le grand entretien
« Audencia s’est donné pour ambition de tracer un chemin nouveau. C’est ce que nous faisons avec l’Ecole Centrale. Une fois encore, Audencia entend bien montrer la voie. »
Frank Vidal, Directeur général d’Audencia Group
En quoi les valeurs d’Audencia sont-elles en phase avec le monde du 21e siècle ?
L’innovation, la coopération et la responsabilité constituent les trois valeurs d’Audencia. Elles ont été définies il y a deux ans par les administrateurs et les collaborateurs du groupe afin qu’elles guident nos actions. L’introduction de nouvelles façons de faire et une réflexion permanente nous conduisent à modifier et à améliorer en continu le fonctionnement et la pédagogie de notre école qui doit se trouver en phase avec le monde contemporain. En effet, pour améliorer la situation économique et sociale de notre pays, comme pour être acteur des bouleversements et des opportunités du monde d’aujourd’hui, nous devons former des jeunes qui soient des ferments d’innovation. Nous transmettons ce qui nous vient du passé, tout en y introduisant ce qu’il y a de plus neuf. La coopération constitue notre deuxième valeur car nous ne faisons rien en solitaire, notre école étant constituée au départ de trois écoles indépendantes. Notre alliance structurante avec Centrale Nantes se double d’une coopération avec d’autres établissements. Il nous appartient de densifier nos partenariats avec une multitude d’acteurs, tout en conservant notre identité. Enfin, la responsabilité globale constitue notre troisième valeur.
Que recouvre ce concept de « responsabilité globale » ?
Nous pensons que la responsabilité économique d’un manager qui consiste à atteindre les objectifs financiers donnés en dégageant des bénéfices pour investir et se développer, doit se doubler d’une responsabilité sociétale et environnementale. Les cadres dirigeants sont responsables de la communauté des salariés de l’entreprise, des clients, des fournisseurs, de la ville et de la région. Travaillant dans des ensembles écologiques fragiles et perturbés, environnement. Nos élèves ne doivent pas se focaliser sur une de ces trois responsabilités au détriment de l’autre.
La géographie et l’histoire de votre territoire d’implantation ont-elles une incidence sur votre vision stratégique ?
Elle est très forte. Etant situés dans une région qui comprend peu d’écoles de management, le fait d’être l’école de référence du grand ouest, nous donne quelques obligations. Créée par la ville de Nantes il y a 110 ans, notre école constitue un outil qui s’appuie et sert le territoire. La mission que nous confie les gouvernants locaux qui sont partie-prenantes du fonctionnement d’Audencia, consiste à attirer de très bon étudiants français et internationaux en illustrant Nantes et sa région dans le concert mondial des écoles de management. Cet attachement à la région nantaise ne nous enferme pas dans le territoire mais nous porte vers l’extérieur. De plus, nous avons la chance d’être dans une ville attractive que Jean-Marc Ayrault a profondément transformée. Elle bénéficie d’une forte démographie humaine et d’entreprises très dynamiques. Nous revendiquons cet ancrage territorial car c’est une terre d’entrepreneurs, qu’il s’agisse d’entreprises internationales, de PME ou d’ETI régionales.
Quel est l’intérêt pour Audencia de développer des formations courtes et sur-mesure ?
Aujourd’hui, la formation continue se développe fortement car les organisations doivent adapter leurs compétences qui évoluent très vite. Toutefois, les managers et dirigeants disposent de moins en moins de temps pour suivre ces formations. Notre expertise qui porte sur la résolution de cette problématique, utilise les ILS « Innovating Learning Solutions ». Ces formations adaptées ne visent pas à l’acquisition de compétences en tant que telles, mais portent sur l’impact que ces expertises nouvelles vont avoir sur le business des managers. A l’international, l’école Centrale et Audencia travaillent par exemple dans les domaines de l’ingénierie et du management avec de grands groupes russes de l’énergie, de la construction navale et de l’aéronautique. Nous leur vendons l’expertise additionnée des deux écoles mais aussi la force industrielle et le savoir-faire des entreprises de notre territoire. En effet, les Russes reconnaissent les institutions académiques et la richesse économique de notre région dans laquelle on trouve de grandes entreprises industrielles comme Airbus ou DCNS, par exemple.
Pourquoi avoir implanté un nouveau campus à Paris ?
Situé dans la Tour Montparnasse, ce campus héberge de la formation continue, des masters spécialisés part-time, notamment dans le management du sport, ainsi que la maison des diplômés « Audencia Alumni ». Il s’agit donc pour nous d’accompagner la croissance de nos activités et d’améliorer le service rendu à nos diplômés. Nous avons par ailleurs lancé des chantiers immobiliers importants à Nantes et en 2014, nous allons également créer un campus à l’international sur un modèle particulier qui associera nos écoles partenaires.
Vos relations avec les entreprises intègrent-elles la notion d’entrepreneuriat ?
Dans notre Conseil d’administration, on trouve une majorité d’entrepreneurs issus d’entreprises de toutes tailles, un grand nombre ayant créé eux-mêmes leurs entreprises. Si tous nos élèves sont sensibilisés à l’entrepreneuriat, il existe aussi des majeures « entrepreneuriat » dans le programme grande école. L’incubateur Symbiose que nous partageons avec l’école Centrale, constitue une vitrine de notre savoir-faire entrepreneurial. Enfin, la fondation Audencia se positionne en grande partie sur le thème de l’entrepreneuriat. Les managers de haut niveau que nous formons sont également préparés à l’intrepreneuriat.
L’international constitue-t-il une priorité plus importante que la recherche ?
C’est désormais la même chose car notre école est totalement internationale en termes de programmes de recherche, de recrutement ou d’échange de professeurs ou d’élèves. Audencia a été pionnière dans l’envoie d’étudiants à l’étranger, ce qui représente cette année 850 étudiants, le semestre académique à l’international étant obligatoire. Notre recherche s’effectue largement dans une optique internationale, notamment avec la création d’une faculté internationale affiliée dédiée à la recherche où se retrouvent des chercheurs réputés qui travaillent avec nos équipes de professeurs. Il s’agit d’un atout majeur pour la formation doctorale sur laquelle nous avons mis l’accent ces deux dernières années. Nous allons prendre d’autres initiatives dans ce cadre. Enfin, nous associons les élèves aux parcours de recherche des enseignants.
Quels sont les deux axes stratégiques majeurs que vous envisagez de mettre en oeuvre pour l’année 2014 ?
L’innovation bénéficiera d’une allocation forte de ressources pour développer des projets concernant notre Institut de l’Innovation qui associe la double expertise Centrale/Audencia. Notre second objectif consiste à attirer 50 % d’étudiants étrangers à l’horizon 2025.
FOCUS
Nous ouvrons un master original, spécialisé en « Finances, Risques et Contrôles »,
qui intègre ces trois dimensions souvent dissociées. De fait, nous avons renforcé nos équipes
de recherche et d’enseignants dans ce domaine qui devient l’un des points forts d’Audencia.
Comment la loi Fioraso va-t-elle affecter Audencia ?
La difficulté de la loi Fioraso serait d’y rentrer en raisonnant en termes de structures et non de projets. Nous allons réfléchir entre les grands acteurs de l’enseignement supérieur de la région pour mettre en oeuvre un projet. En effet, en même temps que se dessine l’alliance des trois universités nantaises dans le cadre d’une Communauté d’universités, nous mettons en oeuvre l’association d’Audencia et de l’école Centrale afin que ces deux ensembles coopèrent de façon étroite dans de multiples domaines. D’ailleurs, les nouveaux IDEX nous donneront l’occasion d’appréhender nos partenariats sous cette forme.
Patrick Simon