Récit d’un parcours itinérant au japon

Après deux mois dans une école d’animation à Tokyo, je pars pour une semaine d’exploration hors de la capitale à la recherche du Japon traditionnel. JR Pass en poche, me voici à la gare de Tokyo, prête à prendre place à bord du Shinkansen. Nul besoin d’être fanatique des trains pour apprécier le voyage. Confort et rapidité, dans un paysage de rêve : le train longe la mer sur plusieurs kilomètres et, par temps dégagé, offre une vue imprenable sur le Mont Fuji.

CAP SUR L’OUEST
Direction l’ouest donc, mon premier arrêt sera Miyajima, une île sacrée au sud d’Hiroshima. J’y arrive le 25 décembre, drôle de façon de passer Noël dans ce lieu plein de contrastes. A la fois au coeur des montagnes et au bord de la mer, un beau ciel bleu et quelques flocons de neige, des dizaines de vieux temples et autant de boutiques pour touristes. Pour ajouter à la confusion ambiante, des biches apprivoisées évoluent librement dans la ville, elle-même curieux mélange de bois et d’asphalte.

LE SABLIER GÉANT
Je reprends mon périple le lendemain matin pour une étape clé du voyage. Arrivée en début d’après-midi dans une ville fantôme, dont la seule attraction est une pyramide en verre abritant le Musée du Sable. Mais c’est justement la raison pour laquelle je suis allée à Nima. Le musée abrite le troisième plus grand sablier du monde, d’une hauteur de 6 mètres et décomptant une année. Je prends un instant pour réfléchir à la valeur du temps, et un autre pour comprendre l’intérêt d’un tel édifice dans une région si isolée. Cette journée sera également la plus longue de la semaine, avec plus de dix heures passées dans les trains parfois bloqués par la neige.

INTRODUCTION À LA NUDITÉ
Retour à la civilisation dans la ville de Matsuyama, et le Dogo-Onsen : la plus ancienne source thermale du Japon et modèle du Palais des Bains dans le dessin animé Le Voyage de Chihiro. Oublions la pudeur et allons nous baigner nus avec des inconnus dans un bâtiment centenaire. Une fois passé le malaise du vestiaire, la buée enveloppe la pièce et la nudité n’est plus si gênante. Je ne cache pas avoir eu une certaine hésitation avant de tenter l’expérience…

KYOTO, IMPÉRIALEMENT MODERNE
Après ces derniers jours plongés dans la campagne profonde, Kyoto m’a surprise par sa modernité. Souvent décrite comme ville musée, je m’attendais presque à trouver un Japon médiéval préservé. Pour le trouver, il faut s’éloigner du centre et s’aventurer dans les montagnes. Mais pour profiter pleinement du dépaysement, il m’a tout de même fallu faire abstraction de la masse touristique.
L’ancienne capitale impériale devait être mon dernier arrêt avant de rentrer à Tokyo. J’ai tout de même fait un détour par Kobe, pour apprécier l’architecture disparate et un steak. Le boeuf de Kobe est réputé pour être particulièrement tendre. Je confirme. En revanche, contrairement à la croyance générale, les animaux ne sont pas nourris à la bière et ne sont pas massés au sake… dommage !
Parcourir le Japon en train était finalement un moyen plutôt agréable de me confronter simultanément aux paysages dits traditionnels et aux villes modernes et leurs structures exagérées. En définitive, je garde un souvenir aussi fort de mes escales que des trente-quatre heures sur les rails à regarder défiler ces paysages.

Laure-anne Puijalon, 21 ans, étudiante en Design à Strate Collège
Pour le Point Gamma