Les brebis égarées des classes littéraires

Tenter une école de commerce en venant de khâgne ? Jamais ! Tout professeur de classe littéraire digne de ce nom vous dissuadera vivement ne serait-ce que d’envisager un tel sacrilège. Mais certaines âmes irrécupérables s’éloignent plus volontiers du droit chemin que d’autres… Témoignage de Claire et Ida, deux brebis hypokhâgneuses égarées qui ont finalement opté pour l’école de commerce.

Après trois années de classe littéraire, Claire voyait l’école de commerce comme une occasion pour entreprendre d’avantage, notamment à travers la vie associative. « J’hésitais entre la recherche pure et l’envie d’agir, explique-t-elle. C’est ce désir d’être plus dans l’action qui m’a finalement attirée vers une école de commerce. » C’est dans la vie associative de ESCP Europe que Claire a en effet trouvé le plus d’intérêt, notamment à travers une association organisant des conférences politiques dont elle a pris la présidence. Claire reconnaît ne pas être attirée par les métiers « classiques » auxquels mène traditionnellement une école de commerce. Elle pense plutôt s’orienter vers le journalisme, via les multiples passerelles qu’offrent souvent les grandes écoles.
La démarche d’Ida est un peu différente : « Je suis entrée en école de commerce complètement par hasard, confie-t-elle. Je ne voulais même pas passer les concours, je ne me sentais pas du tout attirée par cette voie. C’est ma mère qui m’a poussée à m’inscrire, pour avoir une autre porte de sortie si jamais je changeais d’avis. J’ai finalement été admise dans une grande école parisienne, mais je n’y suis entrée qu’au bout d’un an : avant, j’ai voulu prendre une année pour réfléchir en faisant des stages, et je me suis finalement dit que je ne connaissais pas vraiment ce à quoi une école de commerce pouvait mener. Je suis donc entrée en école, un an après mes résultats d’admission. » Aujourd’hui, Ida est satisfaite de sa première année en école : les cours de finance et de marketing, très terre à terre par rapport aux enseignements traditionnels de khâgne, l’ont certes un peu déroutée. « Mais grâce à une association étudiante d’entreprenariat social, j’ai découvert un métier susceptible de me plaire, et auquel mon diplôme pourra me mener. »
Que faut-il retenir ? Qu’il n’y a, en fin decompte, aucun « profil type » pour suivre ce genre d’orientation. Le monde de l’entreprise est souvent un univers inconnu, sur lequel planent beaucoup de préjugés. Quel que soit son degré d’hésitation du moment, peut-être vaut-il mieux passer les concours, conseille finalement Claire : ne serait-ce que pour avoir soi-même la possibilité de choisir par la suite entre la fac et une grande école…

 

Alizée Gau