Le duo de Trails of Life avec ses nouveaux visas !

[Récit] « Nos jambes à nos cous » – Trails of Life (2/2)

Le duo de Trails of Life avec ses nouveaux visas !

– Donnez tout ce que vous avez ! – L’argent ! Où est l’argent ? Nous sommes à l’arrière du combi, aucune porte, aucune fenêtre de notre côté. Les seules issues sont devant nous, placées derrières les sièges basculables sur lesquels sont posés nos agresseurs. 3 nous font face avec couteaux, bâtons ou énormes clefs à molette. Le couteau pointé vers la gorge nous pousse à obéir. Mais les gars pensent que nous transportons bien plus sur nous, et insistent pour récupérer vraiment tout, bien qu’on leur ait montré ne plus rien avoir. Ils trouvent une de nos carte de crédit, et nous poussent à donner le code. Après 10 bonnes minutes, ils nous demandent de nous déshabiller. Nous nous retrouvons en caleçon et chaussettes. Ils pensaient certainement que nous cachions de l’argent ou des objets de valeurs dans nos habits (ils avaient d’ailleurs raison, nous avions une poche secrète dans nos ceintures, et nous sommes très chanceux qu’ils ne l’aient pas trouvé sur le moment alors que nous leur répétions ne plus rien avoir).

Ils demandent alors à Ben de sortir du combi, tout en me barrant le chemin. C’est à ce moment là que j’ai vraiment eu peur. Jusque là, bien que nous menaçants franchement avec le couteau, nous donnant quelques coup de bâtons ou pointant la lame à quelques centimètres des yeux dès que nous voulions discuter, les agresseurs semblaient ne pas vouloir nous faire de mal tant qu’on obéissait. Mais là, cela permettrait de ne pas laisser de goutte de sang dans le combi. L’un des hommes demande à Ben de s’agenouiller dehors, plaçant le couteau au dessus de sa tête… Je me précipite au dehors. Finalement, ils remontent prestement dans le combi, nous laissant là, en caleçon et chaussettes, avec quelques coups de bâtons pour nous empêcher de les suivre. On note la plaque d’immatriculation… il n’y en a pas ! Les malins, ils les ont enlevés alors qu’ils faisaient semblant de se soulager sur le combi ! Ils avaient bien prévu leur coup…
Première réaction, alors que nos possessions matérielles ne se résument plus qu’à un caleçon et deux chaussettes chacun : un fou-rire ! Au moins, nous ne sommes pas blessés. – Au fait, je leur ai donné un mauvais code de carte de bleue. – Ah oui ? Faut courir alors. – Ouep ! Nous comprenons que leur première action sera de récupérer autant de liquide que possible et, si ça ne marche pas, de nous demander le vrai code par la manière forte.

Nous courrons donc aussi vite que possible, en chaussettes, dans cette décharge, à la recherche de secours.

Un gamin nous conduit enfin dans le petit commissariat local. On n’est que peu en confiance : la police zimbabwéenne est très peu recommandable. Nous n’avons plus rien à voler, mais nous sommes vulnérables et personne ne sait que nous sommes ici, il ne faudrait pas qu’ils cherchent à se défouler… Finalement, ils nous amènent jusqu’au QG de la police de Chitungwiza. Après de longues procédures – et quelques bières de leurs côtés – les policiers sont sympas et nous ramènent jusqu’à notre hôte Chriss.
Au moins, ici, nous sommes posés. Chriss fait appel à un réseau d’entraide entre blancs et nous recevons en soutien des habits et sacs à dos. Il est bon après ce genre d’événement de constater que les hommes ont majoritairement un bon fond !

Malgré tout, nos passeports ont été volés avec le reste. Les refaire nous condamnerait à un mois d’immobilité. Les passeports d’urgence ne permettent pas de passer toutes les frontières. La décision est sans appel : il faut rentrer en France. C’est ainsi dépités mais aussi soulagés que nous arrivons à Paris la veille de Noël. Malgré cette dernière mauvaise aventure, nous n’avons eu que des bonnes expériences en Afrique.

Nous décidons donc de nous remettre en route dès que possible. C’est-à-dire après avoir refait de nouveaux passeports et visas, acheté le matériel et combattu nos démons : après une expérience pareille, il est très difficile de faire confiance aux gens. On devient suspicieux, à la limite de la paranoïa. C’est très embêtant pour un projet de tour du monde où le but est de se faire héberger par des locaux et où l’on cherche à se mêler le plus possible à la population. Il nous a fallu beaucoup de travail sur nous-mêmes. Finalement, après un mois et demi de préparatifs, de travail, (de fêtes de fin d’année) et surtout de loooooooooongues procédures, nous sommes prêts à repartir, direction l’Asie !
Nous repartons bien plus légers qu’en Afrique. Nos expériences de là-bas nous ont montré que l’on peut trouver facilement tout ce dont on pourrait avoir besoin. C’est ainsi avec bien moins d’affaires – et quelques unes qui nous ont été donnés au Zimbabwe – que nous nous rendons pour la première étape de notre deuxième continent : l’Inde !

L’équipe de Trails of Life