Les ingénieurs, à la sortie de leurs écoles, ne sont en général pas les plus mal lotis pour trouver un travail dans l’industrie ou dans le conseil en ingénierie. Ils y obtiennent souvent des postes de jeunes diplômés qui feraient rêver les diplômés d’autres disciplines pour qui décrocher le premier emploi ressemble souvent à un parcours d’obstacles.
Cependant un nombre significatif d’entre eux ne semble pas vouloir céder aux sirènes de l’industrie. Quelle peut en être la raison ? Sontils déjà déçus par les métiers classiques de l’ingénieur, avant même d’avoir commencé ? Recherchent-ils des métiers qui ont la réputation de « mieux payer » ?
En fait l’attirance des ingénieurs pour les métiers de la finance n’est pas nouvelle et les écoles de management ont su dès le début des années 80 proposer des Mastères Spécialisés dont la cible de recrutement était principalement les ingénieurs, préparant aux métiers de la finance où les ingénieurs sont les bienvenus. Les Mastères Spécialisés en finance sont nombreux aujourd’hui et ils continuent à offrir aux ingénieurs une voie d’accès accélérée à la plupart des métiers de la finance. Leur réputation n’est plus à faire. Le dernier classement mondial du Financial Times des Masters in Finance montre par exemple que parmi les 10 premiers, 5 sont des programmes dispensés dans des écoles de management françaises. Et l’on peut dire que leur principal point de différenciation par rapport aux autres formations dans le monde est justement le fait que les Mastères Spécialisés intègrent un nombre important (voire quasi exclusif pour certains programmes) d’ingénieurs.
Le secteur bancaire recherche des ingénieurs ayant une formation complémentaire en finance pour un grand nombre de métiers, notamment dans les métiers de la finance de marché en front-office (sales, trading, structuration) dès lors qu’il s’agit de traiter de produits complexes dont le pricing a recours à des modèles mathématiques. Mais aujourd’hui les talents recherchés chez les ingénieurs ne se limitent pas à ces métiers. Le risk management est un enjeu déterminant, surtout si l’institution financière exerce son activité dans un cadre régulé. Là encore la bonne maîtrise des outils techniques de la finance que l’on peut apprendre dans un Mastère Spécialisé est un véritable atout pour se faire recruter dans une grande banque internationale mais aussi dans bien d’autres institutions financières (sociétés de trading, brokers, fonds d’investissement, etc…).
Dans tous ces métiers, l’ingénieur est apprécié pour ses capacités techniques, et d’une certaine manière, loin d’avoir renoncé à tout ce que sa formation d’ingénieur lui a apporté en termes techniques, il a l’opportunité de les déployer dans une industrie, qui peut paraître certes plus abstraite, mais qui est un élément-clé de l’économie. Cela signifie aussi que le temps passé dans un Mastère Spécialisé doit être un moment d’ouverture vers les grands enjeux de l’économie et la compréhension de ses fondamentaux. C’est pourquoi la plupart des Mastères Spécialisés incorporent dans leur formation des cours de micro et de macroéconomie. La finance ne peut se limiter à une pure technique reposant sur des modèles mathématiques plus ou moins sophistiqués. C’est aussi l’une des forces des Mastères Spécialisés, qui par leur format dense peuvent dispenser à la fois des enseignements techniques et des enseignements plus conceptuels exigeant une compréhension approfondie de l’économie et de son fonctionnement dans le monde des entreprises. Il n’est pas rare aujourd’hui que des ingénieurs se dirigent vers les métiers de la corporate finance ou de l’asset management. Ces débouchés leur sont aussi ouverts après un Mastère Spécialisé, et leur connaissance technique d’une industrie en particulier peut constituer un avantage dans des métiers à dimension stratégique (gestion d’actifs, conseil en fusions-acquisitions, etc…).
Nul doute, un Mastère Spécialisé en finance peut vraiment changer l’avenir professionnel d’un ingénieur !
Par Michel Baroni,
Professeur de finance Responsable pédagogique du MS Techniques Financières de l’ESSEC Business School