thé à la menthe en Europe)
•2 conférences organisées
•1 nuit à la belle étoile dans le Sahara – coordonnées GPS du bivouac : 31°04’33”N-4°00’49W«
Avec l’accueil, l’aide, le temps, les conseils, mises en relations… de Asmaa, Inesse, Clément, Issam, Youssef, Jean Baptiste, Ahmed, Sherifa, Eric, Karim, Simo, Frédéric, Marwan, Soukaina, Arnaud, Pierre, Thomas, Antoine, Arthur, Fatima, Barth, Diego, Nargisse, Aiman ~ Un IMMENSE merci!
A Très vite depuis Dakar!