Londres peut être la ville de tous les possibles si l’on considère la variété des situations professionnelles des Français qui font le choix de s’y installer. Mais le départ vers cette ville souvent considérée comme un eldorado professionnel doit être bien préparé. Londonienne depuis 12 ans, Axelle Lemaire, députée PS de la 3e circonscription des Français établis en Europe du Nord, vous fait partager son regard sur la communauté française et l’opportunité de travailler dans la ville du melting pot anglais.
Quel mot utiliseriez vous pour qualifier la communauté française de Londres ?
Diversité ! Elle s’est beaucoup accentuée alors que la communauté a décuplé en 10 ans. Toutes les catégorises socio- professionnelles sont représentées, de la jeune-fille au pair au P-DG d’une multinationale. De nombreux Français sont établis à Londres alors qu’hier ils y venaient pour quelques années. Les 25-45 ans sont les plus représentés et le public de jeunes cadres récemment diplômés se développe. 100 000 Français sont enregistrés au consulat de Londres mais on estime qu’ils seraient près de 200 000.
Qu’est-ce qui les séduit et est objectivement réel selon vous sur le marché du travail ?
Son dynamisme explique en partie son attractivité aux yeux des jeunes. Ils se disent qu’ils trouveront ici plus facilement un emploi. Chez les plus diplômés s’ajoutent l’importance d’avoir une expérience à l’étranger et de maîtriser l’anglais. La proximité de Londres est un autre atout d’autant qu’elle conserve un caractère «exotique» pour les Français. Il faut aussi souligner une prime à la jeunesse dans les entreprises. Nos compatriotes me disent souvent apprécier une hiérarchie moins formelle voire pesante qu’en France, des rapports professionnels moins codés, plus neutres.
Que faut-il savoir de la législation sur le travail ?
Elle est très souple : avec pour avantage une flexibilité du marché et donc des opportunités, et comme inconvénient de pouvoir être remercié du jour au lendemain. Il faut aussi savoir que les allocations chômage sont les mêmes pour tous et qu’elles ne permettent pas de vivre dans une ville très chère. J’ajoute que le salarié est rarement en position de négocier les clauses de son contrat de travail.
Quel est le profil professionnel des Français ?
Ils sont nombreux dans la finance mais leur profil se diversifie à l’image de l’activité économique locale dans le luxe, la banque, les cosmétiques, le marketing, la restauration… Je note un essor des métiers liés à la créativité : médias, publicité, relations publiques, nouvelles technologies, architecture, design… Je suis toujours frappée de voir que les Français sont partout : du manager d’une ligne de train à l’instituteur dans une école anglaise en passant par l’étudiant ou le chercheur jusqu’au dirigeant d’usine ou d’entreprise.
Londres est-elle une ville agréable à vivre ?
Il y règne un esprit civique, un côté résidentiel presque village avec ses nombreux parcs. La vie culturelle est foisonnante car elle est bien subventionnée. Londres est aussi une ville cosmopolite où vivent 180 nationalités. Il y aussi des inconvénients comme le coût du logement, des transports, de l’éducation sachant qu’il n’y a pas assez de places au lycée français malgré la construction d’une nouvelle antenne à Southken pour 2015 qui portera l’offre à 4 500 places.
Un conseil aux jeunes qui souhaitent travailler à Londres ?
Il faut absolument préparer votre départ. Car on ne vient justement pas uniquement pour travailler, mais aussi pour vivre. Il faut donc considérer tous les aspects de la vie et relativiser sa réputation d’eldorado professionnel, social, fiscal et culturel. Partir est toujours un enrichissement à partir du moment où l’on est ouvert à la découverte, prêt à faire un effort d’intégration. www.axellelemaire.eu
A. D-F