Daniel Salvatore Schiffer, chevelure abondante, écharpe élégante, a lui-même des allures qui rappellent ces dandys auxquels il a consacré une part importante de son oeuvre. Alors qu’un beau livre sur ce thème paraîtra bientôt, ce spécialiste de Levinas, disciple de Deleuze et de Jankélévitch, est également un intellectuel engagé, aussi attentif à l’application du droit international que précis dans sa dénonciation des grandes impostures et petites manipulations commises par certains de ses « confrères »…
Le dandy, être du clair-obscur
Daniel Salvatore Schiffer, vous présentez le dandy comme une figure éminemment paradoxale… Dans quelle mesure plus précisément ?
Je dis souvent que c’est un oxymore vivant. Il est cette « obscure clarté qui tombe des étoiles », dont parle Corneille dans le « Cid ». C’est l’être du clair-obscur, fondamentalement ambivalent. Autant il a un côté flamboyant, un panache, comme c’était le cas d’Oscar Wilde hier, ou de Bowie aujourd’hui, autant il possède en même temps un côté sombre. C’est une figure tragique, crépusculaire. Les grands dandys finissent mal en général, meurent plutôt jeunes, désargentés. Un des grands aphorismes de Wilde dit qu’il faut « soit porter une oeuvre d’art, soit être soimême une oeuvre d’art ». Or, tout le tragique du dandy, qui désire élever sa personne au rang d’oeuvre d’art, vient de ce que même s’il a été béni des dieux et possède la beauté, il ne peut indéfiniment échapper à la décrépitude. D’où la tentation chez beaucoup de mettre fin à leurs jours. « Le suicide est le dernier sacrement du dandysme » disait Baudelaire, repris par Michel Butor… Il y a une phrase cruciale de Baudelaire pour comprendre la portée philosophique du dandysme, tirée de son journal intime, « Mon coeur mis à nu » : « Il y a en tout homme deux postulations simultanées, la vocation à dieu, une spiritualité, qui est une joie de montée, et la vocation à Satan, qui est une joie de descente ». Cette double postulation simultanée, permet d’appréhender à quel point le dandy pousse l’être jusque dans ses extrêmes limites. Il s’agit d’un jeu permanent entre pulsion de vie et pulsion de mort. C’est en cela que c’est un courant artistique et philosophique, ce qui n’est pas compris pas en général.
Cette tendance à l’autodestruction se retrouve chez certaines Rock stars, comme Amy Winehouse par exemple, morte récemment de ses excès… Vous identifiez ainsi dans la culture populaire plusieurs exemples qui semblent perpétuer l’esprit dandy…
Oscar Wilde, Brummell, Lord Byron, John Keats, la plupart des grands dandys historiques sont morts relativement jeunes et l’on retrouve en effet ce phénomène chez certaines Rock stars comme Jim Morrison, Kurt Cobain, Amy Winehouse donc (que j’ai définie comme une « femme dandy aux couleurs du crépuscule ») ou encore Jimmy Hendrix. Malgré un certain dévoiement, ils perpétuent l’esprit dandy, même de manière caricaturale. Il y a un album de 1972 de Bowie que j’aime beaucoup, soustitré « the rise and fall of Ziggy Stardust and the spiders from Mars ». On y assiste à la montée vers la gloire, puis à la chute. Beaucoup de grandes rock stars ont à peu près le même trajet, et en ce sens incarnent, toute proportion gardée, une nouvelle expression de ce qu’était les poètes maudits au XIXe siècle, Baudelaire, Rimbaud, Gérard de Nerval. Il y a une ambigüité fondamentale. Regardez encore John Galliano, patron de la haute-couture chez la plus grandemarque qui soit en France… Et au moment où il est au sommet, il dit une énorme bêtise (pour autant que ce soit vrai)… Il y a peutêtre une volonté de provocation inconsciente, mais ce mécanisme autodestructeur est en tout cas récurrent chez les dandys. Prenez Wilde, au sommet de sa gloire, « L’importance d’être constant » sa quatrième comédie fait le tour de Londres, il est adulé, et il se fait prendre en flagrant délit d’homosexualité, punissablealors de deux ans de travaux forcés. Il se croyait tellement fort, original et puissant, il pensait tout pouvoir se permettre, mais la société l’a rattrapé et lui a fait payer. Parmi les Rock stars Michaël Jackson, a pratiqué cette même autodestruction, avec chez lui en plus un travail sur sa propre personne physique,la multiplication des personnalités, du crooner au Bad boy… Il était devenu lui-même son propre masque, une oeuvre d’art, peut-être kitsch, de mauvais goût, mais en cela a rejoint l’aphorisme de Wilde.
« Un mode d’être,
plus qu’un être
à la mode »
Dans « Le dandysme, derniers éclats d’héroïsme », vous présentez ainsi toute une constellation de figures de dandys, contemporaines et historiques, en dégageant des constantes philosophiques déjà énoncées dans « Philosophie du dandysme », paru aux PUF en 2008. Vous voyez dans cette attitude une vraie « pensée en acte », non un simple souci de paraître…
On prend le dandysme pour un phénomène superficiel où l’attitude, le vêtement, l’apparence comptent seuls ; c’est cela bien sûr aussi, mais c’est avant tout une philosophie. On a à faire à un mode d’être, bien plus qu’à un être à la mode, c’est un état d’esprit. La mode n’est pas une fin en soi pour lui, mais un moyen d’accéder à l’être. Ainsi des dandys se moquent éperdument de leur silhouette et la sabotent même volontairement, dans leur avatars contemporains pratiquant la provocation, le trash ou le kitsch, comme chez certains punks, Sid Vicious par exemple, qui est un suicidé de la société au même titre que Van Gogh l’était aux yeux d’Antonin Artaud, ou que l’ont été Kurt Cobain et Ian Curtis de Joy Divison.
Vous rattachez l’origine du dandysme philosophique à Nietzsche et à Kierkegaard. Celui-ci découle-t-il donc de la mort de Dieu annoncée par l’auteur d' »Ainsi parlait Zarathoustra » ?
Oui, tout d’abord Nietzsche est contemporain de Wilde, ils meurent tous deux en 1900. Ilsne se sont jamais rencontrés à ma connaissance, peut-être même pas lus, mais ils sont très proches sans le savoir. Je dis souvent que Wilde est le plus nietzschéen des écrivains, et Nietzsche le plus wildien des philosophes. Il faut en effet partir de la mort de Dieu, à l’occasion de laquelle sautent tous les verrous judéo- chrétiens. C’est l’homme qui prend alors la place de Dieu, dans sa part divine mais aussi dans sa part diabolique. L’Art devient le nouvel absolu, car les hommes ne peuvent vivre longtemps sans transcendance. Le dandy est une figure utopique qui s’oppose à deux mille ans de philosophie et de religion. Cela ne veut pas dire qu’il est athée mais qu’il ne croit pas dans le dieu biblique. Nietzsche n’était pas un dandy mais il a livré les clefs de ce que celui-ci allait représenter. Il faut ensuite aussi mettre en regard la pensée de Nietzsche et celle de Kierkegaard, auteur du « Journal du séducteur ». Le constat de la mort de Dieu est une abolition du religieux qui débouche sur une abolition éthique : on parvient par-delà le bien et le mal. Seul subsiste le stade esthétique, qu’incarne Zarathoustra, le philosophe-artiste. Chez Søren Kierkegaard, on remarque une évolution exactement inverse. Il part du stade esthétique, notamment dans sa magistrale étude du « Don Giovanni » de Mozart. Il y décrit d’abord le stade de la jeunesse, de l’insouciance, du plaisir, celui de Dorian Gray. Puis l’homme évolue, se marie, a des enfants, et se pose alors des questions morales : c’est le stade éthique. Puis il vieillit, se rapproche de la mort, se pose des questions sur Dieu, fait le bilan de sa vie et il passe enfin au stade métaphysique. Cette dialectique des trois stades chez Kierkegaard suit donc une progression inverse à celle émise par Nietzsche. Chez l’un, la phase est ascendante, on va de l’esthétique au religieux, chez l’autre, l’éthique est également dépassée, mais dans le sens descendant, du métaphysique vers l’esthétique. Le rapprochement des deux mouvements figure un chiasme. C’est l’un des aspects centraux de ma philosophie du dandysme : le dandy se situe au croisement de ces deux phases. Et c’est à ce croisement qu’à la même époque arrivent Baudelaire et Wilde, ou Barbey d’Aurevilly, qui sont l’application au niveau poétique et littéraire – ils ne le savent pas bien sûr – des théories nietzschéenne et kierkegaardienne des trois stades. Voilà ma thèse. La base philosophique, métaphysique, presque théologique – même si c’est par la négation – est là. Tous les poètes, les dramaturges, les peintres dandys, sans le savoir, appliquent les deux dialectiques. C’est ce double mouvement, inverse et simultané, qui fait l’oxymore, le clair-obscur, c’est un déchirement. C’est là la quintessence du dandysme.
Donc en dépit de la mort de Dieu et en vertu de la double postulation du dandy, celui-ci garde un lien très fort à la transcendance, il reste même un mystique ?
Il peut y avoir remise en question métaphysique mais les valeurs morales ne sont pas foncièrement bouleversées. Dans le clair-obscur, la lumière est la condition de l’obscurité. Tout est synthétisé dans la personne et l’oeuvre du dandy, c’est la totalité de l’être. Il n’y a plus de distinction entre l’être et le paraître, de séparation franche entre l’ombre et la lumière, le masculin et le féminin, l’âme et le corps. Il s’agit d’une tentative d’échapper au dualisme platonicien repris par le christianisme, cela est fondamental. D’où la figure de l’androgyne, qui se situe par-delà le masculin et le féminin, par-delà la sexualité, mais aussi au-delà du bien et du mal. Profondément, cela atteste d’une volonté de reconstruire l’être dans sa totalité, ce que va incarner le dandysme au niveau artistique. Nietzsche a dit que Dieu était mort mais n’a jamais dit qu’il n’existait pas. C’est l’homme qui l’a tué. Ce sont les interprétations que les hommes d’église font de Dieu qui rendent les hommes athées ; ce que Nietzsche n’est pas, il a le sens de la transcendance, ce qui le projette vers l’Art, nouvel absolu qui remplace l’idée de Dieu. C’est l’avènement du surhomme, l’homme devient Dieu, c’est la figure de Zarathoustra le philosopheartiste… Mais Nietzsche ne croit pas au Dieu biblique, au Dieu de la révélation, il se rapproche plutôt de la Substance indéfinie de Spinoza. Deleuze qualifie de « bouddhique » le dernier stade de son évolution, de Dieu au sens du coeur, de sentiment d’appartenance à une grande totalité.
« La religion est à la théologie ce que la morale est à l’éthique. »
Y-a-t’il un lien particulier entre votre travail sur le dandysme et votre intérêt pour l’oeuvre d’Emmanuel Levinas ? Dans l’essai que vous lui avez consacré, vous abordez en particulier sa pensée esthétique…
En effet, dans mon étude sur ce philosophe celle consacrée à l’esthétique, et cela de manière assez nouvelle puisque c’était le plus souvent sa réflexion sur l’éthique qui était alors étudiée. En 1948, Levinas publie « La réalité et son ombre », qui est son seul texte portant sur l’esthétique, mais quel texte ! Il paraît dans « Les temps moderne », la revue de Jean-Paul Sartre, avec une note préliminaire de Maurice Merleau-Ponty, le grand phénoménologue. Mais il se trouve que ni Merleau- Ponty ni Sartre n’ont compris la proposition de Levinas, parce que, contrairement à Heidegger et Sartre à sa suite, Levinas développe une métaphysique et non une ontologie. L’esthétique est pour Levinas une des dimensions de l’être.
Cette part obscure de la réalité que l’Art explore, ne peut être évacuée, car sans elle, l’Être ne serait pas complet. Le lien intellectuel entre le dandysme et Levinas est donc là, mais ce que je tiens à dire aussi c’est que ce lien, pour ce qui me concerne, se trouve surtout dans ma vie. Je suis le fils d’un pasteur protestant, juif par ma mère – quoique de façon non déclarée -, mais avant tout agnostique, voire athée. Pour moi le dandysme est une mystique sans Dieu, pour reprendre l’expression de Malraux à propos de Georges Bataille. Le Dieu des monothéismes ne m’intéresse pas, je pense avec Nietzsche que « Les églises sont les monuments funéraires de Dieu » et que « Les églises sont trop petites pour accueillir mon idée de Dieu ». Cette transcendance, je la vois dans l’Art, sous les voûtes de la chapelle Sixtine, dans une sonate de Beethoven, dans les Fleurs du mal… Dieu, c’est la part divine de l’homme, ou bien sa part diabolique, tout ce qu’il fait qu’il se transcende… Ce qui m’a en outre intéressé chez Levinas c’est qu’il est contre le dualisme, le manichéisme, il est beaucoup moins juif qu’on ne le croit. Je l’ai rencontré, cet échange est reproduit dans « Dialogues du siècle », série où l’on retrouve aussi Ionesco, Günter Grass, Baudrillard, Fukuyama. Ce fut son dernier grand entretien, un an avant sa mort en 1995 dans la nuit de Noël. La théologie n’a pas nécessairement besoin de religion. La religion est à la théologie ce que la morale est à l’éthique. Le problème est que l’on prend généralement la partie pour le tout, la morale pour l’éthique. L’éthique ce sont des principes universels qui valent pour tous temps, la morale est une convention sociale. Le rapport entre le dandysme et Levinas, est aussi là. Il donne accès à une dimension supérieure, même si cette transcendance peut se faire dans le Mal. Je me situe au-delà de la morale.
Par vos nombreuses prises de position dans la presse (affaires Sakineh, Polanski, DSK…), vous semblez être un intellectuel engagé. Récusez-vous ce terme ? Au-delà des impostures que vous dénoncez chez certains de vos confrères, notamment parmi les nouveaux philosophes (BHL, André Glucksmann), croyez-vous encore à la possibilité pour l’intellectuel de changer le cours de l’histoire ?
Avant d’écrire sur le dandysme, cette thématique a en effet constitué le sujet de mes premiers livres. En 1993, j’ai publié en français, « Les intellos ou la dérive d’une caste, de Dreyfus à Sarajevo ». Mon engagement date précisément de juin 1989, à l’époque de la révolte des étudiants chinois, place Tian’anmen. J’étais alors professeur au centre culturel français de Milan et éditeur, notamment des dissidents soviétiques, l’intégrale d’Andreï Sakharov, des inédits de Gorki donnés par sa femme, Alexandre Zinoviev… Je faisais aussi des grands entretiens pour le « Corriere della serra », pour qui j’ai donc aussi couvert les évènements de Tian’Anmen, rencontrant le leader des étudiants chinois, à Pékin puis à Paris en exil, ainsi qu’à Milan, avec protestation officielle de l’ambassade de Chine. Avant le 4 juin, j’avais déjà écrit plusieurs articles décrivant la situation, notamment un reportage 24 pages dans le supplément hebdomadaire, avec des photos d’étudiants massacrés. En italien, j’avais déjà publié auparavant « Le discrédit des intellectuels », en 1988. Je ne crois plus vraiment au pouvoir de l’intellectuel, mais son rôle de témoin, de conscience de son époque reste nécessaire. Je l’ai beaucoup fait et le fais encore. J’ai dix ans de moins que BHL, vingt ans de moins qu’André Glucksmann, que j’ai bien connus tous deux. J’ai édité « Les maîtres-penseurs » et « Le testament de Dieu » en italien… C’est la guerre en Yougoslavie qui a été le point de rupture. A cette époque, dans la foulée de Tian Anmen, j’avais beaucoup pris parti pour les dissidents de l’Est, j’apportais des cigarettes et du Whisky à Vaclav Havel. J’étais aussi à Berlin le 9 novembre 1989. Plus récemment mes combats en faveur de Sakineh l’iranienne menacée de lapidation ou de Roman Polanski, rejoignent ceux de BHL et de Glucksmann, mais ce ne fut pas le cas pour la guerre d’ex-Yougoslavie, qui nous a séparés. Bien avant BHL j’ai rassemblé 150.000 signatures pour la défense de Sakineh, par le moyen d’une pétition parue à la une des principaux quotidiens européens, sauf en France… Parmi celles-ci de grands intellectuels (Edgar Morin, Alain Touraine, Elisabeth Roudinesco, Julia Kristeva, sept prix Nobels, Frédéric Mitterrand…), ce ne sont pas les « people » de Levy qui ont signé la pétition, dont on a parlé parce qu’il verrouille les médias parisiens. J’ai écrit plusieurs courriers électroniques à la Règle du jeu, à son rédacteur en chef Jean- Paul Enthoven, afin de fusionner les deux appels. « Oublions nos égos », ai-je proposé à BHL, « nos différends pour quelque chose qui en vaut vraiment la peine »… Ils ne m’ont jamais répondu.
« Critique de la déraison pure… »
BHL, au-delà des différends idéologiques, n’est-ce pas avant de toute manière une question de méthode qui vous sépare des nouveaux philosophes, notamment de BHL, dont vous dénoncez les multiples confusions et les tentatives de manipulation intellectuelle dans votre « Critique de la déraison pure », à la suite de Raymond Aron, Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu ou Gilles Deleuze ? Comment cela est-il encore possible ?
Bien sûr. Je cite textuellement tous ces exemples dans mon livre. Sa technique consiste le plus souvent à réduire une pensée, ou alors à l’opposer à une autre, de manière si simpliste qu’elle en devient malhonnête, et cela afin de tordre les idées dans le sens de ses thèses personnelles. Si vous avez le malheur de citer son nom à l’Université en Belgique, vous ne passez même pas vos examens. Ce n’est pas sérieux. Il est partout. Il fait partie du conseil d’administration de Libération, préside le comité de surveillance d’Arte, Pierre Bergé vient de le faire nommer au Monde, il a tout à dire chez Grasset… Il a son bloc-notes dans le Point, du groupe Lagardère, qui vend des fusées et des armes notamment à Kadhafi que maintenant il prétend combattre. Il y a là une accointance très forte entre les pouvoirs éditorial, financier et politique. La Lybie constitue pour lui – comme pour Sarkozy – un moyen de faire oublier leur silence au sujet de la Tunisie etde l’Egypte, de se racheter une virginité par rapport au monde arabo-musulman. Sarkozy a été l’allié de Moubarak et de Ben Ali, Kadhafi avait planté sa tente devant l’hôtel Marigny, c’est tout de même énorme ! Ce sont de vrais démagogues, dotés d’une vraie intuition, des opposant à Kadhafi derrière la frontière libyenne, BHL a fait d’une pierre deux coups, intellectuelle pour lui, politique pour Sarkozy. Il y a eu aussi cette incroyable affaire Botul pour BHL, où il convoquait un philosophe canular, inventé de toutes pièces, pour démentir Kant… Heureusement qu’Alain Juppé était là, qui a empêché un départ en guerre contre la Lybie sans l’aval de l’ONU. Il a été le seul vrai artisan de la victoire en Lybie, en obtenant l’intervention de l’ONU. Mais on ne l’a pas vu se faire photographier comme BHL sur le podium de Tripoli… Il faut savoir que les opposants à Kadhafi qui sont entrés dans Tripoli sont des proches d’Al-Qaïda et veulent instaurer une république islamiste. Un philosophe est censé éclairer le monde, or BHL se comporte avec le même pragmatisme et le même cynisme qu’un homme politique.
Propos recueillis
par Hugues Simard
BIO-BIBLIOGRAPHIE DE DANIEL SALVATORE SCHIFFER
Daniel Salvatore Schiffer, né en 1957, de nationalité italienne et de culture française, agrégé de philosophie pour l’enseignement secondaire supérieur et titulaire d’un diplôme interuniversitaire (Bruxelles, Louvain et Liège) d’études approfondies en “ esthétique et philosophie de l’art ”, Requiem pour l’Europe (L’Âge d’Homme, 1993) Les Intellos ou la Dérive d’une caste (L’Âge d’Homme, 1995) Les Ruines de l’Intelligence (Wern, 1996, préface de Patrick Besson) Dialogues du Siècle (Wern, 1997)Umberto Eco – Le labyrinthe du monde (Ramsay, 1998) Grandeur et misère des intellectuels – Histoire critique de l’intelligentsia du XXe siècle (Le Rocher, 1998) La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique (PUF, 2007, préface de Jacques Taminiaux) Philosophie du dandysme – Une esthétique de l’âme et du corps (PUF, 2008) Oscar Wilde (Gallimard – Folio Biographies, 2009) Le Dandysme, dernier éclat d’héroïsme (PUF, 2010) Critique de la déraison pure – La faillite intellectuelle des “ nouveaux philosophes ” et de leurs épigones (François Bourin Editeur, 2010) Hsiao Chin ou la transcendance du signe (Académie Royale des Beaux-Arts de Liège, 2011) Le Dandysme – La création de soi (François Bourin Editeur, 2011)