L’inde intrigue. L’Inde étonne. L’Inde subjugue. L’Inde questionne. L’Inde envoûte. L’Inde révolte. Car même si la croissance de l’Inde est remarquable, la pauvreté et les inégalités restent ancrées dans ce pays plein de paradoxes. Adrien Cousin, président du Raid Centrale Paris, parti un mois en Inde sur un chantier du Père Ceyrac, nous livre ici quelques traces de son carnet de voyage, un trop bref témoignage de cet état continent tout en nuances.
Le Père Ceyrac : une vie au service des Intouchables
Missionnaire jésuite français, le père Ceyrac a oeuvré toute sa vie en Inde en faveur des enfants et des exclus de la société indienne. Encouragé notamment par Gandhi, qui lui apprit que « L’être est plus important que l’avoir », il dénonce le système de castes et s’engage auprès des plus pauvres : les intouchables. En s’appuyant sur des réseaux d’étudiants indiens, il construit des maisons et des villages pour les pauvres et les lépreux, crée des orphelinats et améliore l’accès à l’eau potable. Il nous a quittés à l’âge de 98 ans, certes diminué physiquement mais débordant d’une joie de vivre, d’une foi en l’homme et d’un émerveillement intarissable face à la vie. Depuis, des bénévoles, des étudiants et l’association du Père Ceyrac, fondée en 1991, continuent à faire vivre ses projets, son énergie et son humanité.
Pendant ce temps, dans le Tamil Nadu …
C’est donc sur les traces du Père Ceyrac que se lance en août 2011 une quarantaine d’élèves du Lycée Sainte-Geneviève, pour aller aider à construire des maisons à Ongur et dans d’autres villages. L’occasion de tourner la page de deux années de classes préparatoires où l’on a plutôt tendance à se concentrer sur soi et sur son succès scolaire plutôt que sur le sort des centaines de million d’indiens qui vivent sous le seuil de pauvreté. L’occasion de se (r)ouvrir sur le monde. L’occasion de se (re)tourner vers l’autre. Aussitôt arrivés à Mumbaï, les étudiants occidentaux s’apprêtent à affronter les 27 heures de voyage en train pour parvenir au village où ils commenceront leur chantier. « Un trajet qui nous a plongés au coeur de l’Inde, la vraie, la dure, celle qui pue et qui a tout sauf envie de sourire au gros occidental tout blanc cintré dans son Levis à un an de salaire et qui vient souiller les banquettes de son rire jovial et de son indécente insouciance, raconte Adrien. Mendiants, lépreux et autres mutilés par la vie débarquent à chaque arrêt (et Dieu sait s’ils sont nombreux, ces arrêts !) ainsi que les vendeurs à la sauvette qui assaisonnent le brouhaha ambiant de leurs truculents et mélodieux « CHAI COFFE ! COFFEE CHAI ! « ». Une fois au village, le chantier se déroule comme prévu même si des petits soucis de santé font leur apparition (tourista mon amour…). Les anciens élèves de Ginette manient parpaing, sable et ciment et une certaine complicité s’établit rapidement avec les maçons indiens. Parallèlement, ils font la connaissance des villageois et villageoises ainsi que de leurs enfants. « La peau blanche semble vraiment être une attraction, explique Adrien. Apparemment les villageois se considèrent immensément chanceux de pouvoir toucher des blancs parce que les blancs sont assimilés aux gens des plus hautes castes, les brahmins, et donc voilà ! On est un peu des demi-dieux finalement ! » ajoute-t-il avec humour ! Après trois semaines de chantier, et des adieux souriants et remplis de bons souvenirs, les étudiants peuvent s’offrir une semaine de tourisme pour découvrir d’autres facettes de ce pays plein de contrastes… avant de rejoindre Mumbai, puis Paris pour reprendre le chemin des écoliers…français.
Adrien Cousin et Marion Olekhnovitch
(promo 2014)