Prépa maquée, prépa ratée ?

Les mythes sur la prépa et la « malédiction du couple » vont généralement bon train : si vous pouvez à présent goûter sans craintes aux fruits de l’arbre de la connaissance, le fruit de la Passion, lui, est plus risqué… Vous précipitera-t-il à jamais hors du monde de la prépa ? Ou plutôt, vous y plongera-t-il une année supplémentaire ?

Suivant ce vieil adage, prépa maquée, prépa ratée, certains préparationnaires s’imposent un ascétisme quasi monacal, certes louable, mais parfois démesuré. Un châtiment que l’on s’inflige même avec espoir : après l’austérité gaullienne des classes préparatoires, la libération soixante-huitarde des grandes écoles viendra. Oui, les résultats aux concours sauront être à la hauteur des sacrifices fournis…

Pourtant, les choses ne se passent pas toujours selon ce schéma simple, et il n’est pas rare que des préparationnaires «maqués» intègrent l’X ou HEC Paris : la malédiction du couple serait-elle conjurable ? « En entrant en prépa, je m’étais préparée à deux ans de célibat, confie Louise, en couple depuis deux ans. Et puis je me suis mise avec Benoît, sans aucune culpabilité. Au contraire, c’était une motivation supplémentaire pour se lever le matin ! Pendant les moments durs, on se remontait le moral l’un l’autre : lui m’aidait pour les math, et moi pour l’anglais et l’espagnol. Sortir avec quelqu’un dans la même prépa, c’était le bon compromis… » Monsieur, lui, ne voyait pas les choses exactement de la même manière : «  Il m’arrivait souvent de culpabiliser lorsque je voyais Louise, confie Benoît. Au début, c’était difficile de poser un cadre: elle voulait qu’on se voie tout le temps, et moi, j’étais obligé de poser des limites. Une chose est sûre, on ne pouvait pas travailler ensemble. On se voyait en cours pendant la journée, mais jamais en soirée. Le week-end, on se voyait le samedi soir et le dimanche matin ». Des regrets, peut-être ? « Absolument pas, assure Benoît. On s’est vite fixé des repères, et la présence de Louise a vraiment été d’un gros soutien pendant les moments difficiles. »

Poser un cadre, se fixer des limites… Telle serait donc la recette miracle de la prépa maquée réussie : oui à la romance, mais à certaines conditions. « Une relation devient problématique uniquement si elle prend le pas sur tout le reste », évalue Sylvaine Pascual, spécialiste en coaching étudiant. Une donnée qui dépend aussi de la volonté et de l’émotivité personnelle de chacun…

Plus d’un an a passé depuis les concours. Benoît et Louise, amants irréductibles, résistent encore et toujours à l’envahisseur : leur couple aura bravé les orages de la prépa, mais aussi survécu au tumultueux passage en école. Et pour cause ! On oublie souvent de préciser qu’il est paradoxalement plus fréquent de mettre fin à une relation une fois en grande école que pendant la prépa : au milieu des festivités, de l’éloignement et de nouvelles tentations, sûrement découvrirez-vous bien assez tôt les épreuves inédites que la libération soixante-huitarde vous réserve !
A bon entendeur…

 

 

Alizée Gau