Tout part d’un constat : dans certains métiers, dans les classes dirigeantes, dans certaines écoles d’ingénieurs, où sont les femmes ? Par habitude, on ne fait pas spécialement attention à cette problématique, on a l’impression que ce n’est pas une question, que c’est une affaire définitivement réglée. En France, depuis le dernier quart du 20e siècle, les femmes ont acquis des droits égaux dans le domaine professionnel. Il n’est plus possible de publier des offres d’emplois discriminants : Mesdames, n’hésitez plus, les portes vous sont grandes ouvertes. Quelques décennies plus tard, les chiffres nous rappellent une réalité : certains domaines, certains lieux de pouvoir n’ont pas été investis par les femmes, alors que, sur le papier, rien ne les y empêchent.
Il faut donc chercher une plus raison plus profonde. Trouver des mécanismes permettant d’infléchir cet immobilisme. Choisir une orientation scolaire, embrasser une carrière, identifier une trajectoire professionnelle, cela se fait souvent en référence à ce que l’on voit autour de soi : je me verrais bien en… non, ça c’est pas pour moi, je ne connais personne qui… une telle fait ça, elle a les mêmes goûts que moi, alors pourquoi je ne pourrais pas faire pareil ?On voit dans ces questionnements l’importance des modèles auxquels on peut s’identifier. Et si les modèles manquent, il est difficile de se projeter, d’imaginer une perspective. Qui n’a pas planché une fois dans ses entretiens d’embauche sur la question piège : décrivez-nous une personnalité à qui vous voudriez ressembler ?… On voit ici l’importance des modèles.
L’objectif des réseaux professionnels de femmes est de débroussailler la voie, de créer une perspective pour les jeunes femmes et jeunes filles qui leur permettent de se projeter, de leur fournir quelques clés pour se mettre à l’aide, pour décoder leur environnement.
Dans l’association des Anciens de l’X, le groupe « Polytechnique au féminin » œuvre pour créer les conditions de réussite des femmes issues de cette école, mais aussi pour rayonner dans un espace plus large, donner envie aux jeunes de choisir les études scientifiques, montrer les carrières intéressantes qui s’offrent à l’issue de telles études. Pour doper ses forces, « Polytechnique au féminin » s’inscrit dans « Sciences ParisTech au féminin » qui rassemble plusieurs écoles d’ingénieurs parisiennes. Nous organisons des interventions de femmes décrivant leur parcours professionnel ou qui, par le dépassement de leur limite, font rêver (tour du monde des énergies, traversée de l’Atlantique à la rame). Nous organisons des conférences sur des thèmes émergeants (cuisine moléculaire, silver economy), nous organisons des rencontres avec les étudiantes en école d’ingénieurs. Nous intervenons dans les lycées pour promouvoir les métiers au féminin. Nous mettons en relation des femmes volontaires pour mentorer des jeunes filles en classes préparatoires. Il faut donner envie. La mixité est représentative de la société. Les femmes ont leur place dans toutes les strates du monde professionnel, pour le bien de chacun, y compris de nos collègues masculins. Notre vœu : que celles qui se sont engagées dans cette voie sortent de l’anonymat !
Par Diane Dessalles-Martin,
Présidente du Groupe « Polytechnique au féminin » à l’Association des Anciens élèves de l’Ecole Polytechnique