nanotechnologies © Fotolia-Hugo
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Nanotechnologies (vers l’infiniment petit)

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Les nanotechnologies, qui permettent de fabriquer avec une précision de l’ordre du nanomètre, ont le vent en poupe. Mais les nanosciences soulèvent aussi des questions d’éthique et de santé publique. Enquête.

 

 

Depuis quelques années, les nanotechnologies donnent lieu à une vague d’interrogations. Des associations anti-nanotechnologies ont même vu le jour. Oblomoff en région parisienne, Bleue comme une orange à Toulouse ou Pièces. Le site Internet Pièces main d’oeuvre, basé à Grenoble, pointe du doigt ces technologies qui prétendent maîtriser totalement les atomes comme les populations. Ses responsables s’interrogent : « Quelle liberté nous restera-t-il quand la numérisation de chaque parcelle de la planète nous placera sous surveillance électronique permanente ? » La question est complexe car les nanotechnologies regroupent des objets et des procédés de fabrication très différents. Pour certains scientifiques, les nanotechnologies sont passées de sciences respectables à un terme « fourre-tout ».

De si petits objets

Seule certitude : un nanomètre représente un milliardième de mètre, soit 10-9m. « Les nanotechnologies désignent l’ensemble des techniques et moyens qui permettent de fabriquer avec une précision de l’ordre du nanomètre, souligne Christian Joachim, Directeur de recherche au CNRS et responsable du Groupe NanoScience (GNS) au Centre d’élaboration de matériaux et d’études structurales (CEMES). Cela signifie qu’une partie dans la machine a des dimensions dont la précision de fabrication est au nanomètre. La nanotechnologie, quant à elle, désigne la machine entière dont les pièces mesure un nanomètre. Dans ce cas, la précision de fabrication est de l’ordre de l’atome et l’on parle de fabrication atome par atome. Pour l’instant, cela reste un domaine de recherche. » Selon le chercheur, la définition de la nanotechnologie est devenue plus élastique au fil des ans pour désigner « les nanotechnologies », qui ne concernent plus seulement la manipulation de la matière atome par atome, mais font référence à toutes les techniques permettant de fabriquer de « petits objets » avec une précision de l’ordre du nanomètre, quand bien même elles mettent en jeu des milliards d’atomes et non plus quelques-uns.

Atomes et Puces RFID

Ce qui suscite des peurs ce sont des convergences entre la biologie, la biotechnologie et les micro technologies. Dans son livre, Nanosciences la révolution invisible, (Seuil), Laurence Plévert estime que le tout petit a toujours fait peur quel que soit le siècle : « Notre siècle penche plutôt en faveur du « tous contre la technologie » qui sera toujours vue comme un mal plutôt que comme un bien. » On a beau savoir que la manipulation des atomes n’en est qu’à un stade primaire, certains sèment volontairement la confusion. C’est ce que l’on observe au sujet des puces intelligentes que l’on se plaît à associer aux nanotechnologies alors qu’il s’agit avant tout d’électronique. Ces dispositifs appelés RFID (Radio Frequency Identification), ou système de radio-identification, sont composés d’une puce électronique et d’une antenne radiofréquence. Les informations contenues dans la puce peuvent être lues à distance éventuellement à notre insu. Les RFID sont déjà utilisés dans les transports en commun (Navigo) ou pour remplacer les codes-barres de certains produits.

Beaucoup s’inquiètent qu’après les marchandises, les humains puissent un jour être équipés de puces intelligentes.

Un risque balayé par Bernard Benhamou, Délégué aux Usages de l’Internet au sein du gouvernement : « À terme, tous les objets du quotidien auront des puces RFID. On pourra connaître les mouvements des objets et des personnes. Mais les citoyens pourront désactiver le système. » Pour Christian Joachim, les nanotechnologies seront ce que les êtres humains en feront : « Je ne sais quand est-ce que l’on exploitera le savoir sur les atomes. Mais c’est notre destin de continuer. » Et de citer Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

 

FB

Depuis quelques années, les nanotechnologies donnent
lieu à une vague d’interrogations. Des associations
anti-nanotechnologies ont même vu le jour.
Oblomoff en région parisienne, Bleue comme une
orange à Toulouse ou Pièces. Le site Internet Pièces
main d’oeuvre, basé à Grenoble, pointe du doigt
ces technologies qui prétendent maîtriser totalement
les atomes comme les populations. Ses responsables
s’interrogent : « Quelle liberté nous restera-t-il
quand la numérisation de chaque parcelle de la
planète nous placera sous surveillance électronique
permanente ? » La question est complexe car
les nanotechnologies regroupent des objets et des
procédés de fabrication très différents. Pour certains
scientifiques, les nanotechnologies sont passées de
sciences respectables à un terme « fourre-tout ».
De si petits objets
Seule certitude : un nanomètre représente un milliardième
de mètre, soit 10-9m.
« Les nanotechnologies désignent l’ensemble des
techniques et moyens qui permettent de fabriquer
avec une précision de l’ordre du nanomètre,
souligne Christian Joachim, Directeur de recherche
au CNRS et responsable du Groupe
NanoScience (GNS) au Centre d’élaboration
de matériaux et d’études structurales (CEMES).
Cela signifie qu’une partie dans la machine
a des dimensions dont la précision de fabrication
est au nanomètre. La nanotechnologie,
quant à elle, désigne la machine entière dont
les pièces mesure un nanomètre. Dans ce cas,
la précision de fabrication est de l’ordre de
l’atome et l’on parle de fabrication atome par
atome. Pour l’instant, cela reste un domaine de
recherche. »
Selon le chercheur, la définition de la nanotechnologie
est devenue plus élastique au fil des ans
pour désigner « les nanotechnologies », qui ne
concernent plus seulement la manipulation de la
matière atome par atome, mais font référence à
toutes les techniques permettant de fabriquer de
« petits objets » avec une précision de l’ordre du
nanomètre, quand bien même elles mettent en jeu
des milliards d’atomes et non plus quelques-uns.
Atomes et Puces RFID
Ce qui suscite des peurs ce sont des convergences
entre la biologie, la biotechnologie et les micro
technologies. Dans son livre, Nanosciences la
révolution invisible, (Seuil), Laurence Plévert estime
que le tout petit a toujours fait peur quel que soit
le siècle : « Notre siècle penche plutôt en faveur
du « tous contre la technologie » qui sera toujours
vue comme un mal plutôt que comme un bien. »
On a beau savoir que la manipulation des atomes
n’en est qu’à un stade primaire, certains sèment volontairement
la confusion. C’est ce que l’on observe
au sujet des puces intelligentes que l’on se plaît
à associer aux nanotechnologies alors qu’il s’agit
avant tout d’électronique. Ces dispositifs appelés
RFID (Radio Frequency Identification), ou système
de radio-identification, sont composés d’une puce
électronique et d’une antenne radiofréquence. Les
informations contenues dans la puce peuvent être
lues à distance éventuellement à notre insu. Les
RFID sont déjà utilisés dans les transports en commun
(Navigo) ou pour remplacer les codes-barres
de certains produits.
Beaucoup s’inquiètent qu’après les
marchandises, les humains puissent
un jour être équipés de puces
intelligentes.
Un risque balayé par Bernard Benhamou, Délégué
aux Usages de l’Internet au sein du gouvernement :
« À terme, tous les objets du quotidien auront
des puces RFID. On pourra connaître les mouvements
des objets et des personnes. Mais les
citoyens pourront désactiver le système. » Pour
Christian Joachim, les nanotechnologies seront
ce que les êtres humains en feront : « Je ne sais
quand est-ce que l’on exploitera le savoir sur les
atomes. Mais c’est notre destin de continuer. » Et
de citer Rabelais : « Science sans conscience n’est
que ruine de l’âme ».
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