Ou comment une entreprise qui connaissait des heures sombres, a su miser sur l’innovation et croire à ses équipes en dépit de tout. Jusqu’à triompher et établir une nouvelle « Tradition ». Rencontre avec Dominique Tourneix (Sup Agro Montpellier 85), Directeur Général de la Division Bouchage d’Oeneo…
Histoire exemplaire que celle d’Oeneo ; digne d’être citée en exemple dans les cours de management consacrés à l’innovation. Quand Dominique Tourneix arrive dans la division bouchage d’Oeneo, il y a dix ans, cette ETI de 545 personnes qui réalise aujourd’hui un CA de 136 millions d’euros entre tonnellerie et bouchage est en pleine crise. Ses comptes sont dans le rouge et sa côte publique au plus bas. Alors directeur industriel, Dominique Tourneix fait l’état des lieux. Au milieu des décombres, il lui semble repérer une perle… Le liège, utilisé depuis des siècles pour fabriquer les bouchons de vin, a deux défauts majeurs : sa qualité varie et il est parfois contaminé par des bactéries donnant ce fameux « goût de bouchon ». Or des travaux menés avec le CEA (Centre d’Energie Atomique) démontrent qu’en broyant le liège et en utilisant du gaz carbonique à l’état supercritique (comme on le fait pour ôter la caféine du café), on remédie à ces défauts.
Les grandes innovations donnent naissance à de grandes traditions
Le droit à l’erreur…
« J’ai donc proposé que l’on stoppe tout pour se consacrer uniquement à cette innovation qui me paraissait pleine de promesses, raconte Dominique Tourneix. Tout en pensant bien me faire rembarrer ». Pas du tout, on le suit. Et bientôt, Diam Bouchage sort les premiers bouchons en liège naturel broyé, traité et reconstitué. Bien sûr, dans ce monde très traditionnaliste, la concurrence s’esclaffe : « ça ne marchera jamais ! ». Peu importe, les faits sont là, têtus : « E n lieu et place du traditionnel obturateur, ancestral mais imparfait, nous proposions aux vignerons un nouvel outil de travail du vin : des bouchons de qualité absolument homogènes, à l’étanchéité maîtrisée selon le besoin et la durée de garde du vin et garantis jusque… 30 ans ! ». Et plus aucun goût de bouchon, bien sûr. Aussi, Dominique, passé DG, et ses équipes insistent. Un, deux, dix, cent vignerons finissent par suivre. Gros succès. Et naissance d’une nouvelle « tradition ».
On les moquait ? On les copie …
« Tout ça parce qu’à un moment, nous avons osé. Nos entreprises ont besoin de jeunes créatifs qui n’aient pas peur de prendre des décisions iconoclastes. Et de managers capables d’assumer le risque proposé par ses équipes. Il faut rétablir le droit à l’erreur, dans l’enseignement d’abord ; nos entreprises sont trop paralysées par l’excès d’application du principe de précaution. »
Le juste prix
En attendant, les ventes de bouchons DIAM s’envolent. « Pourtant, nous les vendons un certain prix. D’abord parce qu’il faut qu’un produit soit désiré et vendu à son juste prix, ensuite et surtout pour nous donner les moyens d’avancer, de continuer à innover. »
On trouve chez Oeneo tous les métiers des fonctions industrielles auxquels s’ajoutent l’oenologie et la chimie des matériaux d’emballage. Chimistes, ingénieurs agro, oenologues, ingénieurs (mécanisation et automatismes), marketeurs b2b sont donc les bienvenus dans cette entreprise redevenue phare d’un secteur d’activité « très social et plutôt festif où l’on célèbre les plaisirs de la vie ! »
les chiffres …
ETI de 545 personnes qui réalise aujourd’hui un CA de 136 millions d’euros entre tonnellerie et bouchage
JB
Contact : auguin@diam-bouchage.com