La Pêche à Montreuil, l’Eusko au Pays Basque, le Sol Violette à Toulouse ou encore le Galléco en Ille-et-Vilaine… Ces noms bucoliques désignent en fait des monnaies locales. Complémentaires à l’euro, elles se multiplient et redynamisent l’économie de quartier.
C’est en 2010, dans le Lot-et-Garonne, qu’apparaît la toute première monnaie locale de France. A Villeneuve sur Lot, l’association « Agir pour le Vivant » propose alors aux habitants de convertir leurs euros en « Abeilles ». Diffusées sous la forme de billets, cet argent d’un nouveau genre leur permet de faire leurs achats ou leurs ventes (pour les commerçants et entreprises participants) dans une autre monnaie que l’euro. Pour le plaisir de jouer à la marchande … peut-être ?! Mais surtout pour développer l’économie locale.
SOUTENIR ET DÉVELOPPER L’ACTIVITÉ LOCALE
Imaginés par des associations de citoyens, ces nouveaux moyens de paiement ont en fait pour objectif de relocaliser l’économie, de sortir la monnaie du champ spéculatif et représentent une excellente réponse à l’instabilité des marchés financiers. Le plus souvent, ces monnaies complémentaires sont d’ailleurs soutenues par les collectivités locales. Des banques, des commerçants,… des environs, sensibilisés et motivés par l’économie sociale et solidaire, prennent aussi part au projet. En incitant les habitants à faire leurs courses auprès des commerçants participants et des entreprises partenaires, les monnaies locales servent donc à dynamiser l’économie de proximité, l’activité des centres-villes. En outre, en favorisant le développement de circuits économiques courts entre producteurs d’une région et consommateurs locaux, cet argent constitue également pour certains militants un moyen de promotion du développement durable.
RENFORCER UN SENTIMENT D’APPARTENANCE
Mais le but n’est pas seulement de soutenir les petits commerces ou producteurs locaux, il s’agit aussi de récréer une vie de quartier. Les utilisateurs, tous adhérents d’une association à l’origine de la nouvelle monnaie, ont l’impression d’appartenir à une communauté. Selon une carte du Réseau des Monnaies locales complémentaires, qui recense les projets qui voient le jour en France, ces nouveaux moyens de paiement se développent surtout dans l’ouest et le sud de la France. Principalement dans des territoires ayant une identité forte (comme la Bretagne ou le Pays- Basque) ou qui sont fortement impactés par la crise. Au total, plus d’une vingtaine de monnaies locales circuleraient actuellement dans plusieurs régions de l’Hexagone.
COMPLÉTER L’EURO ET FACILITER LA CIRCULATION DES LIQUIDITÉS
Si elles se développent rapidement d’un bout à l’autre de la France, le mouvement reste dans tous les cas très encadré. On ne crée pas une nouvelle monnaie comme ça ! Une association doit être à l’origine du projet et elle doit obtenir l’autorisation de la Banque de France avant de mettre en circulation ses propres billets. Leur diffusion est également très réglementée : « C’est un instrument de paiement qui peut être utilisé sur un territoire restreint et par un public restreint », rappelle l’institution bancaire. Enfin, aucun cas, ce n’est pas une monnaie de substitution, une alternative à l’Euro. Cet argent reste complémentaire. Les monnaies locales sont d’ailleurs indexées sur la valeur de la devise officielle. Dernière caractéristique de ces nouvelles monnaies, leur aspect éphémère. Même si certaines sont convertibles en euros, la plupart sont dites « fondantes » : leur durée de vie est limitée afin d’inciter les utilisateurs à la faire circuler et non à les mettre de côté !
CD