Le 19 juin, la Conférence des Grandes Écoles a annoncé les résultats de son enquête annuelle sur l’insertion des diplômés des grandes écoles en 2012. Un moment attendu compte tenu de la conjoncture. Tous les indicateurs témoignent d’une amélioration sensible.
40 058 diplômés de 160 écoles ont répondu à cette enquête, la 20ème du genre. Ils sont 70 % en activité professionnelle soit 4 points de plus qu’en 2011 et 10 depuis 2010. Le taux en recherche d’emploi à 16 % décroit lui aussi, et ils sont 80 % en CDI (la situation s’améliorant depuis 2 ans). Cette année, le taux d’emploi s’établit à 85 %, en évolution sauf chez les managers. Les salaires ont aussi progressé de 35 840 € à 37 268 €, mais l’écart entre hommes et femmes persiste.
La situation en 2012 est également plus favorable en ce qui concerne l’efficacité de la recherche d’emploi. Près de 50 % ont signé un contrat de travail avant leur sortie d’école, et au global ils sont 82,5 % à s’être placés en moins de 2 mois. Ils sont 45 % à avoir trouvé leur emploi grâce aux relations de proximité de leur école avec les entreprises : stage, année de césure, forum, apprentissage, réseau des anciens, service emploi.
Managers et ingénieurs n’exercent pas dans les mêmes régions
Les jeunes diplômés sont 18,2 % à l’international chez les managers, 9,7 % pour les ingénieurs. La différence est nette aussi en France : 1,7 % des ingénieurs se placent en régions tandis que les managers s’établissent à 58,6 % en Ile-de-France. « Au final, les managers sont quasi autant en province (23,2 %) qu’à l’étranger (18,2 %), ajoute le directeur d’HEC.
Pas de nouveauté marquante sur le front des secteurs
Concernant les secteurs, les grands classique confirment leur succès. La banque/assurance résiste (malgré un repli à 14 %), le conseil et les bureaux d’études la dépassant désormais, l’audit complétant le podium chez les managers. « Les secteurs médias/art/culture et du luxe attirent de plus en plus nos étudiants » note Bernard Ramanantsoa. Un ingénieur sur six exerce en bureau d’études ou société de conseil, l’emploi direct dans l’industrie du transport et du BTP progresse, tandis que l’énergie qui a beaucoup recruté ces dernières années marque le pas, les TIC poursuivent leur baisse entamée en 2007 à 8 %.
Diplômés de grandes écoles, quel est leur secret contre le chômage ?
« Les relations des écoles avec l’entreprise sont déterminantes pour assurer une excellente employabilité à nos diplômés. Ils acquièrent en outre une réelle expérience professionnelle durant leurs études via les stages et années de césure. C’est un avantage extraordinaire, y compris vu de l’international. Ils présentent un profil hybride, ils ont pu appliquer leur formation théorique sur le terrain. » Bernard Ramanantsoa
Alors que le chômage continue à progresser affectant particulièrement les jeunes, ceux tout juste diplômés des grandes continuent à tirer leur épingle du jeu. Comment expliquer cette différence au-delà de la qualité et du niveau des formations ? « Les relations des écoles avec l’entreprise sont déterminantes pour assurer une excellente employabilité à nos diplômés, répond Bernard Ramanantsoa. Ils acquièrent en outre une réelle expérience professionnelle durant leurs études via les stages et années de césure. C’est un avantage extraordinaire, y compris vu de l’international. Ils présentent un profil hybride, ils ont pu appliquer leur formation théorique sur le terrain. » Les écoles restent donc très engagées à préserver et cultiver leurs liens avec les entreprises. « J’ajoute que nos étudiants sont flexibles, s’adaptent rapidement aux nouvelles donnes, anticipent. Ils sont très actifs dans leur recherche d’emploi. Il ne faut pas non plus oublier que le marché de l’emploi n’est pas homogène, le moins affecté reste à ce jour celui des cadres, sur lequel ils se placent (88,1 % en poste cadre). »
Autre explication avancée par Hervé Biausser : « la préoccupation de l’emploi est de plus en plus précoce chez nos élèves. Il y a 20 ans, ils arrivaient sur nos bancs avec l’idée de souffler un peu après la prépa. Désormais, ils sont concernés par leur premier emploi dès leur arrivée ! » Les services emplois carrières des écoles répondent à ces nouvelles attentes et sont investis à leurs côtés dès le début du cursus. Le directeur de Centrale Paris ajoute que « jamais le nombre de métiers accessibles à nos diplômés n’a été aussi élevé. »
Dernier point et non des moindres : l’enquête révèle qu’en euros constants, ces jeunes hautement qualifiés « coûtent » moins cher aux entreprises qu’en 2000 ! Si on ajoute « qu’ils sont de mieux en mieux formés, pourquoi les entreprises hésiteraient à les recruter ? » conclut Bernard Ramanantsoa tout en ajoutant « nous devons rester vigilants et innovants dans un environnement toujours plus difficile. »
A. D-F