La parité entre hommes et femmes recouvre des enjeux stratégiques pour l’entreprise et se positionne en un véritable levier de performance pour celle-ci. La France imposera elle-même un quota de 40 % de femmes aux grandes entreprises en 2017 et soutient le projet de Directive européenne en la matière.
Manuelle Malot, directrice Carrière et Prospective de l’EDHEC, a travaillé sur ces inégalités entre femmes et hommes dans le monde du travail dans son étude Le paradoxe de la fidélisation des jeunes talents (octobre 2014) intégrant 1 500 réponses d’hommes et de femmes ingénieur-e-s ou issues d’écoles de commerce. « Premier constat : l’écart salarial est avéré, il est de l’ordre de 15 % dès le début de carrière. Deuxième constat : les objectifs de carrière. C’est à ce niveau-là que les différences se creusent : les femmes ne font pas du salaire une source de motivation. Le premier objectif – le besoin d’un travail ambitieux / challengeant – est le même pour les deux sexes mais le salaire est un objectif classé plus important chez les hommes que chez les femmes. Elles n’en font pas une priorité. »
Le rapport Mixité : le secret des organisations qui savent changer, réalisé par Grandes Écoles au Féminin (GEF), révèle que 80 % des personnes interrogées considèrent la mixité comme un atout déterminant dans l’aptitude au changement des organisations. Plus exactement 70 % des hommes et 87 % des femmes. De même, il apparaît dans cette 6e étude, 98 % des personnes interrogées estiment que la capacité de changement est un signe de bonne santé des organisations. Et les taux augmentent. Plusieurs raisons à cela, comme l’explique Clarisse Reille, présidente de GEF* : « C’est une question de justice, surtout pour les plus jeunes. Mais c’est aussi un facteur d’amélioration de la performance, notamment auprès des plus de 50 ans qui ont plus de recul. 96 % des 4 000 répondants trouvent que la mixité est utile ! » Ces études permettent ensuite aux femmes et aussi aux hommes de s’emparer du sujet pour faire bouger la situation au sein de leur entreprise. « C’est ainsi grâce à GEF que Marie-Jo Zimmermann, à l’origine de la loi Copé –Zimmermann relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance et à l’égalité professionnelle, a pris conscience de de l’importance des quotas. »
Et toi qu’en penses-tu ?
Gabrielle Ferrand, ingénieur télérelève chez Bouygues Energies et Services, diplômée de l’EIGSI La Rochelle – dominante Mécatronique –, en 2013.
« J’évolue dans un univers très masculin. En tant que femme, je dois davantage faire mes preuves. Mais si on est professionnelle, ça passe assez vite. De plus, je pilote des équipes d’électriciens et de plombiers donc cette situation est assez neuve pour eux car ils n’ont pas l’habitude d’être managés par une femme. Nous avons des femmes assez haut placées dans la hiérarchie. On sait que ces possibilités d’évolution existent et que rien n’est fermé. En tant que femme, on a malgré tout plus tendance à se dire que ces postes ne sont pas faits pour nous donc il est important d’avoir des modèles. Il y a aussi une association de femmes dans l’entreprise pour que les femmes se rencontrent et promeuvent cette façon de travailler dans un monde masculin. C’est un début mais dommage qu’elle ne soit constituée que de femmes. La mixité apporte un point de vue différent et c’est important. Malheureusement, dans mon secteur d’activité, l’aspect carrière et famille reste compliqué à gérer. J’ai déjà eu des exemples de femmes enceintes qui ont dû renoncer à évoluer à cause de leur grossesse. Donc j’aimerais progresser bien sûr mais la question de la famille se posera. Mais les choses évoluent donc on verra. »
*GEF : Grandes Écoles au Féminin
VC