Selon une enquête Syntec Numérique, les femmes ne représentent que 13 % des élèves des écoles d’ingénieurs et seulement 1/3 des salariés du numérique (contre 53 % toutes branches confondues). Une étude du CESE publiée en novembre 2014 montre que le phénomène s’aggrave en constatant un renforcement de la désaffection des filles pour les formations liées au numérique. Alors comment concrétiser de façon pérenne la mixité dans l’économie numérique ? – Par Clarisse Watine
Des jeunes geekettes sur le devant de la scène
Tout d’abord en montrant que les femmes dans le numérique existent ! C’est d’ailleurs le parti-pris de Jeunes femmes et Numérique créé par Social Builder. Une plateforme qui regroupe des acteurs diversifiés (Etat, institutions, petites et grandes entreprises), qui propose aux femmes de rencontrer cet écosystème et de profiter d’un accompagnement privilégié. Un projet qui fait partie des 30 finalistes du concours La France s’engage, label récompensant les projets les plus innovants au service de la société.
Des outils digitaux à la rescousse
Il s’avère aussi particulièrement vertueux de parler aux professionnels du numérique avec leurs outils. C’est ainsi que le groupe d’enseignement et recherche Gender@Telecom (http://gender.wp.telecom-em.eu/ ) a lancé en janvier dernier le SPOC « Féminin masculin dans le monde numérique – Voyage et découvertes » pour les élèves de Télécom Ecole de Management et Télécom SudParis. « Ce dispositif de formation en ligne permet de découvrir la contribution des femmes dans le développement du numérique et vise à faire évoluer les représentations qui éloignent les femmes de ces métiers. Il est organisé en 3 séquences : les femmes dans l’histoire de l’informatique, les femmes dans les métiers du numérique et la déconstruction du stéréotype de la masculinité des TIC. Ce cours en ligne, qui favorise l’interactivité entre les apprenants, a été particulièrement apprécié des élèves, dont 55 % étaient des hommes », précise Martina McDonnell, Chargée d’enseignement et Référente Egalité femmes/hommes de l’établissement.
Une question de visibilité
Il s’agit enfin de donner la parole à celles qui font le monde du numérique et de leur assurer la place qui leur revient dans l’édification du monde de demain. C’est d’ailleurs l’objectif du collectif #JamaisSansElles, lancé dans la lignée des travaux du Club Girl Power 3.0 et d’un coup de gueule lancé par Guy Mamou-Mani, alors Président du Syntec Numérique. « Après la lecture d’un tweet évoquant une table ronde dédiée au numérique sans aucune femme à la tribune, j’ai décidé de ne plus participer à aucun événement de ce type, une démarche dans laquelle beaucoup d’hommes se sont reconnus. Depuis, à chaque invitation à un colloque ou une conférence, je demande la liste des participants : si aucune femme n’est présente, je demande à faire modifier la liste et sinon je décline. J’ai d’ailleurs eu un grand plaisir à voir qu’une conférence que j’avais refusée l’année dernière, faute d’experte à la tribune, présentait cette année une formation paritaire. » Une démarche que le co-président du mouvement veut positive et proactive. « Notre but, encourager à changer les choses en ringardisant les assemblées 100 % masculines ! » ajoute-t-il. Un mouvement qui nécessite bien sûr de pousser les expertes du numérique à se faire connaitre et à prendre la parole. C’est ainsi que l’association Girlz in Web a lancé son annuaire des Expertes du Numérique dans lequel plus de 500 femmes devraient être référencée d’ici la fin de l’année.
Le crowdsourcing et l’open data au service de la parité
Pour parler féminisation aux professionnels du numérique, rien de tel que d’utiliser leurs outils ! L’application ItCounts permet par exemple à chacun de visualiser le pourcentage d’hommes et de femmes dans sa vie professionnelle au quotidien (réunions, conférences, formations…). Son objectif : sensibiliser le grand public et les décideurs en leur faisant prendre conscience des disparités.