A l’heure des débats les plus animés sur la parité et l’égalité dans toutes les sphères sociales, du Gouvernement à l’entreprise en passant par l’éducation, il est vrai que cette question revêt toute sa légitimité. Pourquoi se réunir entre femmes alors qu’on se bat pour la mixité ?
Pour susciter des vocations
Alors que les filles représentent 50 % des Bac S, seul un quart d’entre elles se dirige vers les prépas. C’est pourquoi les associations de femmes ingénieures multiplient les actions auprès des collégiennes et lycéennes. Car pour beaucoup de professionnelles, ce phénomène est lié aux difficultés éprouvées à se projeter dans le métier d’ingénieur. « elles manquent de représentations et ne savent pas vraiment ce qui fait son quotidien : ce qu’il faudrait c’est une Ally Mc Beal ingénieure ! » note Nelly Rouyres, Trésorière de l’association Pasc@line. Aline Aubertin, Présidente de Femmes Ingénieurs ajoute, « je suis engagée sur ces problématiques depuis que je suis diplômée car j’ai toujours eu volonté de promouvoir ce rôle du modèle dont je n’ai pas forcément toujours pu bénéficier ». Il s’agit aussi de les pousser à oser faire le pari de l’entrepreneuriat. Ainsi le réseau Entreprendre est-il en passe de créer un groupe de femmes. Nathalie Navarro, diplômée de Grenoble EM et partie prenante aux réflexions menées en ce sens insiste, « il faut les encourager à porter des projets et les intéresser à d’autres modèles comme la PME, une structure dont la culture de la mixité leur permet de tirer leur épingle du jeu. »
Pour démultiplier l’effet réseau
Les groupes d’alumnis au féminin sont également très actifs et profitent de leur posture pour amplifier cet effet réseau, aujourd’hui indispensable à tout déroulement de carrière. Car si les jeunes filles ont une maitrise des savoir-faire évidente, le faire-savoir n’est pas toujours leur fort, comme en témoigne une étude menée par Annick Beaufumé, adhérente à Grenoble INP Au Féminin. Claire-Anne Reix, diplômée de l’Ecole des Mines d’Alès insiste d’ailleurs sur ce point. « l’aspect réseau est fondamental et les femmes ne doivent pas passer à côté. Bien travailler ne suffit pas, il faut aussi le faire savoir. » Et pour cela ces groupes s’appuient sur l’énergie des communautés d’anciens. Ainsi, pour Patricia Boueme, Présidente de l’Association Arts et Métiers au Féminin, « tous les membres de l’Association sont liés par un ensemble de valeurs de solidarité et d’humanisme. Notre groupe s’intègre dans l’ambition des Alumnis de développer les liens intergénérationnels entre Gadz’arts ».
Pour booster des secteurs en plein essor
Dans certaines filières en demande constante de nouveaux talents, les associations de femmes ont aussi un rôle crucial à jouer. A ce titre, le secteur du numérique fait figure d’exemple. Yves Poilane, Président de l’association Pasc@line l’explique. « de nouveaux métiers apparaissent au carrefour du développement et des usages. En sortant du ghetto technique, on attire plus de jeunes filles vers un secteur qui transforme résolument la société ».
Pour faire performer les entreprises
Au-delà même des questions d’inégalités qui ont pu motiver leur création, les associations de femmes ont vocation aujourd’hui, à faire progresser la compétitivité des entreprises. Comme le note Isabelle Sthémer, Co-Déléguée du groupe ESCP Europe Au Féminin, « si à l’origine notre groupe avait pour but de rassembler l’ensemble des diplômées dans un réseau centré autour des questions relatives aux carrières au féminin, il se focalise aujourd’hui sur des problématiques plus intégrées et stratégiques pour les entreprises comme l’apport des réseaux de femmes dans le monde professionnel. » Marie-Claude Ponchon, Responsable du groupe Grenoble INP Au Féminin ajoute « je me vois comme une ancienne jeune diplômée, une professionnelle et une citoyenne qui cherche bien sûr à promouvoir l’image de son école, mais surtout à faire en sorte que son pays et ses entreprises bénéficient de tous les talents, masculins et féminins, sans aucune discrimination négative ou positive. »
CW.