La parité Hommes/Femmes, enjeu majeur dans les Grandes Ecoles et dans les Grandes Entreprises
Ils sont trois, deux filles et un garçon, et ont une ambition commune : s’épanouir dans leur travail et leur vie privée. Avoir des projets à 20 ans, c’est la plus belle des choses. Mais être conscients que selon leur genre, il leur faudra subir des compromissions et pire des discriminations dans le travail, c’est une réalité de notre pays malheureusement bien comprise par Angélique, Laure et Pierre.
Discriminations : entre prise de conscience et inconscient
On entend souvent dire que les étudiants des grandes écoles anticipent peu les discriminations dont sont victimes les femmes en entreprise, dont leur formation de haut niveau les protègerait. Pourtant, c’est bien l’inverse que me disent mes trois témoins. Laure me raconte qu’en discutant avec des camarades filles, « nous avions toutes conscience qu’il existe un plafond de verre dans l’entreprise, mais aussi que les situations varient selon les politiques mises en oeuvre. Nous avons aussi parlé de sexisme, et je crois que filles, comme garçons, sont formatés par l’image des hommes leaders dans la société. » Des stéréotypes biens ancrés comme en témoigne Angélique à qui un camarade a « dit qu’il se sentirait mal à l’aise si sa compagne gagnait plus d’argent que lui ou avait un niveau d’études supérieur au sien. En parlant d’argent, nous sommes toutes choquées des différences salariales à niveau de formation et responsabilités égales, et ce dès le premier poste, malgré le fait que la loi interdise ces discriminations. » Pierre constate un décalage de perception entre fille et garçon. « N’importe quel étudiant est moins conscient de ces inégalités qu’une étudiante. Pour autant, je suis convaincu qu’une structure sociale fonctionne mieux avec une égalité des chances entre les sexes. Les améliorations que peuvent apporter les femmes à l’entreprise n’adviennent non pas parce qu’elles seraient plus performantes dans certains domaines, cette vision simpliste ne contribuera aucunement à améliorer la représentativité des femmes, mais bien parce que le réseau d’interaction changeant avec une égalité de chance hommes-femmes, cela contribuera à développer la créativité de chacun. »
Modèle familial
Angélique et Laure n’ont pas eu les mêmes modèles féminins. Ainsi, la mère d’Angélique l’a poussée dans ses études pour qu’elle soit « indépendante et réussisse. J’ai de l’ambition, une belle formation et l’envie de la mettre à profit. Mais nous ne sommes pas toujours d’accord : je souhaite un travail épanouissant, trouver un équilibre personnel tandis qu’elle me pousse à prendre des responsabilités et gagner bien ma vie. » Dans la famille de Laure, ce sont les hommes qui font carrière. « Tandis que mon père, conscient des difficultés des femmes dans l’entreprise, me pousse, ma mère me conseille aussi de penser à ma vie privée. Au-delà de l’influence familiale, je pense qu’il existe un lien direct entre un choix d’études et une ambition de carrière. »
Futurs parents
Angélique dont la mère a élevé trois enfants en travaillant désire mener de front vie familiale et professionnelle. « Ma mère a renoncé à fonder sa propre activité. Je sais que toute mère sera confrontée à ce type de dilemme. Or, le problème ne vient pas tant des femmes, mais d’un changement des mentalités et organisations. Voir des entreprises qui ouvrent des crèches, aménagent le temps de travail, montre un intérêt particulier à l’évolution de leurs femmes cadres. » Ces politiques peuvent faire la différence pour Laure. « Je serai attentive à ce que me proposeront les entreprises. Pour autant, j’anticipe que je pourrais être amenée à faire des choix pour trouver un équilibre. »
Nouvelle génération ?
Le moment venu, réussir à concilier vie professionnelle et familiale sera un objectif important pour Pierre. Il anticipe que ce ne sera pas « simple aussi bien du côté du travail, où je devrais changer de rythme, d’objectifs peut-être (mais l’égalité des chances passe par le fait que les hommes accordent une égalité d’abord à leur femme), qu’à la maison. Je pense que nous serons dans les premières générations à mettre en place une vraie égalité des tâches domestiques, même si ce ne sera pas simple.»
Travailler ensemble
Au cours de stages et sur des projets d’école, les étudiants ont expérimenté les relations hommes/femmes dans le travail. Pierre a « surtout remarqué que la mixité est un vrai plus, mais de là à penser que les filles ont des qualités différentes des nôtres, il ne faut pas généraliser. » Au cours de ses projets, Laure a constaté que les filles se montraient plus organisées et efficaces « et prenaient donc le dessus. Cela est peut-être lié au décalage de maturité entre nous à cet âge ? » Angélique a vécu des expériences différentes. « Si les filles sont en majorité, elles prennent le leadership, si c’est l’inverse ou l’égalité, les garçons dominent. Bien sûr la personnalité de chacun a un impact sur les situations, on ne peut donc en faire une règle absolue. Ce qui ne devrait plus exister, ce sont les blagues machistes que l’on entend parfois en entreprise, moins à l’école. » Pierre dit très simplement que d’avoir un supérieur hiérarchique homme ou femme fait autant de différence que « d’avoir un supérieur jeune ou plus âgé. » Au cours de ses stages Angélique a eu le sentiment « que cela pose moins de problème à une femme d’être sous la direction d’un homme que l’inverse. Là encore, il y a probablement une part d’inconscient. Je serait favorable à un management interculturel appliqué aux différences comportementales entre femmes et hommes. Car nous avons un rapport à l’emploi et une manière de réagir à certaines situations professionnelles différentes. Il ne faut pas vouloir faire de l’égalitarisme à tout prix, mais plutôt comprendre les différences.
A. D-F