Les professionnels du recrutement constatent un frémissement du marché de l’emploi. Les jeunes diplômés les plus qualifiés tirent leur épingle du jeu, notamment les ingénieurs. Tour de piste des secteurs porteurs.
Dans son 16e baromètre EDHEC emploi jeunes diplômés, l’école confirme une douce reprise du marché de l’emploi master. En janvier 2014, les entreprises interrogées étaient 2/3 à indiquer avoir l’intention de recruter au prochain trimestre (82 % en France – 38 % à l’étranger). « Nous nous basons aussi sur le suivi des offres d’emploi, précise Manuelle Malot, directrice à l’EDHEC en charge du baromètre. Les premiers frémissements sont apparus en octobre 2013, ou plutôt le marché a arrêté de baisser ! » « La frilosité reste de mise mais il y a quelques eldorados que ne doivent pas négliger les débutants, annonce Fabien Stut, directeur de Hays Paris. Il faut arrêter de croire qu’il y a une génération maudite. La clé est de bien appréhender le marché de l’emploi pour l’aborder de manière pertinente et capter l’attention du recruteur. » Le cabinet Hays produit un Index mondial des Compétences avec Oxford Economics par pays :
http://hays.fr/espacepresse/ index-mondial-descompétences- clés-854921
38 000 recrutements des jeunes diplômés en 2014
L’indice Internet des offres cadres de l’APEC affiche une croissance plus marquée en février 2014 par rapport à février 2013 (+21 points) ; avec 56 000 offres d’emploi confiées à l’agence. La croissance est portée par trois fonctions : Commercial, marketing, Services techniques et Informatique. « En 2013, 37 000 jeunes diplômés ont été recrutés en poste cadre, constate Pierre Lamblin, directeur des études de l’APEC. Nous estimons qu’ils seront au mieux 38000 en 2014. Ingénieurs et diplômés des disciplines technologiques et scientifiques restent les mieux lotis. » Une nouvelle étude de l’APEC est encourageante pour les Bac +5. « Nous avons sondé des jeunes diplômés en 2008, puis 5 ans après en 2013. Leur situation s’est nettement améliorée : ils plus de 90 % en emploi, en CDI et 8/10 en poste cadre. Cela nous confirme que le diplôme est un passeport pour l’emploi, et pour l’emploi pérenne. »
Les ingénieurs, rois du pétrole ?
Les ingénieurs ont toujours été recherchés, mais leur position s’affiche plus favorable que d’autres profils depuis 2008. « Dans les Grands Groupes oeuvrant dans l’énergie, notamment électrique et gaz et pétrole, 30 à 40 % des recrutements concernent des ingénieurs débutants, confirme Bern Terrel, Directeur du département Industrie du cabinet Hudson. Dans L’aéronautique, 25 à 30 % des offres concernent des débutants, aussi bien chez les constructeurs que leurs équipementiers. » Dans l’aéronautique, Philippe Deljurie, co-président de Meteojob constate que les métiers porteurs évoluent. « L’avionneur principal a développé sa gamme et ses carnets de commandes sont pleins, il recherche donc des ingénieurs pour la production, la supply chain. » L’IT est toujours friand de débutants, surtout chez les prestataires ESN (ex-SSII). Les nouvelles technologies dans leur ensemble sont gourmandes jeunes : pour le marketing sur le Web, pour des développeurs, pour des applications liées au mobile… « Bien qu’il ait souffert, le BTP a bien absorbé la crise car il présence une pénurie structurelle de compétences, annonce Fabien Stut. Il y a aussi des opportunités internationales chez les Majors dont nombre sont Français. » « Dans les hautes technologies les ingénieurs ont des opportunités à saisir, note Laurent Hürstel du cabinet Robert Walters. Des sociétés ont des plans de recrutement ambitieux dans les radars, la robotique, les capteurs, les drones ; l’électronique au sens large, l’optronique. »
Stabilité des salaires et personnalisation des rémunérations
La marge de manoeuvre des entreprises est réduite, y compris pour attirer et fidéliser les talents. Elles innovent en proposant des packages multiformes, individualisés. « Le variable apparait sur les fonctions support alors qu’il n’existait que pour les fonctions commerciales et de direction, observe Fabien Stut. Cela dit, une carrière se construit sur la durée, il faut arrêter de spéculer sur le premier salaire. »Voir l’étude de rémunération nationale 2014 de Hays :
http://hays.fr/Etude-de-rémunération/salaires-2014/index.htm
Fonctions à VA
Dans l’industrie, les entreprises cherchent à renforcer les fonctions stratégiques qui leur permettent de se différencier : R&D, innovation, brevet, ingénierie, études. Selon l’APEC, la plus porteuse est la fonction projet scientifique et technique. Dans d’autres métiers aussi la prime est à l’expertise. « C’est le cas dans la finance d’entreprise pour le contrôle de gestion, la trésorerie, la consolidation, le LBO », illustre Fabien Stut. L’EDHEC observe une augmentation du nombre d’offres en finance d’entreprise et contrôle de gestion. Comptabilité et l’audit continuent à rechercher des débutants.
Montée en gamme de la fonction commerciale
Les entreprises se tournent vers des profils Bac +5 pour prendre en charge les ventes complexes, le b to b, la gestion d’offres techniques, la gestion de grands comptes, l’ingénierie d’affaires. Les entreprises ont besoin de commerciaux haut de gamme « aptes à gérer des cycles de vente longs et complexes, à créer une intimité avec le client, à faire du sur-mesure », précise Philippe Deljurie. Dans son baromètre, l’EDHEC confirme cette tendance avec une reprise des offres pour des postes de business développement en France et à l’international.
Le conseil recrute toujours
Le consulting reste avec les bureaux d’études, le premier recruteur de diplômés des grandes écoles. Conseil en stratégie, en organisation, en management, tous les segments recrutent. « Notre bus ines s model veut que nous intégrions des juniors et il est aussi nécessaire de passer certaines étapes, d’apprendre certains « tours de main » pour devenir consultant, précise Emmanuel Monnier de Syntec Conseil en Management. L’incertitude a pesé sur nos recrutement s en 2013, pour 2014 nos confrères affichent la volonté de reprendre les embauches. »
Comment faire la différence ?
– Démontrer sa capacité d’adaptation en mettant en avant ses stages et missions dans des univers variés, ses réalisations et propositions face à une situation inédite, sa capacité d’initiative.
– Exprimer une volonté de mobilité. « C’est essentiel, une entreprise ne recrute pas un cadre simplement pour occuper un poste, elle envisage un parcours car elle investit sur un potentiel, souligne Bern Terrel. Le jeune doit donc montrer sa capacité à évoluer. »
– Capacité à expliquer de façon simple son expertise, à mettre en avant une compétence, un savoir-faire précis.
– « Le savoir-être et la personnalité sont déterminants pour se démarquer, rappelle Fabien Stut. Tout est dans la posture face au recruteur ! »
– Le maître mot est de s’adapter pour Laurent Hürstel. « Lorsque la situation de l’emploi est tendue, il faut être souple sur le poste ou sa localisation. »
– Pour Pierre Lamblin, il y a deux clés pour trouver un emploi : « anticiper sa recherche et s’armer de courage ! Ne pas hésiter à se tourner vers des professionnels comme l’APEC qui a des dispositifs dédiés aux jeunes diplômés. S’informer, ne pas rester isolé, être souple quitte à débuter par un CDD ou un poste différent de ce que l’on espère initialement. »
Nouveaux critères
« Depuis 6-9 mois, certaines grandes entreprises veulent à nouveau attirer des talents issus des grandes écoles, constate Bern Terrel. Elles proposent donc de meilleurs packages (rémunération, avantages en nature, bonus…). Elles se démarquent aussi au travers de politiques RH attractives avec des parcours d’intégration, de mobilité internationale, des formations pour développer l’employabilité du collaborateur. »
A. D-F