Nous étions faits pour être heureux, Véronique OLMI

Après le succès de Bords de mer, Le premier amour et Cet été-là, c’est sur le thème de l’adultère que l’auteur Véronique Olmi a choisi d’écrire son dixième roman.


Nous étions faits pour être heureux, Véronique OLMI

 

A soixante ans, Serge est un homme qui a réussi. Il  est directeur d’agence immobilière, est marié à une jeune femme superbe, est le père de deux beaux enfants et possède une grande maison au cœur de Montmartre. De son côté Suzanne a quarante ans et est modeste accordeuse de piano. Bien dans sa peau, elle mène une existence paisible et sereine aux côtés de son mari Antoine. Mais un jour, alors que Suzanne se rend chez Serge pour accorder le nouveau piano de son fils, ils se croisent furtivement. Ils ne savent pas encore qu’ils se reverront, qu’ils auront une liaison, s’aimeront, et ouvriront leur cœur l’un à l’autre. Après cette rencontre, leur vie ne sera plus jamais la même.

A priori, le thème ne semble pas d’une originalité renversante. En effet, au premier abord il s’agit d’un roman qui traite de l’adultère. Rien de révolutionnaire. Pourtant, on s’aperçoit au cours de la lecture, que Véronique Olmi nous emmène bien loin de nos stéréotypes. Serge trompe sa ravissante épouse de 30 ans avec Suzanne, une femme plutôt ordinaire, ni jeune, ni belle. C’est cependant dans les bras de cette femme si imparfaite, mais tellement entière, que Serge va ouvrir la porte de son passé, parler de son secret et assumer ses blessures.  Ainsi, l’intérêt de l’intrigue tient principalement  à cette liaison atypique et au passé bouleversant de Serge.

Concernant le style de l’auteur, et le ton du roman. Tout le long du livre, l’auteur narre des épisodes de la vie quotidienne avec un lyrisme sans fin, qui devient lassant. Chaque paysage est scrupuleusement analysé, les actes des personnages longuement disséqués, les sentiments et les émotions sans cesse décortiqués. On a régulièrement l’impression d’arriver à la fin d’une page et pourtant de ne pas progresser dans l’intrigue. L’histoire reste trop souvent en suspend pour laisser place une rhétorique insatiable, pour finalement parler de détails.  On peut même avoir la sensation de lire un enchainement de phrases qui ont toutes exactement la même signification et envoie un message identique. Les procédés d’insistance sont trop nombreux.

Pour ce qui est des personnages, Véronique Olmi a incontestablement su leur donner vie. Le passé de Serge ouvre la porte sur une seconde intrigue qui fait naître chez le lecteur un véritable mal être : les fils brisés par un père violent. Plus tard, il est tout simplement impossible pour Serge d’être « père » et d’en assumer le rôle auprès de son fils, Théo. Il arrive à un moment de sa vie où soit il continue d’être ce qu’il s’est efforcé d’inventer, soit il remonte le courant de sa vie grâce à Suzanne. Suzanne qui vit libre de tout et surtout, sans avoir peur. Toutefois, les personnages restent relativement insaisissables. Suzanne semble forte et libre mais étrangement détachée de tout, presque sans émotion. Quant à Serge, entre silences pesants, migraines régulières et élans de fougues compulsifs, on peine à le suivre.

Finalement, on ressort sincèrement bouleversés de cette lecture, sans trop savoir pourquoi. Comme si on avait laissé l’histoire nous atteindre bien plus qu’on ne l’avait prévu et imaginé. Il est difficile à la fin du roman d’avoir un avis tranché.

 

Anne-Sophie Berrebi-Mathieu